merci madmoizelle de parler de cette maladie
j'en suis moi même atteinte, j'ai commencé à en souffrir vers l'âge de 12 ans (j'ai eu mes règles a 9 ans et demi)
jen ai maintenant 26
et à l'époque personne n'en parlait, la première réaction du médecin à été de me dire " cest normal tu as tes règles et ça fait mal"
sauf que moi quand j'avais mes règles il m'arrivait de m'évanouir de douleur, de perdre tellement de sang que je devais rester assise longtemps sur les toilettes
j'ai commencé ensuite a avoir mal même en dehors de mes règles, c'est vite devenu un enfer, et au collège pas de compassion , mes copines me disaient qu'elles aussi avait mal au ventre pendant leurs règles, les autres pensaient que ça m'arrangeait bien de louper les contrôles etc...j'ai beaucoup maigris, j'étais épuisée, au collège j'ai perdu toutes mes copines (parce qu'avoir une amie tout le temps malade cest pas fun, en plus" on sait pas trop ce qu'elle a" ..)
du côté des médecins ils ont commencé à sortir que j'avais une phobie scolaire,
l'un d'entre eux m'a même fait passé quelques jours avec des adolescents malades psychiatriques à l'hopital, où l'infirmière me disait " tu sais si tu penses que tu as mal au ventre forcément tu auras mal au ventre"
pas du tout traumatisant
je commencais même à me dire que cétait peut être dans ma tête
j'ai été opéré de l'appendicite en urgence ( là les médecins ont vu que j'avais de l'endométriose mais ont OUBLIE de le dire)
heureusement mes parents ont bien vu que jétais très mal et que je souffrais énormément , ils ont donc cherché un gynécologue compétent
je me souviendrai toujours de ce jour, j'étais épuisée, physiquement mais aussi moralement d'entendre dire " non on trouve rien, ça doit être psychologique" que j'avais même pas envie d'écouter ce qu'il avait a me dire
puis il m'a dit au bout de quelques minutes " je pense savoir ce que tu as, je dois ouvrir pour regarder l'intérieur de ton ventre et ensuite je pourrai te donner un diagnostique"
je m'en fichais qu'il m'opère, m'ouvre le ventre, je voulais juste qu'il me dise ce qui me faisait souffrir
lorsque je me suis réveillée de l'opération il m'a dit que je souffrait d'endométriose, qu'il m'avait retiré un kyste, et que j'en avais d'autres sur le péritoine ce qui fait énormément souffrir, ainsi que derrière l'utérus
la bonne nouvelle est que cela ne m'empêchera pas d'avoir des enfants
la mauvaise est que sur le péritoine ils ne peuvent pas les enlever, et ça fait partie des douleurs les plus difficiles à supporter
même si le doc m'a annoncé ça j'avais envie de lui sauter dans les bras car il avait trouvé pourquoi j'avais mal et prouvé que je n'étais pas cinglée !!!
ensuite j'ai été redirigée vers un des meilleurs doc spécialistes de l'endométriose, qui a été vraiment génial, il m'a fait suivre des traitements pas toujours facile à supporter, mais qui m'ont empêché de trop souffrir
maintenant je suis sous pilule en continue car je ne dois pas avoir mes règles (je les ai une fois par an pour voir si tout fonctionne bien)
les traitements ne sont pas faciles à supporter, les opérations cest jamais drôle, et même si la douleur est moins forte, il m'arrive d'avoir des crises atroces ou je suis obligée de prendre de la morphine ( je repense toujours aux docs qui ado me donnait du spasfon ...)
le reste du temps, je m'adapte, je connais mon corps, je connais mes limites, je suis d'une nature assez optimiste, battante, je me dis que dès que je vais "bien" je dois profiter de la vie et ne pas laisser la maladie me pourrir tous mes moments
alors forcément la douleur est toujours là, bien encrée , profondément, je suis plus fatiguée que la plupart des gens , j'ai des complications au niveau du dos, des os, à cause de la maladie, je ne peux pas marcher longtemps, je ne ferai jamais de marathon
je ne peux plus bosser à plein temps
mais j'essaye de positiver, il n'y a pas le choix
je pense qu'en vieillissant cest plus facile d'avoir du recul, plus facile d'en parler avec sa famille son petit ami ses amies
je n'en parle quasiment pas autour de moi, mais ils sont au courant, ils savent que si je demande à m'assoir cest que j'en ai vraiment besoin, si je dis que je vais me coucher plus tot cest que je suis trop épuisée etc.. tout ça a cause de la maladie
alors ce qui est dur cest que les gens ont toujours tendance à comparer, même en vieillissant j'entends toujours " ah ouai moi aussi j'ai mal au ventre"
il y a une grande différence entre souffrir et avoir mal
comme je dis toujours (ça peut choquer, mais cest vraiment ce que je pense) lorsque j'ai une crise je préfererai que ma propre mère, ou un enfant ai mal à ma place
et pourtant je ne suis pas du tout comme ça dans la vie de tous les jours, je préfere me casser le bras à leur place
mais pendant les crises cest autre chose
bref je vais finir sur une note positive pour pas faire flipper tout le monde, certes l'endométriose m'a gâché mon adolescence et me rend la vie beaucoup plus difficile mais elle m'a permit aussi de me battre et de me rendre compte que je peux être quelqu'un de fort
j'ai réalisé des rêves que je n'aurai jamais réalisé sans cette maladie, car j'essaye toujours de me créer des souvenirs autres que ceux liés à l'endo
je relativise beaucoup plus par rapport aux difficultés de la vie, j'ai plus de recul sur certaines choses
et je suis encore plus fier de ce que je réalise (travail , vie privée etc..)
alors bon courage aux autres demoiselles atteintes d'endo, pour celles qui doutent allez vite voir un bon gynéco
et les autres même si parfois vous avez mal au ventre, même si les règles cest chiant (oui oui je sais que cest chiant même sans l'endo) bon courage aussi et profitez de la vie !!!
bisous