J'ai adoré Tricia, et sa mort m'a foutu les boules...
Je voudrais revenir sur ce que vous dites à son sujet, monsieur Jack Parker, auteur de l'article...
D'abord je lis : "c’est extrêmement éloigné de notre culture européenne, associé à des choses que nous ne connaissons pas". Ce n'est pas parce que ce sont des choses que vous ne connaissez pas que c'est pour autant éloigné de notre culture européenne ! Des gens comme Tricia, j'en connais tout plein, et sans doute mon penchant pour elle tient en partie au fait qu'elle me ressemble, ou du moins qu'elle ressemble à ma vie comme elle était il y a une dizaine d'années. Et oui ! Et je suis tout ce qu'il y a d'Européenne.
Ensuite, j'ai fortement tiqué sur "Tricia est une petite raclure de bidet sur pattes", et je dois avouer que ça m'a même énervée, et que c'est pour répondre à ça que je me suis inscrite ici ! Sur Madmoizelle, on est féministes, et c'est très bien, féministe je le suis aussi. Mais je consacre une part de ma lutte contre d'autres oppressions, parfois moins connues, dont l'une d'elles est la toxicophobie : les discriminations, le rejet et la haine à l'égard des usagers de drogues. Rien ne vous autorise à traiter ce personnage de "raclure de bidet" ! Tricia n'a jamais fait de mal à personne (hormis à elle-même), la pauvreté l'a poussée à voler mais elle s'est promis de tout rendre et a commencé à le faire (c'est même ça qui l'a conduite en prison). Elle n'est ni perverse, ni mesquine, ni agressive, rien qui vous donne le droit de l'insulter. Personne n'oserait traiter une anorexique ou un suicidaire de "raclure de bidet" pour le mal qu'elle ou il se fait à elle-même/lui-même, mais dans le cas des UD (usagers/ères de drogues), on se le permet encore, et permettez-moi de vous le dire : c'est blessant, usant et triste. D'autant que ce constant rejet social alimente le mal-être des UD, mal-être que l'on soigne... en consommant. Ce ne sont pas tant les UD qui s'isole socialement, mais leur entourage ; on se retrouve viré-e-s de notre travail, de notre famille, de notre cercle d'ami-e-s, à cause de préjugés, tandis que les plaquettes d'informations sur les drogues continuent de faire passer cet isolement social comme étant de notre seul fait...
À moins que "raclure de bidet" s'adresse non à l'usagère de drogue mais à la femme sans-abri et si pauvre que réduite à voler pour survivre. Dans ce cas, l'oppression n'est plus de la toxicophobie mais du racisme de classe, et ce n'est pas mieux.
Mais sans doute est-ce un mélange des deux...