Les maladies mentales, un sujet tragiquement tabou aux États-Unis

18 Avril 2012
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(Je vais les donner les chiffres. Ils datent de 2012, viennent de la page wikipédia des soins psychiatriques sans consentement, et sont sourcés : )

"L'hospitalisation sans consentement concerne en France environ 97,55 personnes pour 100 000 habitants, soit un peu moins de 0,1 % de la population. En 2011, la seule hospitalisation à la demande d'un tiers concernait en effet 63 345 personnes43, pour 14 577 hospitalisations d'office (SPDRE)44, dont certaines concernent les mêmes patients. En 2012, elles étaient 52 528 pour 13 361 hospitalisations d'office45.
Ces 63 345 patients ont fait l'objet durant la même année 2011 de 65 621 hospitalisations à la demande d'un tiers46, certains patients l'ayant été plus d'une fois. Ce chiffre est à mettre en regard du nombre total de mise sous écrous pour la même période, 84 84347, dont 39 674 pour purger une peine, les autres, qui peuvent concerner les mêmes individus, intervenant dans le cadre d'une procédure en cours, c'est-à-dire que quand un individu est emprisonné, un autre est quasi simultanément hospitalisé sans consentement48, la même personne passant éventuellement, parfois à des années de distance, par les deux étapes."
"
"Le patient admis est placé en observation pendant une durée qui ne peut excéder 72 h (période d'observation et de soins). Un examen somatique doit obligatoirement avoir lieu dans les 24 heures. Cet examen somatique, qui ne prête pas obligatoirement lieu à la rédaction d'un certificat médical, doit être tracé au dossier des actes médicaux et administratifs du patient. Un certificat médical est rédigé dans les 24 heures qui constate les troubles mentaux, ainsi qu'à l'issue des 72 heures, en conclusion de la mise en observation.

À la fin de cette période d'observation, soit la mesure de SPDT est levée, soit elle continue sous la forme d'un programme de soins, qui peut se dérouler entièrement en ambulatoire, ou qui peut inclure des séquences d'hospitalisations à temps partiel, soit la mesure de SPDT continue sous la forme d'une hospitalisation sans consentement à temps complet, équivalente à l'ancienne HDT sans sortie d'essai."
  • au Portugal six hospitalisations sans consentement pour 100 000 habitants, soit 3,2 % des hospitalisations psychiatriques ;
  • en France 11 hospitalisations sans consentement pour 100 000 habitants, ce qui représente 12,5 % des hospitalisations psychiatriques (ou environ 100 HSC pour 100 000 habitants d'après Bernardet et Barbato, pour qui Salize a commis une erreur de calcul) ;
  • en Finlande 218 hospitalisations sans consentement pour 100 000 habitants, ce qui représente 21,6 % des hospitalisations psychiatriques ;
  • en Suède ce taux d'hospitalisation sans consentement atteint 30 % des hospitalisations psychiatriques."
Maintenant, ce qu'on ne sait pas avec ces chiffres, c'est combien de personnes nécessitaient ces hospitalisations (surement beaucoup, cf le manque de place en HP, et le fait que la plupart du temps c'est lorsqu'un membre de la famille assiste à une crise), ni le temps de ces hospitalisations.
 

Gast

Une sorcière comme les autres
6 Octobre 2015
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@Lunafey Oui, pour des "maladies invisibles" effectivement ça ne me met effectivement pas très à l'aise, et justement je trouve ça dangereux parce que c'est invisible et que c'est donc plus simple de mettre n'importe quel mot dessus et ça aide à faire perdurer des préjugés de dingue je trouve, ça participe au fait que les troubles soient mal vus ou incompris. Selon moi, hein.

De plus, je suis dans de nombreux groupes FB de personnes ayant des troubles psy, j'ai une idée plus que claire de comment sont perçus les termes médicaux. J'ai l'impression que c'est en majorité les personnes valides et sans pathologies qui ont du mal avec les termes "maladies" "troubles" "normal", comme si ça les gênait d'entendre ces termes - et surtout d'admettre qu'ils puissent êtres utilisés par et pour des proches-.

Je ne sais pas si c'est en majorité des personnes valides (peut-être, hein) et sans pathologie qui ont du mal avec ces termes. Y'a aussi beaucoup de blancs qui prônent l'anti-racisme alors qu'ielles ne sont pas concernés directement par cette oppression et c'est valable pour plein de "luttes" différentes. Et peut-être que tu as raison et qu'effectivement pour une raison obscure ça gêne les gens d'entendre ces mots utilisés par et pour des proches, même si je ne comprend pas bien pourquoi ça viendrait de nulle part.

Et je ne sais pas combien de personnes sont concernées en France par l'enfermement abusif, mais j'en connais déjà bien trop et ça me suffit pour me méfier et vouloir visibiliser ces situations.
Alors peut-être que les chiffres sont meilleurs depuis quelques années, et je trouve ça vraiment super si c'est le cas, mais ça ne veut pas dire que ça n'existe plus, et je trouve ça important de ne pas oublier que oui, ça existe.
Et moi aussi j'ai étudié la psycho, et me suis renseignée dans ma vie personnelle sur les pathologies, le milieu psy etc, c'est pas pour autant que je ne peux pas être critique de certains trucs, c'est même plutôt l'inverse.
 
25 Juin 2014
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Cela me pose clairement problème d'appeler les troubles des "maladies mentales", je ne reconnais pas la légitimité de ce terme, au même titre que je ne reconnais pas la légitimité de l'emploi du mot "folie", pour moi ça ne veut strictement rien dire, ça sert seulement à mettre les gens dans des cases, et à les définir comme anormaux-anormales
Ce passage m'a fait tiqué aussi, désolée.
Oui, ce sont des maladies, par définition. Je suis malade mentale et je n'en ai pas honte, je ne pense pas non plus être mise dans une case par opposition aux gens "sains" (entre guillemets, bien sûr).
Et comme l'a dit @Lunafey savoir que ce qu'on a est bien une maladie peut faire beaucoup de bien. Pendant des années j'ai souffert de ma maladie sans savoir ce qu'elle était, personne ne me le disait... Je pensais juste être une gamine qui s'invente des problèmes (puisque j'étais la seule à les voir la plupart du temps), une fille complètement idiote et dérangée du bocal par sa seule et unique faute. Jusqu'à il y a quelques mois... Où j'ai rencontré les thérapeutes qu'il me fallait et qui ont su me dire que ce que j'avais, je ne l'inventais pas, que j'étais bien malade. Ce fût un énorme soulagement!
Alors, oui, Gast, je comprend ton point de vue. C'est vrai que du coup j'ai été mise dans une "case", que j'ai un dossier à l'hôpital psychiatrique à mon nom où est écrit le nom de mon trouble. C'est vrai que cette case a changé des choses, qu'on m'a mise sous traitements (à ma demande, je craquais complètement)... Mais, même si je me passerai bien de mon trouble, avoir pu être "rangée dans une case" m'a permise d'avoir un suivi adapté avec une psychiatre experte dans ma maladie, ça m'a permis de me renseigner sur la maladie pour la comprendre.
Ma maladie ne me définie pas. Je sais que je suis malade, c'est un fait, je suis un Jack Nicholson qui se rend régulièrement dans un nid de coucou (=HP). Mais je ne suis pas que mon trouble: je suis une personne à part entière, comme tout le monde, avec mes joies, mes peines, mes passions... A la différence qu'il y a un déséquilibre dans une partie de mon cerveau.

Je ne sais pas si je m'exprime bien. Pour faire bref: oui, on met les gens dans des cases dès qu'on les diagnostique. Mais ces cases permettent de trouver les traitements correspondants si besoin (on ne va pas donner les mêmes médicaments pour plusieurs troubles mentaux), de trouver de l'aide, de l'écoute auprès de personnels compétents (quand c'est possible, hélas...), de se renseigner.
Il ne faut pas avoir peur ou honte de la "maladie mentale". Même si le mot fait peur ce n'est jamais qu'un mot. :fleur:
 
18 Avril 2012
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Je ne dis pas que tu peux pas être critique @Gast , je répondais au fait que tu partais du principe que j'étais mal renseignée ;)

Justement, je pense que c'est parce que sous le terme "maladie mentale" ou "trouble mental" (j'ai beau chercher, même en anglais les deux termes sont interchangeables, même si certain.es auteur.es tentent de les différencier, mais personne n'est d'accord dessus) on a cet espèce d'inconscient collectif autour de la figure du "psychopathe" de cinéma, ou du "fou" qui se balance d'avant en arrière toute sa vie.
Donc c'est bien la société qui a perverti le sens du mot "malade mental", ce n'est pas le terme en lui-même qui est mauvais, il est juste et non péjoratif, autant que pour une maladie "visible". Donc je pense sincèrement que pour lutter contre la mauvaise image et le tabou des maladies mentales, il faut dédiaboliser ce terme. Voir de la même manière un malade "physique" qu'un malade "psychique". Parce qu'au final, c'est pareil.
Les deux n'y peuvent rien, les deux sont handicapés par ça dans leur vie, les deux peuvent avoir un traitement (peu importe la sorte).

Je comprends tout à fait que tu sois en colère de par ta connaissance de personnes qui ont étés victimes d'abus en centre. J'en connais un également. C'est une cause qu'il faut dénoncer, bien-sûr, mais ne doit pas être confondue avec le rôle nécessaire du domaine psy, ni avec le mot "malade" qui est au contraire une manière de lutter contre la stigmatisation des troubles psy : "c'est dans ta tête", "fais un effort", "bouges-toi", "fais du yoga t'iras mieux", "tu t'invente des problèmes"... Le mot "malade" ça permet justement de dire "non, c'est pas ma faute, oui je suis malade : je souffre d'un problème qui me bouffe la vie et guérir est plus facile à dire qu'à faire".
Là où je nuancerais mon propos, c'est dans les troubles de la personnalité et certains troubles autistiques : peut-on parler de maladie dans le cadre de symptômes qui ne guérissent pas ? Et des symptômes qui sont parfois très bien acceptés par la personne ?
Je n'ai pas la réponse, et pour reprendre ton parallèle avec l'antiracisme des blanc.hes (à la différence que si en terme de vécu c'est aux malades de parler, en terme de connaissance technique c'est au psy de le faire), je pense que c'est aux personnes concernées de décider de comment elles veulent s'appeler (et il y aura surement des divergences) :)
Pour ma part, je ne considère pas que mon trouble de la personnalité borderline soit une maladie, parce que je vis très bien avec. Mais je sais qu'on peut le considérer comme tel, si un psy me dit "c'est une maladie", je pense que je lui répondrais "techniquement oui, mais je préfererais qu'on ne l'appelle pas comme ça entre nous". Par contre, je considère que mon stress-post-trauma est une maladie, parce que ça m'handicape au quotidien et que j'en souffre chaque minute, je ne souhaites que guérir.
Donc je dirais que les termes médicaux "troubles" et "maladies" sont objectivement justes, mais qu'il faut respecter la dénomination de la personne concernée :)
 
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Gast

Une sorcière comme les autres
6 Octobre 2015
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@Xylo'
Ah, je trouve ça trop bien que tu utilises le mot "sain"! Justement j'ai hyper souvent le sentiment que ces mots sont utilisés par opposition au mot "sain", c'est exactement ce que je ressens par moment. Enfin, ça ne me fait pas tiquer dès qu'une personne emploi le mot "maladie", mais effectivement, à plein de moment il est employé avec comme un sous-entendu qui me dérange beaucoup.
Mais je ne suis pas anti-psy, anti-traitement, anti-whatever, moi aussi j'ai été soulagée à plein de moment dans ma vie de capter mes fonctionnements, la nature de mes troubles, et d'avoir un traitement pour m'aider à les gérer. Je capte complètement ce sentiment de soulagement.
Et encore une fois, parce que j'ai l'impression que ça a été mal compris, je ne suis pas contre la recherche sur les symptomes, troubles etc (au contraire!) et oui c'est super utile et ça me tient à coeur dans la vie, mais je suis critique envers ce que ces mots impliquent pour certaines personnes. Et quand je ne connais pas les personnes qui utilisent ces termes je suis mal à l'aise voire hyper méfiante dans ce que ça peut sous-entendre.

Je crois en revanche que je ne suis pas hyper fan du "ce n'est jamais qu'un mot", ça me renvoit à blindé de trucs pas cool et hyper oppressant. Par exemple il y'a des mots qui à mon sens ne devraient être utilisés que par les personnes concernées par l'oppression du mot en question.
Exemple : se réapproprier les termes de "gouine", "pute", "nègre".

Et non, tu ne t'exprimes pas mal, je trouve ça censé et parlant ce que tu dis ;)
 
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Gast

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on a cet espèce d'inconscient collectif autour de la figure du "psychopathe" de cinéma, ou du "fou" qui se balance d'avant en arrière toute sa vie.
Donc c'est bien la société qui a perverti le sens du mot "malade mental"

@Lunafey Je suis hyper d'accord avec ça, mais dédiaboliser un terme c'est hyper compliqué j'ai l'impression, ça me donne envie de redonner ces exemple de réappropriation de termes par les personnes concernées par des oppressions (pd, salope et autres joyeusetés), y'a des mots qui de base avaient un sens péjoratif mais pas tous, y'en a un bon paquet qui ont simplement été détournés de leur sens premier et deviennent péjoratif ensuite.

Pour le reste je suis complètement d'accord avec toi! Même si effectivement je n'ai pas de réponse à la question de la stratégie à adopter pour lutter contre la stigmatisation des gens, et je ne sais pas si continuer à utiliser des termes pas clairs pour tout le monde dans ce qu'ils impliquent ça peut aider à aller dans ce sens.

Si c'est trop personnel dis-moi (je m'en excuse par avance si c'est le cas), mais pour toi une maladie n'est une maladie que si elle t'handicape dans la vie du coup ? Au niveau de ton ressenti à toi, et de comment du coup tu vas nommer ton trouble comme étant une maladie ou non.
 
5 Décembre 2012
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Alors... par où commencer? J'ai tant à dire...
Je suis moi aussi concernée par le handicap psychique (je trouve que malade mentale renvoie plus a une déficience intellectuelle, je préfère maladie psychique).

Premièrement sur le sujet de l'article aux USA, apparemment là bas aussi ce n'est pas terrible et pourtant de mon avis c'est bien mieux qu'en France (pour moi la France est le pays développé le plus en retard sur le traitement des maladies psy, notamment à cause de l'importance de la théorie psychanalytique:annoyed:) . Régulièrement quand je regarde des séries us je suis agréablement surprise de voir des maladies abordées et plutot bien, sans ridiculiser, ni diaboliser. J'adore NY unité spéciale pour ça, je me dis toujours les gens qui regardent cette série ça doit les faire évoluer dans leur perception de plein de sujets (et ne plus voter républicains) -je l'espère en tout cas:pray: (la prison qui n'est pas une solution, la responsabilité ou pas, les traumatismes, les armes, la sexualité, le flicage (dont cette horreur de pas avoir droit à une seconde chance une fois que t'as un casier même à tort), les a-priori, plein de thèmes tabou dans certains coins des états-unis sont abordés, ca fait réfléchir et se rendre compte que rien n'est jamais tout blanc ou tout noir et plusieurs fois des malades ont été soupçonnés a tort et innocentés et ça dénonçait bien les a priori négatifs dont ils sont victimes); bref je trouve que les pays anglosaxons ont une longueur d'avance (y'a qu'à voir "my mad fat diary":v:) et dans la reconnaissance que les troubles psy sont de vraies maladies, qui mérite de vrais traitements.
 
5 Décembre 2012
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Deuxièmement ma propre expérience, je souffre de TOCs, pendant de longues années je ne savais pas ce que j'avais, j'ai vu plein de psy, de médecins et jamais ils n'ont fait de diagnostic, ils ne posaient pas les bonnes questions car quand j'ai enfin rencontré un specialiste il a trouvé direct. J'allais dans un CMP j'en garde des souvenirs atroces, la psychiatre a grandement contribué à ficher ma vie en l'air. Selon elle je faisais des caprices, j'étais trop proche de ma mère, il fallait nous séparer, et autres conneries dans le genre:slap:. Ma mère était la seule personne à me croire quand je disais que je n'en faisais pas exprès de faire des rituels (j'appelais ça des manies à l'époque), ne m'engueulait pas quand je mettais trop de temps à me préparer, ne me culpabilisait pas quand j'étais en retard pour l'école, elle était mon seul soutien (bon avec le recul elle a aussi trop participé à mes compulsions genre faire à ma place les trucs trop durs pour moi, me rassurer les dizaines de fois que je demandais, compter avec moi,...). Mon père lui écoutait les psys,
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et bien sûr la principale du collège aussi et en plus c'était une connasse notoire:bomb: et comme j'arrivais souvent en retard le matin à cause de mes rituels et de mon angoisse (genre avec 5 minutes de retard) elle m'a carrément interdit d'entrer si je n'étais pas à l'heure, elle m'a en gros virée du collège. Ça fait plus de 15 ans et je n'ai toujours pas repris l'école:tears:, j'étais très (trop?) bonne élève, je faisais mon maximum pour aller à l'école, pour gagner du temps je mangeais un yaourt et me brossais les cheveux dans la voiture, parfois après des efforts surhumains j'arrivais à l'heure et une fois elle m'a dit "bah tu vois quand tu veux!":bomb::slap:, quand j'arrivais en retard (avant qu'elle refuse d'ouvrir le portail) je rasais les murs de peur de la croiser, parfois je n'osais pas entrer dans ma classe et je me cachais dans les couloirs en attendant la sonnerie pour me fondre dans la masse, plus ça allait plus j'étais angoissée, je me souviens les dernières semaines que j'essayais encore d'aller à l'école il m'arrivait de rester dans la voiture sur le parking sans oser descendre:crying:.
En plus les psys du CMP ne me facilitaient pas la tâche (tu m'étonne! ) car elles me fixaient toujours mes rendez-vous pendant les heures de cours donc après avoir eu tant de mal à entrer dans ce foutu collège il me fallait en ressortir en plein milieu d'un cours, prendre un taxi, aller au rdv (pas dans la même ville) et revenir en plein cours aussi (super pour l'intégration sociale et pour suivre le programme :facepalm:). Certaines camarades-vipères se sont plaintent que je perturbais la classe résultat à chaque fois je devais rester en études/perm . Bref j'étais de plus en plus exclue et donc angoissée. Jusqu'à avoir une véritable phobie scolaire. Je n'ai jamais terminé ma 5ème :crying::crying:.

Ensuite la directrice du college n'a rien trouvé de mieux que de prevenir l'inspection académique qui a saisi la justice. Ce fut le début du harcèlement judiciaire, entre rendez-vous chez le juge, leçon de morale et visite d'éducateurs (je les appelle les inspecteurs moi), je me souviens mes parents avaient demandé s'il n'existait pas un moyen que je poursuive ma scolarité à la maison mais ils avaient dit non que l'école est obligatoire (alors que c'est l'instruction qui est obligatoire! ) :dunno::facepalm:, ils n'ont jamais donné le moindre conseil utile, juste renforcé mes angoisses d'être séparée de mes parents, d'être folle, une fois l'éducateur a fait un dessin en disant que ma famille c'était un carré et que moi j'étais à part, que je gravitais on sait pas où, pour l'ado paumée que j'étais ça m'a hyper déstabilisée, une fois il m'a traitée de mort-vivant car j'étais pâle de peau! En fait la plupart de mes obsessions/angoisses viennent de tout ça, en tout cas ça n'a fait que renforcer à mort mes toc. Je vivais dans l'angoisse qu'on me retire à ma famille d'où mes nombreux rituels de comptage avec pensées magiques en même temps où je devais visualiser ma famille (et au moindre dérangement, bruits, je devais tout refaire, donc tyrannie à la maison pour silence absolu). Mes parents ont trouvé seuls le CNED et m'ont inscrite contre l'avis de tous. Idem par hasard à la radio ils ont entendu parler des tocs pour la première fois et on reconnu mes symptômes, de là ils ont contacté l'aftoc et n'étaient plus seuls. On a fait 600km pour rencontrer un pédopsychiatre compétent qui a fait le diagnostic. Ça a mis plusieurs années (lenteur administrative oblige) pour en finir avec la Justice (avec la cour d'appel carrément). Et dire que des fois des enfants maltraités ne sont même pas aidés et nous le système s'est acharné sur des coupables de quoi? D'être malade, d'être les parents d'une enfant malade! :facepalm: :ko: :bomb:
Voilà désolée pour le pavé mais ça faisait longtemps que je voulais raconter l'injustice de tout ça et là je me suis lancée.
Le pire c'est qu'on pourrait penser que depuis 10-15 ans ça a évolué, que les gens sont plus informés (et il y a internet ça aurait aidé ma mère qui a lu tous les bouquins de psy de la bibliothèque de ma ville genre Freud et compagnie sans jamais rien trouver) c'est vrai mais pourtant il y a encore des histoires dramatiques dans le genre et c'est toujours aussi dur de trouver des professionnels de santé compétents.

@KtyKonéko je te conseille l'aftoc www.aftoc.org/ mes parents sont membres, mon père anime un groupe de paroles, aussi bien pour les malades que pour les proches, il y en a dans presque toutes les régions, ça aide aussi à trouver des thérapeutes potables qui pratiquent la thérapie comportementale et cognitive TCC (ce qui malheureusement est si rare en France:mur: pourtant ça peut soigner non seulement les toc et phobies mais aussi quantités d'autres problemes, addictions, anorexie, etc...).
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Merci à toutes :fleur: particulièrement @Xylo' @Lunafey
 
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@Lunafey Je suis hyper d'accord avec ça, mais dédiaboliser un terme c'est hyper compliqué j'ai l'impression, ça me donne envie de redonner ces exemple de réappropriation de termes par les personnes concernées par des oppressions (pd, salope et autres joyeusetés), y'a des mots qui de base avaient un sens péjoratif mais pas tous, y'en a un bon paquet qui ont simplement été détournés de leur sens premier et deviennent péjoratif ensuite.
C'est là que je diverge \o/ pd, salope, gouine, et autres, sont des termes insultants de base. Ils peuvent être réappropriés par les concernés. Mais "malade", tout comme "noir" ou "arabe", est un terme neutre à la base [Je choisis ces termes parce que je ne trouve pas de mot neutre qui soit devenu péjoratif dans les oppressions qui me concernent] . Mais les personnes non-concernées (et par extension des personnes concernées qui ont intégré la perversion des mots) préfèrent dire "différent", tout comme "black" ou "rebeu". Comme si "malade", "noir" ou "arabe" étaient trop crus, trop connotés, comme s'il fallait employer des mots détournés, et surtout ne pas les dire trop fort. Et pourtant, les militant.es anti-racistes disent bien "noir" et "arabe", tout comme les militant.es anti-psychophobes disent "malade", parce que le terme est bel et bien neutre, et qu'il est important de ne pas jouer le jeu des oppressions. C'est dire "oui je suis malade, et alors ? Y a pas de honte à avoir, appelons un chat un chat, pourquoi ça te gêne de m'appeler par mon nom ?".
(Si je dis une connerie niveau antiracisme, dîtes-le moi)
Mais je comprends que ça soit difficile !

Si c'est trop personnel dis-moi (je m'en excuse par avance si c'est le cas), mais pour toi une maladie n'est une maladie que si elle t'handicape dans la vie du coup ? Au niveau de ton ressenti à toi, et de comment du coup tu vas nommer ton trouble comme étant une maladie ou non.
A mon sens (et ça n'engage que moi), oui. Parce qu'il fait tellement partie de moi que je ne peux pas le distinguer de ma personnalité, et que si j'avais le choix je doute que je m'en débarrasserais. Mais je sais que d'un point de vue "terme objectif", c'est bel et bien une maladie. Mais je n'ai pas l'impression d'être malade pour ce trouble en particulier. (Et j'ai conscience que c'est une chance :) )
 
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Réactions : Lumioptéryx
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@Xylo'
Ah, je trouve ça trop bien que tu utilises le mot "sain"! Justement j'ai hyper souvent le sentiment que ces mots sont utilisés par opposition au mot "sain", c'est exactement ce que je ressens par moment. Enfin, ça ne me fait pas tiquer dès qu'une personne emploi le mot "maladie", mais effectivement, à plein de moment il est employé avec comme un sous-entendu qui me dérange beaucoup.
Mais je ne suis pas anti-psy, anti-traitement, anti-whatever, moi aussi j'ai été soulagée à plein de moment dans ma vie de capter mes fonctionnements, la nature de mes troubles, et d'avoir un traitement pour m'aider à les gérer. Je capte complètement ce sentiment de soulagement.
Et encore une fois, parce que j'ai l'impression que ça a été mal compris, je ne suis pas contre la recherche sur les symptomes, troubles etc (au contraire!) et oui c'est super utile et ça me tient à coeur dans la vie, mais je suis critique envers ce que ces mots impliquent pour certaines personnes. Et quand je ne connais pas les personnes qui utilisent ces termes je suis mal à l'aise voire hyper méfiante dans ce que ça peut sous-entendre.

Je crois en revanche que je ne suis pas hyper fan du "ce n'est jamais qu'un mot", ça me renvoit à blindé de trucs pas cool et hyper oppressant. Par exemple il y'a des mots qui à mon sens ne devraient être utilisés que par les personnes concernées par l'oppression du mot en question.
Exemple : se réapproprier les termes de "gouine", "pute", "nègre".

Et non, tu ne t'exprimes pas mal, je trouve ça censé et parlant ce que tu dis ;)
Gast oui, je comprend tout à fait! Dans l'imaginaire collectif, "malade mental" c'est trop souvent péjoratif, stéréotypé... Si on dit "Xylo est malade mentale" tu auras deux catégories de personnes: celles qui pensent que je passe mon temps en HP, sanglée sur un lit façon Millénium pour éviter que je n'assassine quelqu'un à la Orange Mécanique, et les autres qui savent que la maladie mentale (ou psychique) ce n'est pas ça dans la grande majorité des cas.
Je comprend tout à fait ton point de vue. Pendant longtemps j'ai aussi eu honte de dire que j'étais malade, que j'avais un trouble psychiatrique car j'avais justement peur d'être rejeté encore plus, j'avais peur de le dire car, comme toi, ça me renvoyait à beaucoup d'images moches que je savais présentes dans l'inconscient collectif... Ce n'est que depuis très peu de temps (un ou deux mois) que j'arrive à dire et à "assumer" ma maladie. Parce que je veux justement me réapproprier ce mot qui a prit une connotation ultra-péjorative et qui pourtant, devrait être "banal". Alors, maintenant, j'en parle. J'explique aux gens qui me le demandent ce que j'ai, je leur dit que je suis malade, que j'ai un trouble psychique... Et comme ils m'ont en face, souvent au cours d'un apéritif ou d'un repas, ils peuvent voir que je ne suis pas un danger pour eux ou la société.
Je sais que "malade mental" et "trouble psy" sont des mots trop souvent péjoratifs et je le déplore. C'est pour ça j'essaie de me les approprier, d'abord pour m'accepter moi, et peut-être (j'espère) aider les personnes qui n'ont aucun troubles à comprendre que nous ne sommes pas des monstres et que des personnes malades il y en a sûrement plein autour d'eux. J'essaie d'agir à ma petite échelle (en espérant pouvoir mener à bien un projet que j'ai là dessus à terme) pour rendre ce mot et ces troubles moins effrayants pour les personnes qui n'y sont pas ou peu confrontées, pour faire tomber, même juste un tout petit peu, les stéréotypes qui nous entourent :supermad:
 
5 Décembre 2012
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Merci @Xylo' :hugs:Heureusement cette horrible période est derrière moi et je vais beaucoup mieux au niveau symptômes (compulsions, etc...) mais je ne me réintègre dans la société que très progressivement (j'en suis à passer mon code de la route pour l'instant), j'ai repris la danse (ma grande passion et j'aurais aimé mon métier si j'avais pu) il y a 3 ans mais niveau études/profession j'ai encore bien du mal à envisager de reprendre le chemin de l'école (et où? avec qui? quel domaine?:hesite:) et ça m'angoisse beaucoup :erf:.

Quand je pense au temps qui passe, à l'âge que j'ai (28 ans:tears:) ça me déprime et m'angoisse, les autres se marient, font des enfants, ont tous un boulot ou au moins une formation, j'ai l'impression d'être nulle.
J'ai vraiment le sentiment d'avoir 10 ans de moins, les 10 ans que j'ai perdu à cause de l'exclusion dû à ma maladie et surtout à l'incompréhension et l'incompétence du système. D'ailleurs j'ai eu beaucoup de mal au début à voir des photos actuelles de personnes que j'ai connu au collège, quand j'ai revu une amie (la seule avec qui j'étais restée plus ou moins en contact) je me suis dit mais on dirait sa mère, on dirait une adulte :eh:, bah oui le temps a passé et moi j'étais restée cloitrée chez moi pendant tout ce temps; le pire c'est les garçons c'est des hommes maintenant:fear::eek:! lol! J'ai pas eu d'adolescence en fait:sad:.

Gros bisous à toutes:hugs:, merci pour vos big up:fleur: , ça me fait très plaisir, je sais que vous m'avez lu et j'espère comprise :).
 

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