L'homophobie chez les jeunes : il reste des progrès à faire

[Tératogène]

Oui, mais ... De manière générale, si on demande leur avis aux gens - lycéens, retraités, jeunes adultes, whatever - en présentant la question comme quelque chose d'inhabituel et farfelu, on continue de stigmatiser les LGBT ... Non ?
Enfin, je ne sais pas si je m'exprime bien, là  Mais on demande aux gens de réagir et - surtout - d'émettre un jugement sur tout un tas de problématiques qui ne les concernent pas. Est-ce qu'on demande aux gens leur avis sur ceux qui préfèrent passer leurs vacances à la plage plutôt qu'à la montagne ?  C'est un peu pareil, pour moi.

Bon, désolée, je sors d'exam, si c'est confus c'est parce que j'ai le cerveau en bouillie, ne m'en veuillez pas 

 

[amelie4521]

Le problème avec notre société c'est que tout le monde se mêle des affaires des autres alors que ça les regarde pas 

Mon commentaire ne sera pas très constructif... mais je suis 100% d'accord avec cette remarque (et ça s'applique à presque tous les domaines...!).

 

[marmottine]

C'est marrant, je suis prof de français dans un des collèges cités dans le rapport (dans l'Académie de Paris). Certaines remarques, même si elles peuvent paraître extrêmement choquantes (ce qu'elles sont d'ailleurs), je les entends régulièrement : "c'est contre-nature", "c'est pas normal", "c'est le mal". Ces élèves sont une minorité, avec des profils très différents mais l'homophobie est très ancrée chez eux, principalement pour des motifs culturels et religieux. Pourtant, j'ai constaté des améliorations au fil de l'année, les cris de dégout face à l'homosexualité de certains écrivains ont petit à petit diminué face au "bah ouai, bah ils ont le droit hein !"  Tout n'est pas perdu, mais c'est un travail de tous les jours pour expliquer à chaque fois que PD est une insulte, que le terme c'est "homosexuel"... Fatiguant mais quand ils en retiennent quelque chose, j'ai gagné ma journée.

 

[Brifon]

Le jour où la question sera "êtes-vous dérangés par les homophobes" et non "êtes-vous dérangés par les homosexuels", mon dieu on aura fait un graaaaand pas en avant !

Je rejoins à 2000% @Pulsatile là-dessus, à entériner des questions de ce genre, on entretient toute la bile de ces **** d'homophobes, en leur donnant du grain à moudre et en obligeant les pro-tolérance à devoir se justifier, ce qui me met dans une colère pas possible.
Je ne dis pas qu'il faut nier le problème (des homophobes, pas des homosexuels hein), mais rien qu'à lire la question... Ca me fait soupirer

Bon, malgré tout, pour répondre à la question, je n'ai JAMAIS été dérangée par deux homosexuels ensemble, que ce soit un couple d'hommes ou de femmes. Mes parents ne sont ni pro-tolérance, ni homophobes, et je n'ai aucune personne homosexuelle dans ma famille. Pour moi, il a toujours coulé de source de trouver trop mignon un couple qui s'aime. Point.
Je comprends toujours pas comment on peut être dérangé par deux êtres humains qui s'aiment, sincèrement ça me dépasse. Et je pense mourir sans avoir la réponse.

 

[Lyn(oléum)]

Quand j'étais au collège, une fille qui me harcelait n'arrêtait pas de dire que j'allais "finir lesbienne", comme on dirait "tu vas finir dans la rue/au chômage", comme si c'était une déchéance sociale, la pire des insultes.

Je n'ai jamais compris cette "insulte", qui n'en étais pas une pour moi. J'avais toujours tendance à répondre "je sais pas si je suis lesbienne, peut-être qu'un jour, je sortirai avec une fille". J'avais pas beaucoup confiance en moi à l'époque, et je crois que ces paroles sont les seules un peu "hors des sentiers battus" que j'ai jamais prononcé durant ces années complètement nazes.

Je me dis que l'homosexualité, c'est pas un statut défini. Oui, c'est une orientation sexuelle. Certains aiment des garçons, d'autres des filles, d'autres les deux. Pour l'instant, je me sens attirée par les hommes. Mais peut-être qu'un jour, je tomberai follement amoureuse d'une fille. Honnêtement, comment savoir ? Je ne pense pas qu'on soit amoureux/attiré par un sexe forcément. C'est la personne qui intéresse. Enfin, en tout cas, c'est mon avis et je dis pas que c'est une vérité absolue.
Du coup, ça m'a jamais choqué de voir deux hommes ou femmes ensembles.

Mais il y a pleins d'enfants qui, comme cette fille qui me harcelait, ne comprennent pas du tout ça. Ce qui est étrange, c'est que ses parents étaient plutôt ouverts d'esprit, enfin en tout cas en ma présence. Et je pense qu'elle même ne doit pas se rendre compte que ces paroles étaient homophobes. Je crois que c'est presque aussi flippant.

 

[Cloclo522]

Je suis au collège (bientôt en 2nd ) et je suis moi-même homosexuelle. Je n'ai pas tellement eu de réactions négatives de la part de mes amis mais c'est vrai que certaines réflexions envers les homos sont vraiment horribles surtout dans les cours de récrés..

 

[AngelTen Richard II]

Soit je suis blindée à force, soit je suis vraiment fatiguée parce que l'homophobie dans les commentaires du rapport ne m'a fait ni chaud ni froid. Faut dire aussi, dans mon collège, j'en ai tellement entendu de bien belles sur le sujet...

En fait c'est bizarre pour moi, mais autant j'ai été élevée dans la tolérance de tout, autant accepter ma bisexualité ou mon identité queer (oui, moi c'est encore mieux chuis un être quantique qui ne choisit ni genre ni sexe lol) demanda un énorme travail sur moi-même. Peut-être à cause de ce refus de ne pas être normale, ou bien justement toutes les gentilles choses auxquelles j'ai eu droit au collège.

Enfin je trouve ça quand même hallucinant le nombre de familles où on en parle pas DU TOUT quoi. Parce que 'fin, je n'ai pourtant aucun proche LGBT (enfin, si, ma meilleure amie qui m'a dit être bi mais on se voit pas trop donc j'avoue ne pas avoir eu plus que ça de notion on va dire de sa bisexualité). Pourtant mes parents m'en on toujours parlé assez librement (quand on en voit dans des films etc), m'ont expliqué comment deux hommes pouvaient faire crac-crac, ou deux femmes, que tout ça était normal etc.
Alors je comprends pas trop comment on peut ne pas du tout en parler, je veux dire, les personnes se reconnaissant dans les LGBTQAI etc représentent environ 10% de la population, statistiquement des cas comme le mien où on en connaît aucun (à part moi-même, en fait) ça doit être rarissime non ?

 

[Capitaine Janeway]

<< 27% des collégiens et des lycéens sont « mal à l’aise » ou « dégoûtés » devant une personne homosexuelle, selon le rapport d’une association. >> La plupart des collégiens ou lycéens sont aussi mal à l'aise ou dégoûtés lorsqu'on leur parle de sexe, violence, art, littérature, couches-culottes, politique, drogue ou même de leur passé de joueur de gameboy. Je ne pense pas que ça soit une bonne référence. Oui, il y a du progrès à faire mais pas dans ce sens là.

Je trouve certaines comparaisons assez malhonnête dans la mesure où l'homophobie est une oppression assez bien ancrée dans notre culture et que les jeunes l'apprennent assez vite. Je veux dire, même chez certaines personnes qui se déclarent tolérantes ou qui acceptent, il y a des ratés.

Je suis moi-même au collège et je déteste l'homophobie.
Une de mes amies (en qui j'ai énormément confiance et que j'adore depuis longtemps) a toujours aimé/préféré les filles.
En primaire, ça m'avait étonné, je ne savais pas comment réagir, je ne la comprenais pas vraiment, mais ça ne m'empêchait pas de continuer à lui parler.
Et aujourd'hui, ça fait 2 mois qu'elle est en couple avec sa copine. Et quand elle me l'a annoncé j'étais heureuse pour elle.
Je lui parle moins mais ce n'est pas du tout à cause de son homosexualité, je l'accepte comme elle est, c'est son choix, je ne vois pas en quoi l'homosexualité peut gêner une personne.
De plus en plus de personnes sont au courant pour mon amie et sa copine dans mon collège mais je ne crois pas qu'elles subissent des moqueries ou quoi que soit, dans sa classe personne n'a vraiment refusé d'accepter ça, de toute façon ils savaient tous que leurs avis ou jugement n'allaient pas changer ce couple. Certains étaient choqués (il fallait s'y attendre) mais au final ils n'ont pas l'air d'en avoir fait un drame.

Je revois encore mon amie il y a 2 mois, en pleurant parce qu'elle n'assumait pas son homosexualité, et moi à côté pour lui dire que les autres, on s'en fout.

Un jour les gens comprendront qu'ils sont cons, et un jour l'homophobie cessera, j'espère que ce sera pas dans trop longtemps non plus

Mais vous voyez, mon amie et sa copine ne souffrent pas, comme quoi il faut pas perdre espoir!

A toutes les personnes homosexuelles, assumez vos choix, ceux qui ne les acceptent pas, sachez que ce sont juste des cons

Je ne vais pas revenir sur la notion de choix comme on te l'a déjà signalé, je voulais juste dire que même si ton message part d'une bonne intention, demander aux personnes homosexuelles (entre autres, mais LGBTQIAP en général) de s'assumer car les gens qui n'acceptent pas ne sont que des cons, c'est oublier qu'on est plus à risque de subir du harcèlement, des violences physiques, de se faire mettre à la porte de chez nous et d'autres formes de violence quand on est out.

Donc oui, ça serait idéal si on pouvait tou-te-s être out, mais on a souvent de bonnes raisons d'avoir peur, ça va au-delà de quelques cons. :-)

 

[La_Belette]

Ce n'est pas étonnant que les lycéens/collégiens qui ont du mal avec l'homosexualité soient ceux qui n'en parlent jamais à la maison. C'est encore quelque chose qui reste tabou, malsain même pour beaucoup de gens... Et je trouve ça d'autant plus débile que ces gens-là n'ont pour la plupart jamais connu de personne homosexuelle >_< !
Merci la Manif pour tous d'avoir totalement libéré la parole homophobe...

 

[Tératogène]

Quand j'étais au collège, une fille qui me harcelait n'arrêtait pas de dire que j'allais "finir lesbienne", comme on dirait "tu vas finir dans la rue/au chômage", comme si c'était une déchéance sociale, la pire des insultes.
[...]
Mais il y a pleins d'enfants qui, comme cette fille qui me harcelait, ne comprennent pas du tout ça. Ce qui est étrange, c'est que ses parents étaient plutôt ouverts d'esprit, enfin en tout cas en ma présence. Et je pense qu'elle même ne doit pas se rendre compte que ces paroles étaient homophobes. Je crois que c'est presque aussi flippant.

  Affligeant, la première partie de ton message (la fille, hein !).

Je suis tout à fait d'accord avec toi sur ton dernier point. On s'imagine qu'être homophobe, c'est empêcher physiquement les LGBT de faire quelque chose, par exemple les licencier, les priver de droits tangibles, les agresser physiquement etc. Ce que beaucoup ignorent, c'est que l'homophobie, c'est aussi énormément de violence psychologique, et ça passe par des petites paroles glissées au détour d'une conversation ou un oeillade trop appuyée ... "Je ne suis pas homophobe, mais ..."
Les plus jeunes devraient en être informés, ça rejoint ce que disait @marmottine  avec ses élèves qui ne sont pas conscients que PD est une insulte. Ou que dire à son pote "fais pas ta tapette", c'est déjà être homophobe.

@Capitaine Janeway : J'entends bien ce que tu dis, tu as malheureusement raison. Pourtant je ne peux m'empêcher de penser que si ils continuent à se cacher et à en faire quelque chose de tabou pour eux-mêmes et pour les autres, ça n'avancera jamais. Plus la visibilité augmente, plus ils s'imposeront comme légitimes dans la société. Si on avait continué à penser qu'il fallait absolument le cacher par risque de ce genre de violences, on en serait encore aux années 50, enfin, tu vois où je veux en venir ?
C'est comme pour la culture du viol pour laquelle ce n'est pas aux femmes d'arrêter de porter des jupes pour ne pas se faire agresser, c'est aux homophobes d'arrêter leur comportement. Pas aux LGBT de se terrer, ce serait faire chemin inverse.
Mais je le redis, j'ai bien compris ce que tu as dit

 

[Capitaine Janeway]

@Pulsatile
Je comprends tout à fait ce que tu essaies de dire, mais étant moi-même une bie/fluide de 24 ans qui peine à faire des comings out à cause de plusieurs expériences de rejet et de harcèlement notamment en ligne, j'ai toujours un peu de difficultés avec les injonctions à "s'assumer" ou être out. La visibilité ne passera pas que par nos coming out, car en réalité, les LGBTQIAP les gens en croisent à la pelle sans le savoir (d'ailleurs, vous ne pouvez pas imaginer le nombre de remarques queerphobes qu'on peut entendre de la part de personnes qui s'imaginent face à une autre personne cishétéro). Pour moi, il y a un gros travail d'éducation à faire auprès de la population, surtout jeune parce qu'on n'a pas tous envie de se mettre en danger constamment pour avoir le droit d'exister ensuite.

D'ailleurs, certaines de nos manifestations, comme la pride qui a une histoire très riche et permet de donner de la visibilité aux personnes marginales, sont particulièrement mal vues car on n'a, apparemment, pas à "trop s'afficher".

C'est un petit compliqué à vivre. Franchement, vu l'augmentation des agressions récemment, ça ne m'étonne pas que d'autres fassent profil bas.

 

[Tératogène]

@Pulsatile
Pour moi, il y a un gros travail d'éducation à faire auprès de la population, surtout jeune parce qu'on n'a pas tous envie de se mettre en danger constamment pour avoir le droit d'exister ensuite.

Ben, oui, c'est bien ce que j'ai dit 

Je n'ai pas dit que je ne comprends pas ce besoin de se protéger. Je l'ai vécu et je le vis toujours aujourd'hui, je ne veux pas rentrer dans mes affaires personnelles mais si j'ai mis 5 ans à être out en tant que bi - et encore, pas auprès de tout le monde - crois-moi que je suis au courant de cette peur.
Je dis simplement qu'il ne faut pas revenir en arrière et souligner les fautes au bon endroit.