Article très intéressant… mais je ne suis pas encore dans cette phase d'empathie dont parle l'autrice (et pourtant, j'ose dire que je fais souvent preuve de beaucoup d'empathie).
Parce qu'autant, je comprends plein de choses, j'accepte beaucoup d'explications, mais je n'excuse pas ce vote. Je n'excuse aucun de ces sept millions de votants pour la haine. Car ou bien c'est un vote d'adhésion, et limite, je préfère parce que ces gens sont cohérents avec leurs idées nauséabondes, soit c'est un vote anti-système et c'est… pardon, désolée, vraiment j'aimerais faire preuve d'autant de bienveillance que je sais le faire d'habitude, mais une énorme connerie. On ne vote pas pour un parti aussi immonde, aussi nauséabond, menteur, xénophobe, sexiste, homophobe, parce qu'on n'est pas d'accord avec le reste. Dans ce cas, on manifeste, on s'abstient, on vote blanc, on s'implique ailleurs, même si ça ne sert à rien, je sais bien. Mais légitimer un tel parti parce que le reste ne fait rien, non. Vraiment, non je ne peux pas comprendre.*
Et si justement aujourd'hui je n'ai pas autant la niaque à l'idée de faire barrage au FN, c'est bien parce qu'il y a 7 millions d'individus qui ont voté pour que ça arrive, c'est presque deux fois plus qu'il y a 15 ans. Et que parmi les 7 millions qui ont voté Fillon, un bon nombre ne va pas faire barrage, bien au contraire (coucou LMPT, Boutin, et les autres). Parce qu'aujourd'hui, les idées du FN elles sont admises. Ce n'est plus la claque de 2002, il n'y a aucun étonnement à avoir, le FN a été banalisé, on lui trouve des excuses, on l'invite sur tous les plateaux télé, les autres partis construisent leur programme par rapport au FN.
Aujourd'hui, le français est raciste, le français est homophobe, le français est sexiste, et surtout, le français ne le cache plus.
Et j'en ai ras le cul qu'on vienne emmerder celles et ceux qui désirent ne pas se prononcer par rapport à ce second tour. Déjà parce que ce n'est pas en les agressant qu'ils iront voter (ma décision vacille justement parce que j'ai lu des threads de concerné·e·s qui se sont exprimé ·e·s calmement par rapport à ça, en exposant des faits). J'estime que la décision de ne pas voter par rapport à ce second tour peut être une décision tout aussi réfléchie que la décision de voter pour la peste ou le choléra que sont ces deux candidats. Je ne blâme ni les gens qui voteront Macron par adhésion, ni celles et ceux qui voteront pour lui pour contrer le FN, mais j'aimerais aussi qu'on ait autant de bienveillance pour celles et ceux qui ne pourront décemment pas mettre un bulletin dans l'urne.
Les seul·e·s responsables, si Le Pen devient notre Présidente de la République, seront les électeur·trice·s du Front National. Et avant ça, ce sera effectivement tout le système qui a mis ce parti en avant, qui l'a rendu sympathique, qui l'aura rendu indispensable à l'équation électorale.
Edit:
* par contre, je comprends la peur, la peur qui a été exacerbée par des événements récents, mais… Le Pen n'est pas la solution, bien au contraire. Si on ne prend que l'exemple du terrorisme, pourquoi est-ce que des jeunes français se radicalisent ? Parce qu'ils ne se sont pas accueillis et intégrés parmi nous. Pourquoi ? Parce qu'on leur dit qu'ils sont des terroristes, parce qu'on leur dit qu'ils n'ont rien à faire chez nous. Et qui dit ça ? Le FN et cette droite qui est de plus en plus radicale. Alors je comprends la peur, mais je ne peux m'empêcher de me dire que les gens ne voient pas plus loin que le bout de leur nez. Alors, je sais, on pourrait me rétorquer que je fais le même amalgames avec les électeurs du FN, qu'il faudrait peut-être leur parler, les accompagner, et je suis d'accord avec ça, sauf que c'est un travail de fond, qui demandera beaucoup plus de temps qu'un entre deux tours pour rectifier la trajectoire.