Merci pour cette article dans lequel je me retrouve.
Je suis sourde dégénérative de naissance et je n'ai été appareillé qu'à l'âge de 5 ans parce que quelqu'un a fini par croire ma mère quand elle disait qu'il y avait un problème. Les audioprothésistes ont pensé que quand je suis née j'avais qu'une petite perte mais qu'à mes 1 an, après une méningite, je suis tombée dans la surdité sévère. Je n'ai eu au final que 6 mois de retard de langage (ouf), ce qui est étrange vu ma perte et vu l'âge de mes premiers appareils. Ça ne s'explique pas et au final c'est une chance et une épée de Damoclès. Tout le monde pense que j'entends, et ceux qui sont au courant l'oublie très vite du coup plus d'effort n'est fait pour articuler, parler plus fort ou bien se mettre en face de moi. Mais grâce à ça j'ai pu faire une scolarité normal et avoir mon diplôme de designer graphique.
Je n'ai jamais évolué dans le monde des malentendants, certes on m'a vite viré des écoles publiques parce que j'étais jugé différente, mes parents ont eu le droit par un directeur de collège à un "on n'est pas prés d'accepter les différences", du coup j'ai été en école catholique au moins on me jugeait pas. Puis j'ai fini par intégrer des écoles publiques mais bien plus tard.
J'ai passé bien 20 ans sans aucune chute d'audition puis un jour boom une chute, et 2 ans après une suivante. Je me suis retrouvée avec des fréquences dans le profond et au moment du changement d'appareillage je me suis vu dire "désolé je n'ai plus grand choses à te proposer, tu as plus que 2 choix". Et là j'ai pleuré, je me suis pris la réalité dans la gueule.
On m'a proposé les implants il y a des années et tout comme toi j'ai toujours dit non, je ne veux pas qu'on me charcute, je ne veux pas de cette appareillage ultra voyant (encore plus que mes appareils), je ne veux pas perdre mon oreille et je ne veux pas du coté définitif de la chose. La médecine de ce coté là n'a pas assez évolué. Mais quelques part je fonde quelques espoir sur la multiplication des cellules de la cochlée. Je ne connais pas le langage des signes, et à un moment donné je n'aurai surement plus le choix que de l'apprendre mais je sais lire sur les lèvres. Si un jour j'arrive dans la surdité profonde je crois que la musique sera ce qui me manquera le plus. J'aime trop ça.
Les gens ont du mal à se faire une idée de la surdité, j'ai souvent entendu que c'était le moins pire des handicaps. Mais bien au contraire il est loin d'être facile, c'est un handicap qui isole énormément les gens, très vite on est mis de coté (je ne vais jamais à la piscine, je me suis souvent retrouvée seule), on parle mal du coup ça n'aide pas à la communication, c'est un handicap sur lequel on se marre beaucoup. Et on oublie aussi que les sourds pendant la seconde guerre mondiale ont été déporté et exterminer au même niveau que les juifs ou bien qu'on les enfermer dans des hôpitaux psychiatriques parce que soit disant nous sommes trop idiots pour savoir parler et tout ça.
Je vis un peu mieux mon handicap mais par moment il m'insupporte vraiment. Des jours j'ai la flemme de faire des efforts pour me concentrer pour comprendre ce qu'on me dit, pour parler comme tout le monde. C'est fatiguant mais bon je n'ai pas le choix, je crois que je me suis trop mis dans la tête que c'était à moi de faire des efforts pour qu'on ne le voit pas et pour qu'on me comprenne très bien et non pas aux gens de faire aussi des efforts pour me rendre la tâche un peu plus facile.
Oula désolé je me suis peut être un peu trop lâchée sur mon commentaire, pour une fois que je vois un article agréable à lire
et qui en même temps montre à tout le monde ce qu'est un peu notre quotidien de sourd je ne peux qu'écrire quelque chose (mille excuses pour l'orthographe) même si ce n'est pas forcément trés intéressant.