Alors après avoir lu cet article et les commentaires, j'ai envie d'apporter mon témoignage pour nuancer tout ça.
Je suis à ma 1e année d'internat de médecine (après 6ans d'études et stages). Je suis suisse donc j'ai conscience que ce n'est pas tout à fait pareil, pas forcément le même parcours mais ici aussi, la réputation de ces études est très mauvaises.
Quand j'ai commencé mes études, tout mon entourage m'a dit à quel point ça allait être dur, horrible, inhumain. J'avais peur à cause de tout ce qui se disait. Et au final, j'ai trouvé une passion juste immense. Certes j'ai du beaucoup travailler, et de plus en plus (en Suisse, la première année est sélective, mais ensuite personnellement, je trouve que c'est de plus en plus difficile, pas forcément au niveau de la quantité de choses à apprendre, mais plutôt sur le nombre d'heures et la confrontation aux situations émotionnellement difficiles), mais j'ai adoré mes études et je n'ai jamais été aussi épanouie que dans ce domaine.
Actuellement, je fais de gros horaires et parfois c'est inhumain à ce niveau: j'ai appris à travailler parfois 12h sans réelle pause (genre manger en 5min devant l'ordi à midi en travaillant sur l'ordi...), j'ai passé des journées entières sans écouter mon propre corps parce que j'avais pas le temps et j'étais trop focalisée sur celui de mes patients (genre réaliser le soir en sortant du boulot que j'ai oublié d'aller faire pipi alors que j'ai besoin depuis le matin)... Bref OUI, ce sont des choses qui arrivent mais que je dois apprendre à gérer, je dois également apprendre à mettre des limites, à m'accorder du temps, à dire non à certains, à hiérarchiser les problèmes et à repousser ce qui n'est pas urgent. C'est quelque chose qui fait partie de notre métier. Je sais qu'avec le temps, ça va s'améliorer et en aucun cas ça ne remet en cause mon choix de faire ce métier. (Je sais que sur les années et suivant les postes, ça peut changer mais disons, c'est ma vision actuelle des choses ^^)
Sur le plan moral, j'en suis arrivée à la conclusion qu'il FAUT apprendre à prendre du temps pour soi où on fait autre chose que de travailler. Pas forcément beaucoup, ça peut être uniquement 30minutes par jour. Mais ça change tout, et donc niveau capacité de travail à long terme, c'est essentiel. Personnellement, de nouveau, je n'ai pas vécu mon temps de travail comme une agression ou quoi, mais comme quelque chose qui m'a fait réaliser à quel point le temps est précieux. Je sais apprécier maintenant 10min purement pour moi, je sais apprécier réellement une bonne douche de 5min, ce que je ne savais pas faire avant. Et au final, je suis réellement plus heureuse, car je fais ce que j'aime, j'ai l'impression d'apprendre constamment et à côté de ça, j'ai appris à profiter de ma vie.
Sur le plan relationnel, ça rejoint ce que je dis avant. C'est dur d'avoir beaucoup de temps à consacrer à l'autre, c'est vrai. Mais il faut apprendre à en consacrer régulièrement malgré la charge de travail, c'est de toute façon bénéfique (comme dans le sport => les récupérations sont tout aussi importantes que les efforts, non ?! Tout pareil pour le travail mental.). Bien sûr que je n'ai pas toujours pu voir les différents copains que j'ai eu autant que je voulais parfois, mais c'est totalement possible d'avoir de chouettes relations à côté, principalement avec une bonne communication et organisation.
Voilà. Je reprécise que ce n'est que purement mon vécu et que je vis en Suisse donc il peut également y avoir des différences sur ce type de parcours. ^^