@Laoragwen Le processus d'adoption est en effet lent, et relativement coûteux. Je dis bien "relativement" puisque s'il n'est pas nécessairement accessible aux classes populaires, beaucoup de classes moyennes peuvent y accéder.
Quant à la rupture que pourrait vivre l'enfant entre son pays d'adoption et son pays de naissance, ce n'est absolument pas là qu'est le problème. La plupart des enfants ayant eu l'occasion de vivre au moins plusieurs années dans un autre pays via le travail de leurs parents le vivent comme une expérience enrichissante. La compréhension d'une culture et l'attachement à un pays sont des notions qui concernent bien plus les adultes que les enfants. Le potentiel problème n'est donc pas culturel mais psychologique. Le fait d'avoir été abandonné par ses parents, d'avoir vécu dans un orphelinat pendant un moment puis de devoir obéir et faire confiance à de nouveaux parents est une expérience d'une complexité telle que les gens ne l'ayant pas vécu personnellement (dont je fais partie) ne peuvent se l'imaginer. Mais "heureusement", dans les pays pauvres, nombre d'enfants laissés dans des orphelinats le sont peu après leur naissance et sont adoptés peu de temps après. Les capacités mémorielle, émotionnelle et cognitive d'un nourrisson étant ce qu'elles sont, le traumatisme n'a pas vraiment l'occasion de s'imprégner. Les adoptions de nourrissons se passent généralement très bien, celles de jeunes enfants sont parfois un peu difficiles (ça dépend aussi beaucoup du caractère de l'enfant) mais rarement insurmontables, tandis que celles de préados ou d'adolescent-e-s peuvent être très compliquées voire se solder par un échec. Mais à part peut-être pour ce dernier cas, ce n'est jamais dans l'intérêt de l'enfant que de le laisser dans l'orphelinat pour lui éviter un choc culturel... Les orphelinats des pays pauvres ne sont pas des centres aérés et ont très peu de moyens. Ceux qui proposent les enfants à l'adoption n'ont généralement pas vocation à les accueillir jusqu'à l'âge adulte, et encore moins à les aider lors de la transition vers leur prise d'indépendance. Pas qu'ils ne veulent pas, mais ils peuvent difficilement faire plus que subvenir aux besoins basiques de leurs pensionnaires. Pour parler de mon vécu, est-ce que mon frère aurait été mieux s'il était resté à Djibouti ? Certes, il n'aurait pas eu à s'habituer à une nouvelle famille, mais il n'aurait jamais eu de parents, sa propre chambre, ses propres affaires ou quiconque pour lui payer des activités extrascolaires ou des études supérieures. Quand j'étais plus jeune, j'ai eu l'occasion d'entendre souvent des bénévoles parler des orphelinats où elles travaillaient, et de voir des enfants avec leur famille adoptive, et je t'assure qu'il n'y a pas photo.
Pour conclure ce pavé, je peux comprendre la volonté de certains parents d'avoir des enfants issus de leurs gènes (j'ai notamment une amie adoptée pour qui c'est extrêmement important), mais je pense que refuser d'adopter au nom du bien-être de l'enfant c'est méconnaître la réalité de l'adoption.
Quant à la rupture que pourrait vivre l'enfant entre son pays d'adoption et son pays de naissance, ce n'est absolument pas là qu'est le problème. La plupart des enfants ayant eu l'occasion de vivre au moins plusieurs années dans un autre pays via le travail de leurs parents le vivent comme une expérience enrichissante. La compréhension d'une culture et l'attachement à un pays sont des notions qui concernent bien plus les adultes que les enfants. Le potentiel problème n'est donc pas culturel mais psychologique. Le fait d'avoir été abandonné par ses parents, d'avoir vécu dans un orphelinat pendant un moment puis de devoir obéir et faire confiance à de nouveaux parents est une expérience d'une complexité telle que les gens ne l'ayant pas vécu personnellement (dont je fais partie) ne peuvent se l'imaginer. Mais "heureusement", dans les pays pauvres, nombre d'enfants laissés dans des orphelinats le sont peu après leur naissance et sont adoptés peu de temps après. Les capacités mémorielle, émotionnelle et cognitive d'un nourrisson étant ce qu'elles sont, le traumatisme n'a pas vraiment l'occasion de s'imprégner. Les adoptions de nourrissons se passent généralement très bien, celles de jeunes enfants sont parfois un peu difficiles (ça dépend aussi beaucoup du caractère de l'enfant) mais rarement insurmontables, tandis que celles de préados ou d'adolescent-e-s peuvent être très compliquées voire se solder par un échec. Mais à part peut-être pour ce dernier cas, ce n'est jamais dans l'intérêt de l'enfant que de le laisser dans l'orphelinat pour lui éviter un choc culturel... Les orphelinats des pays pauvres ne sont pas des centres aérés et ont très peu de moyens. Ceux qui proposent les enfants à l'adoption n'ont généralement pas vocation à les accueillir jusqu'à l'âge adulte, et encore moins à les aider lors de la transition vers leur prise d'indépendance. Pas qu'ils ne veulent pas, mais ils peuvent difficilement faire plus que subvenir aux besoins basiques de leurs pensionnaires. Pour parler de mon vécu, est-ce que mon frère aurait été mieux s'il était resté à Djibouti ? Certes, il n'aurait pas eu à s'habituer à une nouvelle famille, mais il n'aurait jamais eu de parents, sa propre chambre, ses propres affaires ou quiconque pour lui payer des activités extrascolaires ou des études supérieures. Quand j'étais plus jeune, j'ai eu l'occasion d'entendre souvent des bénévoles parler des orphelinats où elles travaillaient, et de voir des enfants avec leur famille adoptive, et je t'assure qu'il n'y a pas photo.
Pour conclure ce pavé, je peux comprendre la volonté de certains parents d'avoir des enfants issus de leurs gènes (j'ai notamment une amie adoptée pour qui c'est extrêmement important), mais je pense que refuser d'adopter au nom du bien-être de l'enfant c'est méconnaître la réalité de l'adoption.