Oui, monsieur le ministre du Travail, le burn-out a généralement des « causes professionnelles »

4 Février 2011
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Paris
PS — Je ne pensais pas avoir à écrire autant de lettres ouvertes à un gouvernement de gauche. Ça devient pénible…
Moi aussi ça me désespère... Entre ça, l'égalité professionnelle, les jupes trop longues... Sérieux quoi :mur:

Je me reconnais pas mal dans ton histoire en tout cas, c'est pas exactement la même mais ça y ressemble (en version moins bien payée !).
C'était mon premier boulot, j'avais 21 ans, j'étais là-bas depuis 2 ans. Tout se passait bien jusque là, puis j'ai eu le malheur de devoir travailler sur un projet en direct avec le grand patron. J'ai vécu un enfer, je ne saurais même pas expliquer comment ça s'est installé, c'est allé tellement vite... Le résultat c'est qu'en à peine 2 semaines je pleurais tous les matins en allant au travail, et que je ne dormais plus...
J'ai fini par démissionner et reprendre des études. Cette histoire avait ruiné ma confiance en moi mais j'ai eu la chance de reprendre un cursus en alternance dans une entreprise où tout se passait vraiment bien. Je crois qu'une autre expérience négative m'aurait dégoûtée du monde du travail...

Pour les Madz qui seraient amenées à vivre ça, il faut vraiment que vous ayez conscience que ce n'est pas de votre faute. Même en étant une personne super professionnelle, consciencieuse, impliquée et tout et tout... C'était visiblement le cas de @Clemence Bodoc, et c'était le mien également...

Avec le recul, je ne sais toujours pas comment il aurait fallu que je réagisse... Peut-être que j'aurais dû claquer la porte plus tôt ? C'est pas toujours facile de lâcher un CDI quand on sait que ça devient rare...
 
1 Juillet 2015
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Je n'ai jamais vécu cela. Des coups durs pendant mes études parfois (et il y avait de quoi j'étais stagiaire la journée, jeune fille au pair lebsoir puis jusqu'à tard la nuit je bossais mes projets d'année pour mon master), mais j'ai eu la chance d'avoir des copains en or pour décompresser dès que l'occasion se présentait.
Ça fait un peu promo de dire ça, je ne sais pas si c'est habituel sur Madmoizelle mais j'ai travaillé il y a peu avec un professionnel de la question du mal être au travail. Il s'appelle Christophe Dejours. Il a écrit de très bons livres sur les problèmes qui se posent actuellement dans l'organisation duvtravail en entreprise en France que je ne saurais que trop vous conseiller de lire si vous souhaitez vous renseigner sur la question!
 

JoK

6 Juin 2013
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Merci Clémence pour ton témoignage et cette lettre ouverte!
J'ai frôlé le burn-out au début de l'année, j'étais dans le "déni" : ça ne peut pas m'arriver, pas à moi! Je n'ai pas un poste aussi haut placé, mais j'étais dans un bureau, avec une pression incroyable et surtout des dirigeants qui considère tout son personnel comme de la merde. Ça me révoltait, j'en avais mal au ventre tous les jours, j'étais à fleur de peau, ultra-tendue. Je suis allée chez le docteur mais il n'a pas voulu m’arrêter une semaine pour que je souffle, il m'a juste prescrit des anxiolytiques... Certaines de mes collègues étaient sous anti-depresseurs, ou a deux doigts de l'ulcère. Je ne voulais pas prendre de médicaments donc je suis allée voir une sophrologue pour m'aider à me relaxer, pendant 5 mois (à 40€ la séance, merci le boulot). Je me suis dit que ce n'était pas normal, et même si j'adore mon travail, je suis convaincue qu'il y a des entreprises avec de biens meilleures conditions de travail.
Je viens donc de démissionner, après de long mois de mal-être.
 
12 Septembre 2013
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Arles (13)
C'est terrible comme ça devient fréquent... De mon côté je ne suis pas allée jusqu'au burn-out, je suis partie avant. En gros et rapide, j'étais ingénieur, ma charge de boulot a augmenté de plus en plus vite mais je gérais plus ou moins. Puis j'ai eu un bébé. J'ai repris à 80% mais avec la même charge de travail, qui augmentait toujours. Et une pression horrible de mon chef. Malheureusement une situation classique :sad:
Je me sens tellement mieux aujourd'hui même si je n'ai pas repris d'activité et que c'est dur financièrement. Je réfléchis à ma reconversion et je n'ai bizarrement plus tout ces petits soucis de santé qui me pourrissaient la vie.
Mon seul regret c'est d'avoir laissé mes collègues dans un état de stress et de fatigue alarmant...
 
22 Juillet 2015
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Paris
J'ai failli m'étouffer (de joie) avec ma graine de courge en lisant cet article. J'ai commencé à travailler il y a trois ans, un travail que j'aime d'amour et qui n'est pas étranger au sujet du burn out: je suis psychologue. J'ai eu beaucoup de chance, si on peut dire, j'ai trouver un job tout de suite et à temps plein dans le secteur que je cherchais, ce qui est assez rare dans cette profession un peu sinistrée. Très vite, j'ai compris que je ne m'étais pas trompée de voie, que ce boulot me faisait vibrer et que je me débrouillais vraiment pas mal. J'avais des collègues infectes, pratiquement que des femmes, une rivalité au delà du réel, mais je me faisais toute petite. J'étais extrêmement mal payée (je le suis toujours mais ça, j'avais qu'à aimer un autre métier!) mais je m'en foutais, je faisais enfin ce que j'aimais. Je travaillais énormément, je faisais un nombre d'heures sup assez fifou, pas récupérables et pas rémunérées, mais qui sait, le syndrome du jeune diplômé qui a tout à prouver a-t-il eu raison de moi. Ou plutôt de ma santé. J'enchainais les consultations, les groupes, les réunions, je partais à des heures indues et je m'apercevais que mes collègues travaillaient beaucoup moins, partaient à des heures raisonnables, prenaient leurs vacances pendant les périodes scolaires et fumaient des clopes pendant que je voyais les trois quarts des patients de l'établissement, que tout mon travail était passé un crible, épié. On guettait une faute, que Dieu merci je n'ai jamais faite. On s'attaquait à autre chose que mon travail du coup, mes tenues de boulot (toujours classiques et stéréotypée sur le modèle de mes collègues, pas folle la guêpe), mes retards de cinq minutes à des réunions (faut bien aller faire pipi ma bonne dame), et caetera. Au bout d'un an, j'avais perdu sept kilos, la tranquilité de mes nuits et surtout le dernier semblant d'estime de moi qui avait subsisté. Chance, c'était un CDD et je prenais quelques vacances, histoire de rassembler un peu les morceaux, redevenir un humain et retrouver un job. Bingo, Ringo, Jeannie Longo, à mon retour de vacances, on m'offre un CDI dans un autre établissement du groupe, à dix minutes de chez moi et un climat bien moins tendu. Ahem. En fait non. Certes, je n'étais plus épiée, certes je ne passais plus ma vie dans les transports, certes je pouvais enfin récupérer mes heures sup, mais... C'était reparti pour les heures sup au delà du réel, que je n'ai jamais pu récupérer réellement puisque je ne pouvais pas le faire très souvent. Je tenais plutôt bien au début, tout se passait bien avec les patients, les collègues étaient super. Sauf un, qui a toujours été bizarre, un peu fou, un peu perché, un peu on sait pas bien mais ils ont l'air d'être plusieurs là haut. Sauf un qui a fini par me faire une, puis deux, puis beaucoup trop de réflexion sur mon rouge à lèvre, sur mes jambes, des questions assez crues sur ma vie sexuelle, quand ce n'était pas des propositions assez directes de m'enlever ma culotte. Mmmm bon... J'ai commencé à avoir très peur de lui, à l'éviter, à passer des heures à réfléchir à tout ce que je ne devais pas porter pour éviter de le faire flamber comme une crèpe suzette, à faire des cauchemars, à mal dormir, je vous passe les détails. J'en ai parlé à un supérieur hiérarchique avec qui je m'entends bien, qui a conclu que c'était du harcèlement sexuel (oh really?!) mais qui m'a surtout expliqué que mon collègue est fou comme 36 lapins et potentiellement parano (ce qui est oh-so-true. Théorie du complot et tout.), déjà en procès avec l'établissement et pas un mec en face de qui j'aurai envie de me retrouver pour une confrontation. Déjà pas mal épuisée, assez tétanisée par lui, au raz des pâquerettes du moral et doutant pas mal de moi (hey ma poule, t'as pas de preuves!) je n'ai pas chercher à porter plainte, comme une grosse débile. Sauf que je continuais à décliner. Je dormais de moins en moins, j'ai commencé à me bloquer le dos de manière chronique pendant trois mois (coucou la ceinture lombaire!), à continuer les heures sup... Je vous fais pas un dessins sur comment tu te sens comme une grosse merde en situation de harcèlement.
Jusqu'à ce qu'un jour, une personne saine d'esprit et censée, m'ait demandé combien je gagnais et pourquoi je restais dans ce trou à rats (j'oublie de dire que les patients sont très mal pris en charge et la limite avec la maltraitance est parfois assez ténue). J'ai réalisé que j'avais le choix, que je pouvais partir, que je n'étais pas en prison et que je retrouverai un boulot autre part (j'oublie de dire que j'ai la chance de bosser en libéral à côté, que ça marche bien, que je ne suis pas à la rue et que surtout, je suis tellement mal payée dans cet établissement qu'il me suffit d'augmenter un tout petit peu mon activité libérale pour avoir des revenus équivalents).
Quand j'ai posé ma démission ( -hé non mon petit, l'entreprise à une politique très stricte là dessus, on ne fait jamais de rupture conventionnelle! - Mais c'est interdit ça non? -Oui mais bon, vous voulez nous quitter, pas nous faire un procès hein!), j'ai eu la sensation de retrouver enfin ma liberté, ma dignité (oui oui, j'y vais fortiche) et mon dos s'est débloqué comme par magie. Je termine mon préavis dans un mois. Je compte les jours. En attendant, merci Clémence, ça fait chaud au coeur de lire quelque chose de censé, de renseigné et de juste sur la question.
Mister Rebsamen, just for you to know: j'ai une vie perso incroyablement riche et joyeuse et douce. J'aimerais juste être en état d'en profiter pleinement.
Le bécot.
 
12 Mai 2013
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Bonjour les Madz,

Je me sens tout autant touchée par ton article et vos commentaires. Je pense pas être dans un cas aussi "mauvais" que vous mais je me sens littéralement épuisée par mon travail.
Cela fait 5 ans que je travaille dans une entreprise informatique, dans un service de 30 personnes et ... Je suis la seule femme (hey ouais l'informatique c'est un domaine bien masculin).

Pendant 2 ans avec un chef assez cool dans une équipe de 6 personnes, c'était le bonheur total. On s'entendait tous bien, l'ambiance au boulot était géniale. Je met de côté les blagues sexistes sur ma personne, en ce temps je les prenais "bien" vu que c'était dit avec amusement et sans mauvaises pensées.

Ensuite j'ai changé d'équipe et là, le nouveau chef était vraiment pas content de mon boulot. "Fais ceci, fais cela" et de mon côté j'aime que le travail soit bien fait (je suis un peu perfectionniste), et donc je prend en compte toutes les remarques et je m'améliore. Je fais le boulot comme il l'entend et prend de plus en plus de charge à mon actif. Après un an et demi à en faire toujours plus, j'en pouvais plus. Les problèmes de sommeil, les tensions cervicales, blocage des lombaires, dépression à se réveiller en pleine nuit après 2h de sommeil et pleurer, sans raison aucune. Je n'arrivais pas à lâcher prise, je voulais toujours en faire plus. J'ai parlé de mon mal-être à mon chef qui a été compréhensif et a voulu faire une réunion pour en parler.
La réunion ! La réunion où mes collègues m'ont reproché d'en faire trop, d'être trop rapide, d'en vouloir toujours plus, d'écraser tout le monde (???) pour mieux se faire voir. J'avais l'impression qu'une cible était accrochée à moi et que tous pouvaient se lâcher librement sur moi. C'était horrible, mon chef n'a pas bronché (autorité 0 ...)
J'ai craqué, j'en pouvais plus. Pour dormir mon médecin m'a mis sous cachets, et la journée j'avais le droit à des anxiolitiques. Mon n+2 ayant vent de mon état, m'a proposé de changer d'équipe. Ouf ! une solution de sortie ! J'ai accepté

Me voici dans une troisième équipe et c'est encore bien pire. Certes le travail est bien dispatché entre les personnes (ça c'est plaisant de pas se sentir devoir tout faire). Mais à côté de ça, les personnes travaillent ensemble depuis 4 ans, et quand je demande quelque chose d'insignifiant, genre mettre la clim un peu moins forte, on me répond "non mais ça a toujours fonctionner comme ça, c'est pas toi qui va décider" ou encore mon chef qui me répond à une de mes demandes par "T'façon toi t'es en minorité donc t'as rien à dire" ...

Je sais plus quoi faire, niveau sommeil ça va mieux, je fais mes nuits normalement. Mais dès que je sais que je dois aller bosser, ça me mine le moral. De plus avec ce problème de clim, je vais consulter le docteur 3 à 4 fois dans le mois pour des problèmes de rhinite, et comme je frissonne à tout mes postes les problèmes de dos reviennent également et je parle pas des maux de tête. A force de consommer des doliprannes, décontractants musculaire etc... J'ai la santé bien en vrac ! Entre la santé et le moral, je suis au plus bas.

J'ai beau cherché du boulot, je trouve pas quelque chose d'équivalent niveau paie et bon je peux pas me permettre de plus payer mon loyer. Si je reste c'est pour le salaire mais j'ai bien peur de la suite...
 
24 Août 2007
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Premier travail à 21 ans, payée au lance pierre et "bonne à tout faire". Je n'ai pas fait de burn out mais ai été victime de harcèlement moral. Quand je vois qu'aujourd'hui encore il est très très difficile de faire admettre le harcèlement moral lorsqu'il est réel (juridictions, "autorités compétentes" - je ne trouve pas le terme exacte désolée - type sécurité sociale ou médecin généraliste, médecine du travail...etc), désolée mais j'ai très peu d'espoir pour le burn out. Lorsque la souffrance au travail est d'ordre psychologique et non physique, d'un coup y'a plus personne pour aider. C'est joli que sur papier...
Pour pas trop virer dans le hors sujet, burn ou ou harcèlement, apparemment la finalité est la même. J'ai été un an et demi au chômage, avec la peur terrible de retravailler et potentiellement revivre l'enfer. J'ai eu un suivi psy pour surmonter tout ça. Du coup, je me reconnais pas mal dans l'article, niveau conséquences désastreuses quand il y a souffrance psychologique au travail.
A la fin de l'entretien d'embauche de mon job actuel, lorsque je me suis levée pour quitter la pièce et que je me suis rendue compte que j'avais "passer un cap", surmonté la peur, je me suis mise à pleurer, devant 6 personnes en costard/cravate :ninja: :happy:
 
18 Décembre 2010
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Paris
Rentrer tard tous les soirs, aller au bureau le samedi et certains jours fériés, venir bosser malade, ne pas prendre de vacances pendant 2 ans... je ne vois pas à quel moment j'aurais pu avoir des problèmes personnels, n'ayant pas eu de vie en dehors du boulot :lol:

Le pire étant qu'aujourd'hui, après 2 ans de sacrifices personnels, un épuisement moral et physique conséquent (notamment un réveil d'ulcère à l'estomac) et en ayant largement fait mes preuves sur l'activité que j'ai géré seule malgré les difficultés, je quitte cette société sans aucune reconnaissance de ma direction générale qui envisage d'ailleurs de faire reprendre mes projets par des personnes n'ayant aucune qualification dans ce secteur (ça en dit long sur l'estime qu'ils avaient de mon travail et de mes capacités).

Je me reconnais dans ce passage:
J’avais d’autres projets, mais j’étais devenue incapable d’affronter des recruteurs, de « me vendre ». J’ai mis un an à arrêter de fondre en larmes à chaque fois qu’on me demandait « ce que je faisais avant ».

Déjà en temps normal j'ai du mal à "me vendre" et j'angoisse à l'idée des entretiens, mais là je suis dégoutée du monde de l'entreprise, dégoutée de devoir encore faire des efforts et faire mes preuves sans considération, et cette expérience me fait sérieusement douter de moi... j'ai parfois l'impression de n'avoir pas su prendre les bonnes décisions, de ne pas avoir su me vanter suffisamment de mes résultats et d’attendre que ma direction s'intéresse d'elle même à mon cas contrairement aux lèches bottes qui ont des promotions dans cette boite, de ne pas être si efficace que je le crois vu qu'ils me considèrent clairement pas comme un élément important du service...

J'envisage carrément de faire une pause dans ce parcours "classique" pour lancer ma propre activité ou reprendre une formation. Malheureusement j'ai énormément d'idées mais aucune n'est assez concrète pour construire un business plan, et surtout à bientôt 27 ans c'est plutôt le moment de décrocher le sacro saint CDI !

Merci Clémence d'avoir partagé ton histoire. Autour de moi j'entends de plus en plus parler de ce genre de structures où les employés sont prêts à craquer, je pensais naïvement que les nouveaux types de management étaient plus humains mais nous sommes dans un contexte où (généralement) les entreprises sont de plus en plus en position de force sur le marché du travail et où la hiérarchie fait rarement preuve de pertinence et de justice...
 
16 Novembre 2011
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Ambenay
Je viens apporter ma petite pierre à ce triste édifice constatant la dureté du monde du travail... :erf:

Juin 2012. J'ai (presque) 23 ans et je monte à Paris passer un diplôme de secrétaire juridique en alternance. Je suis embauchée pour un an dans un cabinet d'avocats du 17ème. Au début tout se passe bien : les avocats sont sympa, les patrons un peu particuliers mais pas méchants à proprement parler, je m'entends bien avec mes collègues. Et puis... et puis la patronne me prend en grippe. Dit à qui veut l'entendre que je ne souris pas assez (ce qui, quand on me connait, est plutôt risible). Une de mes collègues me rapporte ses propos. Je fais l'effort de sourire plus quand elle est là : elle estime que mon sourire lui donne l'impression de me "foutre de sa gueule et de la prendre de haut". Elle apprend qu'un des avocats (un ancien militaire d'une soixantaine d'années qui m'a pris sous son aile dès son arrivée) m'apprend à rédiger des actes juridiques : elle pique une colère, "pourrit" l'avocat en question, refuse désormais que je travaille en collaboration avec les avocats (alors que c'est précisément le but de ma formation) et me donne tout un tas de tâches "ingrates" à faire : renouvellement de la carte vitale de sa fille de 18 ans, aller chercher des billets d'avion et des visas pour leurs voyages personnels en dehors de mes heures de travail (puisqu'il est "hors de question que j'aille me promener dans les agences de voyage quand je devrais être au cabinet"), réaliser le graphisme du nouveau papier à en tête (alors que nous avions justement une équipe d'informaticiens/graphistes qui était bien plus à même que moi de mener ce projet à bien), critique chaque projet que je lui présente et va jusqu'à en déchirer un en disant que c'est de la merde, sous les yeux médusés des avocats présents. Elle a passé les 8 derniers mois de ma formation à répéter à qui voulait (ou ne voulait pas, d'ailleurs) l'entendre que je n'étais qu'une merde, que sans sa grande générosité (elle m'a embauchée alors que je n'avais aucune expérience et estimait que ça faisait d'elle une sorte de sainte) je ne serais rien, etc... (elle avait le même discours à propos d'autres personnes du cabinet). Elle était lunatique, changeait les instructions d'une heure sur l'autre... Je suis restée en tout 15 mois dans ce cabinet, et depuis mon départ (elle m'a proposé un CDI en insistant bien sur le fait que c'est son mari qui la forçait à le faire... Avant de me rédiger une lettre de recommandation parfaite quand j'ai refusé le poste), elle "interdit" à mes anciens collègues de me voir (en vrai, j'en vois quand même certains, évidemment, mais si elle l'apprenait je ne donne pas cher de leur peau dans le cabinet).

Je dormais mal, je faisais des cauchemars dans lesquels elle m'engueulait et m'insultait... Mon poids a joué au yoyo pendant toute cette période (je ne mangeais plus : je me remplissais. Il m'arrivait le soir de manger près de 500 grammes de pates en un seul repas, je passais mes journées à grignoter dans la réserve de kinder et autres sucreries que nous avions cachée au secrétariat pour nous remonter le moral quand elle était vraiment infernale). J'ai toujours été une bonne mangeuse mais la première fois que mes parents m'ont vu avoir une "crise de fringale" un dimanche après midi chez eux, parce que je savais qu'il fallait que je retourne bosser le lendemain, ils sont restés médusés, à me regarder avaler tour à tour 5 yaourts, 3 sandwichs au fromage, des gâteaux, des fruits, une glace... Je ne pouvais pas quitter le cabinet en cours d'alternance, mais, ce jour là, mes parents ont compris l'ampleur du désastre et m'ont "interdit" d'accepter un CDI si on me le proposait.

Je n'ai évité le burn-out que de justesse je pense, grâce au soutien de ma famille, d'une collègue (qui travaille toujours là bas et a déjà frôlé l'ulcère 3 ou 4 fois depuis son arrivée dans le cabinet il y a 4 ans... Elle a 28 ans) et des avocats.

Tant que le gouvernement et la justice ne prendront pas des mesures pour 1) garantir un environnement de travail sain et 2) reconnaître que le travail, même de bureau et en apparence peu stressant, peut être une cause de burn-out, dépression, voire suicide dans certains cas, les choses ne pourront pas changer.

En tout cas merci pour cet article, qui résume bien la situation et montre que le burn out peut toucher tout le monde, dans n'importe quelle branche, avec n'importe quel salaire...
 
2 Juillet 2014
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D'abord, des gros câlins à toutes celles qui ont témoigné de leur souffrance :hugs::fleur:, franchement ça fait peur!
Merci Clémence pour cet article, qui encore une fois tombe juste, efficace et percutant.

ça pose quand même des questions importantes sur le monde du travail actuel, et en entreprise en particulier... avec le combo de la mort pression extrême + sexisme :stare:...
Est ce que ça a changé ou ça a toujours été comme ça?

Moi je n'ai pas fait de burn out, mais quand on m'a proposé de prolonger mon contrat d'ingé dans une grande boîte à l'étranger, j'ai d'abord dit oui, puis je suis allée pleurer dans les toilettes, avant de me rendre compte que ce n'était pas normal que ça me mette dans cet état.

Je suis partie, pour plusieurs raisons, mais entre autres parce que j'avais dû assister et participer à des choses qui ne correspondaient pas à mon éthique de travail (corruption, impacts négatifs sur la vie de milliers de personnes...) et que ça me minait. Et aussi parce que j'ai ressenti à plusieurs reprises un sexisme rampant (comme, alors que j'étais la seule à avoir travaillé sur une partie importante du projet, j'ai été la seule à ne pas pouvoir me rendre à la présentation finale chez le client - un ministère - forcément, une nénette de 22 ans, ça ne ferait pas sérieux...) :annoyed::mur:.

Je suis partie dans un autre domaine, hors entreprise, moins payée, un peu plus parcours du combattant, où je ne compte pas mes heures, mais où j'ai une liberté précieuse dans mon travail et pas de pression hiérarchique et où ce que je fais me passionne....
 
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