Venant de la cambrousse, je n'avais jamais été confrontée au racisme anti-asiatique jusqu'à la fac - lors de mon séjour universitaire aux US, j'avais commencé à comprendre une sorte d'effet pervers (sans connaître à l'époque le concept de "minorité modèle"), mais c'est vraiment en vivant avec un coloc anglo-saxonne, fille d'immigrés vietnamiens, que j'ai compris à quel point on avait un gros problème avec les asiatiques en France: quasi systématiquement, quand une personne la rencontrait et qu'elle donnait son prénom, totalement anglo-saxon, la première réponse c'était: "ok, mais en vrai, tu viens d'où?"
C'est le "en vrai" qui me tuait à chaque fois (et elle n'en parlons pas, ça l'a vraiment traumatisée cette expérience), genre non, être née dans un pays du Commonwealth et y avoir grandi ça suffisait pas: parce qu'elle était typée sud-est asiatique, elle ne pouvait tout simplement pas être autre chose.
En général cette question revient dès que t'as pas la peau assez blanche, que t'as les yeux trop bridés ou autre trait physique "pas assez français"; mais j'ai jamais revu cette question revenir direct après la présentation de manière aussi systématique qu'avec elle.
(En même temps, je me suis aussi barrée définitivement de France après cette année-là, donc bon).