J’ai 23 ans et en mars dernier, j’ai eu un pré-diagnostic de Troubles du Spectre Autistique, par deux personnes, une psychologue et un psychiatre. Je suis probablement Asperger, en tout cas pour ces deux professionnels ça ne fait aucun doute. J’attends mon diagnostic « officiel » mais les démarches sont interminables… j’en ai pour plusieurs mois au minimum d’attente, voire même plusieurs années. En attendant, je me débats dans une société qui n’est pas faite pour moi, et qui m’enfonce la tête dans l’eau chaque jour un peu plus.
Je sais que je suis intelligente. Je ne suis pas un génie, mais je sais que je ne suis pas idiote. Mais les choses du quotidien qui semblent si évidentes pour chacun me perturbent et me blessent, me donnent juste envie de me cacher et de rester cloîtrée jusqu’à la fin de ma vie.
Je suis paradoxale. Parce-que j’ai l’air normale, personne ne comprend les difficultés et les gens me jugent, se moquent, m’engueulent de ne pas arriver à être normale.
Je vis dans une angoisse permanente, tout le temps partout. Je dois tout pouvoir contrôler, les imprévus me mettent dans des états pas possibles à gérer. Je n’aime pas sortir de chez moi sauf si je me retrouve seule dans la nature (les arbres et la tranquillité me calment). Je n’aime pas aller à des soirées, pourtant je rêve qu’on m’y invite. Je n’aime pas recevoir des gens chez moi ni aller dormir chez quelqu’un (c’est horrible comme stress) mais je rêve d’une soirée pyjama. Je ne téléphone pas sauf quand j’y suis réellement obligée (et je suis obligée de faire des plans sur ce que je dois dire, qui parle en premier, quand raccrocher ?), je ne me sens à l’aise que lorsque que je suis chez moi avec ma famille (et encore) et pourtant je voudrais bien avoir des amis.
Je ne supporte pas le retard, je ne supporte pas qu’un inconnu me parle dans la rue, j’ai du mal avec les conversations parce-que je ne sais jamais quoi répondre et si c’est à mon tour.
Je ne sais pas m’intégrer dans un groupe, je ne sais pas communiquer, je ne comprends pas les codes de conversation, je suis parfois insolente sans m’en rendre compte parce-que ce que je dis est inapproprié.
Je ne sais pas toujours comment me placer dans une conversation, si je dois regarder dans les yeux ou pas, à quelle distance je dois être de la personne et comment je dois me tenir, surtout si je suis debout. Je dois sans cesse remettre en question ce que je dis afin de savoir s’il s’agissait de la chose appropriée et des gestes appropriés. Je dois me préparer à chaque rendez-vous sur ce que je vais dire et ce qu’il va être dit, les possibilités de conversation. Je ne supporte pas les disputes qui me blessent plus que de raison, je ne supporte pas les critiques, je réagis très mal et cela me blesse énormément lorsque l’on me remet en question ou que l’on me juge.
Je n’ai pas d’amis. Est-ce ma conception de l’amitié qui est en cause ou alors est-ce juste normal…
Toujours est-il que les gens prennent rarement de mes nouvelles. Je ne suis pas invitée pour les sorties ou les soirées. Je sers de bouche-trou : quand une personne ne va pas bien, elle me raconte ses problèmes, puis m’oublie jusqu’au prochain. Je ne peux pas fêter mon anniversaire parce-que je n’ai personne avec qui sortir (et même, ça m’angoisse). Quand moi je ne vais pas bien, je n’ai personne à qui parler. Les gens que je peux côtoyer pendant mes études s’entendent bien entre eux, se voient à l’extérieur et s’amusent ensemble : encore une fois je n’ai pas été capable de m’intégrer, même si je leur parle. J’ai souvent été trahie par des gens que je pensais mes amis. Il est très facile de manipuler et de se servir de quelqu’un qui est incapable de comprendre réellement les coups bas et les trahisons. Il est très facile d’obtenir ce qu’on veut de moi, parce-que je suis incapable de concevoir que tout le monde n’est pas beau et gentil. J'ai 150 "amis" sur facebook, dans la vraie vie je me sens désespérément seule.
Hypersensible émotionnellement, sans pouvoir le montrer, sans être capable de le gérer. Je ne comprends pas toujours ce que je ressens.
Et je ne vais pas évoquer les tocs, l’hypersensibilité sensorielle aux bruits, matières, lumière… voilà.
Tout le monde a une vie et moi je regarde passer la mienne.
Je suis une catastrophe.
Avoir un boulot ?
Incapable de m’adapter à un milieu professionnel quelconque. Incapable de suivre des consignes si elles ne sont pas formulées clairement et dans les moindres détails. Incapable de prendre des initiatives. Incapable de comprendre le fonctionnement d’une hiérarchie, incapable de m’organiser, incapable de me souvenir des consignes orales.
Permis de conduire ?
Incapable d’anticiper, de réagir à temps : danger public, impossible d’avoir le permis.
Etre adulte ? M’occuper de moi toute seule, me gérer financièrement, être indépendante, forte et libre ? Incapable.
Je voudrais juste vivre normalement. Avoir ce que la plupart des gens ont sans s’en rendre compte.
Je voudrais un boulot, gagner ma vie, me sentir utile. Je voudrais des amis, qui m’apprécient réellement pour ce que je suis et qui voudraient réellement ma compagnie. Je voudrais pouvoir vivre, c’est tout… arrêter de me sentir comme un boulet. Parce-que je suis intelligente, gentille, attentionnée, et que lorsqu’on m’explique les choses clairement, doucement et sans jugement, je peux être très douée dans ce que je fais. Sauf que la société n’a pas le temps d’être gentille et douce. Je voudrais juste me sentir bien sauf que je me débats dans un monde pour lequel je ne suis pas faite.
Je sais que je suis intelligente. Je ne suis pas un génie, mais je sais que je ne suis pas idiote. Mais les choses du quotidien qui semblent si évidentes pour chacun me perturbent et me blessent, me donnent juste envie de me cacher et de rester cloîtrée jusqu’à la fin de ma vie.
Je suis paradoxale. Parce-que j’ai l’air normale, personne ne comprend les difficultés et les gens me jugent, se moquent, m’engueulent de ne pas arriver à être normale.
Je vis dans une angoisse permanente, tout le temps partout. Je dois tout pouvoir contrôler, les imprévus me mettent dans des états pas possibles à gérer. Je n’aime pas sortir de chez moi sauf si je me retrouve seule dans la nature (les arbres et la tranquillité me calment). Je n’aime pas aller à des soirées, pourtant je rêve qu’on m’y invite. Je n’aime pas recevoir des gens chez moi ni aller dormir chez quelqu’un (c’est horrible comme stress) mais je rêve d’une soirée pyjama. Je ne téléphone pas sauf quand j’y suis réellement obligée (et je suis obligée de faire des plans sur ce que je dois dire, qui parle en premier, quand raccrocher ?), je ne me sens à l’aise que lorsque que je suis chez moi avec ma famille (et encore) et pourtant je voudrais bien avoir des amis.
Je ne supporte pas le retard, je ne supporte pas qu’un inconnu me parle dans la rue, j’ai du mal avec les conversations parce-que je ne sais jamais quoi répondre et si c’est à mon tour.
Je ne sais pas m’intégrer dans un groupe, je ne sais pas communiquer, je ne comprends pas les codes de conversation, je suis parfois insolente sans m’en rendre compte parce-que ce que je dis est inapproprié.
Je ne sais pas toujours comment me placer dans une conversation, si je dois regarder dans les yeux ou pas, à quelle distance je dois être de la personne et comment je dois me tenir, surtout si je suis debout. Je dois sans cesse remettre en question ce que je dis afin de savoir s’il s’agissait de la chose appropriée et des gestes appropriés. Je dois me préparer à chaque rendez-vous sur ce que je vais dire et ce qu’il va être dit, les possibilités de conversation. Je ne supporte pas les disputes qui me blessent plus que de raison, je ne supporte pas les critiques, je réagis très mal et cela me blesse énormément lorsque l’on me remet en question ou que l’on me juge.
Je n’ai pas d’amis. Est-ce ma conception de l’amitié qui est en cause ou alors est-ce juste normal…
Toujours est-il que les gens prennent rarement de mes nouvelles. Je ne suis pas invitée pour les sorties ou les soirées. Je sers de bouche-trou : quand une personne ne va pas bien, elle me raconte ses problèmes, puis m’oublie jusqu’au prochain. Je ne peux pas fêter mon anniversaire parce-que je n’ai personne avec qui sortir (et même, ça m’angoisse). Quand moi je ne vais pas bien, je n’ai personne à qui parler. Les gens que je peux côtoyer pendant mes études s’entendent bien entre eux, se voient à l’extérieur et s’amusent ensemble : encore une fois je n’ai pas été capable de m’intégrer, même si je leur parle. J’ai souvent été trahie par des gens que je pensais mes amis. Il est très facile de manipuler et de se servir de quelqu’un qui est incapable de comprendre réellement les coups bas et les trahisons. Il est très facile d’obtenir ce qu’on veut de moi, parce-que je suis incapable de concevoir que tout le monde n’est pas beau et gentil. J'ai 150 "amis" sur facebook, dans la vraie vie je me sens désespérément seule.
Hypersensible émotionnellement, sans pouvoir le montrer, sans être capable de le gérer. Je ne comprends pas toujours ce que je ressens.
Et je ne vais pas évoquer les tocs, l’hypersensibilité sensorielle aux bruits, matières, lumière… voilà.
Tout le monde a une vie et moi je regarde passer la mienne.
Je suis une catastrophe.
Avoir un boulot ?
Incapable de m’adapter à un milieu professionnel quelconque. Incapable de suivre des consignes si elles ne sont pas formulées clairement et dans les moindres détails. Incapable de prendre des initiatives. Incapable de comprendre le fonctionnement d’une hiérarchie, incapable de m’organiser, incapable de me souvenir des consignes orales.
Permis de conduire ?
Incapable d’anticiper, de réagir à temps : danger public, impossible d’avoir le permis.
Etre adulte ? M’occuper de moi toute seule, me gérer financièrement, être indépendante, forte et libre ? Incapable.
Je voudrais juste vivre normalement. Avoir ce que la plupart des gens ont sans s’en rendre compte.
Je voudrais un boulot, gagner ma vie, me sentir utile. Je voudrais des amis, qui m’apprécient réellement pour ce que je suis et qui voudraient réellement ma compagnie. Je voudrais pouvoir vivre, c’est tout… arrêter de me sentir comme un boulet. Parce-que je suis intelligente, gentille, attentionnée, et que lorsqu’on m’explique les choses clairement, doucement et sans jugement, je peux être très douée dans ce que je fais. Sauf que la société n’a pas le temps d’être gentille et douce. Je voudrais juste me sentir bien sauf que je me débats dans un monde pour lequel je ne suis pas faite.