Je fais remonter ce topic parce que mon autoportrait déjà ça fait des mois et des mois que j'y pense, que j'essaie de mettre le doigts sur moi, de me prendre entre quat'yeux et aussi parce que cet autoportrait justement, je veux le poster ici et pas ailleurs. Aussi personnel soit-il je préfère être exposée à une foule d'anonymes qui ne me lira pas en entier plutôt que décortiquée par ceux qui comptent; ceux qui comptent vraiment.
Je vais tenter de me décrire physiquement le plus justement possible; c'est déjà un exercice extrêmement difficile à mon goût puisqu'une partie de mes tortures mentales sont dues au fait que je suis incapable de me regarder dans un miroir et de dire ce que j'y vois.
Disons donc pour le début que j'ai un physique particulier; le sentiment que j'ai quand je me vois c'est que les différentes parties de mon corps ne vont pas ensemble. Voila on a commencé a chopper un bout de moi là. Je suis couverte de grains de beauté (plus que je n'ai d'os au dernier compte), mais j'ai une peau de rouquine et des tâches de rousseur courent sur mon nez retroussé et de travers suite à une chute à vélo. J'ai des pupilles de toutes les couleurs et quand je rigole on dirait un smiley, vous savez, lui : ^^. J'ai une bouche et des dents digne d'une pub colgate, mon sourire est mal aligné mais je n'y ai jamais prêté aucune attention. Tout comme Faites-les-taire j'ai de petits seins en poire que je n'aime qu'à moitié; par contre je chausse du 40 pour mon mètre 71. Je ne m'éterniserai pas sur mes bras, mon ventre, mes hanches, mes fesses (très tableau de la renaissance italienne à mon goût); là où je suis impossible d'être objective c'est sur mes jambes. Mes pantalons se comptent sur les doigts d'une main pour vous dire.
Je dis vous mais je ne sais pas à qui je parle; en fait; en vrai.
Intellectuellement je voudrais fonctionner par points mais tout est entremêlé dans ma tête.
Je suis quelqu'un qui a terriblement peur de ce qu'on pense d'elle, je suis à la limite de la paranoïa, je redoute en permanence que l'on ne m'apprécie pas et ça bouffe mes relations (mon exigence envers les autres aussi; je crois encore à l'être parfait). Si l'on m'invite quelque part je peux me torturer pendant deux heures parce que j'ai peur que ce ne soit pas sincère mais seulement par pitié, je peux même refuser d'aller quelque part à cause de ça; je n'arrive pas à croire que l'on puisse m'apprécier ou tout du moins apprécier ma présence. Je ne suis pas très belle, ni très drôle, je veux dire je ne corresponds pas à ce que les gens recherchent; j'ai tellement peu d'estime pour moi même que ça m'hallucine qu'on puisse m'aimer.
Quand je m'endors après mon amoureux et que je le regarde tout paisible perdu dans ses songes; ou bien quand je prends un peu de recul sur les gens qui m'entourent, je me dis c'est impossible, quelqu'un va arriver et me dire "Ca va pas être possible mademoiselle, y a une erreur, c'est pas pour vous ce monde là".
De ce sentiment d'infériorité découle une chose qui m'embête un peu mais sur laquelle je travaille : je suis incapable de montrer mes sentiments. Petite j'étais grande et un peu ronde, mes "amis" se moquaient de moi, tous le monde se moquaient de moi, j'étais l'intello, la pas rigolote, la pas belle, l'autruche, ce genre de trucs. Alors aujourd'hui même si je sais qu'il y a des moments où je devrais le dire je n'y arrive pas ou alors avec beaucoup de mal; et pourtant les gens qui m'entourent sont vraiment super chouettes; vraiment. Je voudrais pouvoir leur dire "Vous êtes merveilleux, merci de m'accepter parmi vous", mais j'arrive pas, ça reste coincé dans ma gorge et pour me sortir un Je t'aime il faut toute la tendresse du monde. J'ai peur qu'en avouant que je tiens à quelqu'un ma carapace se fendille, j'ai peur qu'on puisse m'atteindre, j'ai peur de souffrir.
Voila, on en arrive ailleurs. J'ai peur de souffrir, terriblement, affreusement. Et ça me fait encore plus peur parce qu'avoir peur de souffrir c'est avoir peur de vivre. Et pour moi c'est évocateur, ça veut dire qu'on se coupe de la réalité, ça veut dire qu'on se défonce. Ca me rappelle mon père et je crève de trouille d'être comme lui. Mon ex m'a dit un jour que je finirais forcément comme lui, et j'en ai chialé des jours et des jours. Etre comme mon père ça me pétrifie; ça veut dire ne pas vivre, avoir renoncé à tout: à l'amour, au bonheur, à ses enfants. C'est être un vieux toxico aigri.
Un autre trait important de mon caractère je dirais que c'est l'impulsivité (c'est même le trait dominant de mon caractère). Je peux chialer d'un coup comme ça parce que j'ai marché dans une flaque, parce que quelqu'un m'a bousculé dans la rue. Je peux m'enflammer et me vexer, me barrer parce que je suis déçue par quelqu'un. Les autres ne comprennent pas, s'étonnent, l'ennui c'est qu'une fois que je suis partie dans mon truc, j'trouve plus le bouton pause et marche arrière.
Ceci amène cela. Je n'ai pas beaucoup d'estime pour moi; ça combiné au fait que je regrette souvent mes réactions fait que je me (et là je prends immensément sur moi pour l'écrire) mutile. Oui. Je suis des ces gens qui se tailladent les jambes, les bras, les mains, le visage avec un rasoir, un couteau, un angle de porte, mes ongles. Je ne sais plus combien d'histoire j'ai inventé pour cacher mes cicatrices. Je crois en fait que c'est trucs c'est entre un appel aux secours -on voudrait que les gens remarquent les plaies qu'ils nous disent Je sais ce que tu fais, tu vas pas bien, viens, viens; et la volonté de le cacher parce qu'on sait bien que les autres vont surtout dire Elle est folle celle-là; je l'ai trop souvent constaté.
Mais cette mauvaise énergie on va dire, cet état de transe, à la limite de la démence où je fais des crises de larmes, où je mange en vomissant à moitié, ou je tremble de tous mes muscles; cette énergie je l'utilise aussi ailleurs. Et cet ailleurs c'est l'imagination; ça me pousse à me dépasser, c'est dans ces moments là que je me donne les moyens de réussir, c'est là que je ponds des photos, des dessins, là que j'écris, que je colle, que j'invente. Et c'est un soulagement immense que de faire ressortir toute cette souffrance quelque part, que de dire, de crier ce qui me tourmente, m'harcèle, m'obsède.
Pour finir, j'aurais pu dire il y a encore quelques semaines que j'étais de ces gens qui avaient le goût du détail, l'amour des petites choses de la vie, mais voila, il y a environ un mois je me suis retrouvée sur des sites internet qui parlaient de suicide. Un réalisateur dont j'ai oublié le nom a dit un jour que "l'adolescence c'était le moment où il fallait choisir entre vivre et mourir" on va dire que j'ai pas encore fait mon choix et que ça, j'ai osé le dire à personne, et ça me rend triste de trouver (d'avoir ?) personne à qui le dire; si ce n'est à Blue* (avec qui j'ai osé évoquer la question bien après avoir regardé le sol du haut de mon sixième étage).
Je crois que j'ai -malheureusement, fait le tour.