En ce qui concerne l'idée que les hommes agresseurs représentent la majorité des hommes, les chiffres les plus récents que j'ai trouvé sont contenus dans
cette étude.
Toute l'étude est intéressante (elle soulève la question du fait que les femmes sont plus souvent victimes de personnes qu'elles connaissent, quand les hommes sont plus souvent victimes d'inconnus, de la violence conjugale, des profils des victimes selon leurs caractéristiques, leur âge et leur milieu, des suites auprès de la justice données selon les situations et les agresseurs, etc.), mais je ne citerais que cette partie par rapport à la question qui nous concerne !
En 2010 ou 2011, 5,1 % des 18-75 ans ont été victimes de violences physiques ou sexuelles
Au cours des années 2010 et 2011, 2,2 millions de personnes âgées de 18 à 75 ans ont subi des
violences physiques ou des
violences sexuelles , soit 5,1 % de la population de cette tranche d’âge
(tableau 1). Parmi ces victimes, 1 950 000 personnes ont subi des violences physiques ou des vols avec violence, 380 000 personnes ont subi des viols, des tentatives de viol ou des attouchements sexuels. Plus de 120 000 de ces victimes ont été soumises à la fois à des violences physiques et à des violences sexuelles.
Tableau 1 – Taux de victimation sur deux ans (2010-2011)
- Note : une personne peut avoir été victime de plusieurs actes de violence de types différents. Les effectifs et les pourcentages ne peuvent donc pas être additionnés directement.
- Lecture : 0,9 % des hommes, soit 190 000 personnes, ont été victimes de vol avec violence en 2010 et/ou en 2011.
- Champ : France métropolitaine, ensemble des personnes de 18 à 75 ans.
- Source : Insee, Observatoire national de la délinquance et des réponses pénales (ONDRP), enquête Cadre de vie et sécurité 2012.
On a donc, sur deux ans, 0,9% de l'ensemble de la population (hommes et femmes compris, avec 0,5% des hommes et 1,3% des femmes) qui est victime de violence sexuelle (perpétuées par les hommes et les femmes, avec une majorité d'hommes). Cela concerne 383 000 personnes, donc oui, c'est énorme, mais peu par rapport à la totalité de la population des 18-75 ans.
On pourrait y ajouter l'exhibitionnisme, les gestes déplacés, une partie des injures (puisque pas toutes sexuelles)... Mais là encore, aucun de ces taux ne dépassent les 13%, femmes et hommes en victimes et agresseurs compris, d'autant que les victimes et les agresseurs peuvent être les mêmes d'une annonce de violence à l'autre.
Ainsi, sans avoir de chiffres direct sur le pourcentage d'agresseurs parmi la population, on peut déjà se dire que la quantité d'épisodes de violence n'est pas suffisante pour que plus de la moitié de la population masculine (et donc une majorité des hommes) puisse se composer d'agresseurs. Finalement, le taux de victimes de violence est trop bas pour qu'il y ait autant d'agresseurs (bien qu'il soit déjà trop haut, hein, mais là n'est pas la question).
Bien entendu, ces taux peuvent être sous-estimés (ils doivent l'être, puisqu'on constate une hausse du nombre de plaintes depuis quelques temps, bien que cela ne soit pas évident à déterminer puisque les chiffres de cette étude de l'Insee ne se base pas uniquement sur les plaintes, mais aussi sur les personnes qui n'ont pas porté plainte). Mais ils ne le sont sans doute pas au point d'atteindre un pourcentage qui permettent de rendre crédible le fait d'avoir un taux d'agresseurs supérieur au taux de non agresseurs, parmi les hommes en l'occurrence.
Ajoutons qu'il manque à ces chiffres les taux concernant les victimes de violences sexuelles de moins de 18 ans, ce qui peut quelque peu fausser le pourcentage final. Il doit grossir le nombre d'agresseurs, bien que j'ai du mal à imaginer qu'ils gonflent suffisamment les taux.
Ainsi, qu'il y ait bien trop d'hommes à agresser des femmes, on est d'accord. Mais dire qu'ils sont une majorité d'entre eux, ça me semble plutôt improbable.
Ce qui ne veut pas dire qu'il ne faut pas parler des agresseurs. Juste que ça n'est pas faux de rappeler que la plupart des hommes n'agressent pas, et que ce n'est donc pas un comportement normal, que ça soit culturellement ou biologiquement.
Après, oui, rappeler que ça ne concerne pas tous les hommes quand on parle de violence sexuelle, c'est détourné un peu du propos. Mais si on en vient à des personnes qui ont l'impression que la majorité des hommes sont des agresseurs, comme vu dans les commentaires ici, eh bien ça peut être utile de rappeler ça. ^^'