J'ai vécu toute mon enfance et mon adolescence en campagne, à 5 km de tout.
Enfant c'était génial, je partais des après midis entiers dans la forêt avec mes soeurs sans que mes parents sachent où nous sommes sans avoir peur (j'ai du mal à imaginer mes propres gamins faire la même maintenant). Mais ça c'est gâté à l'adolescence. Le collège était à 20 km, un bus le matin, un bus le soir; que je commence à 8 ou à 11h j'arrivais à 8h etpicétou. J'étais dépendante du bon vouloir de mon père pour aller chez mes copines. Ma mère m'a interdit d'avoir un scooter, pourtant "essentiel" dans ma campagne pour être un minimum autonome quand on a 15/16ans.
Ma première fois sur Paris, j'avais 8 ans et c'était la meilleure soirée de ma vie! toute cette vie, cette ville qui ne dort jamais (quand mon village à 21 h tout s'éteint), j'en ai encore des papillons dans le ventre rien que d'y penser!
Arrive le lycée. Un bus le matin, un bus le soir. Je prenais en plus le train. La MORT. Et un début de liberté: je pouvais traverser la ville en bus; j'avais le droit de sortir quand je le voulais du lycée, mes parents me faisant confiance. Je passais mes mercredis après midi au macdo, puis au bar où toutes mes copines créchaient avant de rentrer.
Mais pendant 15 ans, je n'avais q'un seul but: vivre en ville, coûte que coûte.
J'ai vécu à Paris, puis en RP. Plus besoin de la voiture (très bien, j'avais pas le permis), puis dans une ville moyenne. Rencontre avec mon chéri. Envie de plus grand, pour moins cher: je retourne en campagne profonde. Mes enfants ont grandi en campagne, connaissaient leurs camarades depuis l'aire de jeu du village. Mais voilà. Moi je déprimais énormément. J'avais toujours ce rêve d'habiter définitivement en ville moyenne. Ne plus dépendre de mon mari pour faire les magasins ou autre (je n'ai toujours pas le permis). J'avais envie de plus de culture pour mes enfants, et dans mon village ou alentours, à part les vaches et les moutons, il n'y avait rien.
Ma fille est née. Son suivi à l'hôpital avec. L'hôpital où on allait 2, puis 3 puis 4 fois par semaine, 100 km aller retour. Pas de structures d'accueil pour elle pour "plus tard". Mon mari qui faisait l'aller retour pour son boulot tous les jours. Moi qui avait un pauvre mi temps qui n'évoluait pas malgré mes relances.
Quand la décision de passer à 5 séances par semaine a été émise par le personnel paramédical, on a pris la décision de revenir en ville. En 6 mois, on a trouvé notre maison, ma mutation a été acceptée, et on a déménagé.
Pas dans la ville même que je voulais, mais en agglomération proche. Des bus du lundi au samedi, de 6h à 20 h. Le boulot à 4 km où j'y vais en vélo (c'est bon pour mes cuissots!). Je peux sortir avec mes trois enfants sans que mon mari soit là. Ma famille vient très souvent nous voir. Jvois la plupart de mes amies toutes les semaines. On ne prend la voiture que pour les courses, mais on a le projet de s'acheter une remorque pour nos vélos et de ne plus avoir de voiture du tout. La libération.
On est en plus dans un quartier beaucoup plus calme que quand on était à la campagne (le comble!), dans une maison qui nous a couté moins chère que si on avait fait construire au village, les enfants sont à 800 m de l'école, 1 km du collège et le lycée ya des bus tout le temps. Une libération énorme.
quand je retourne chez mes parents, je m'ennuie trop vite. Cest pas si calme que ça: au moindre rayon de soleil, il y a toujours un voisin qui tond sa pelouse, question tranquilité, chez moi, c'est beaucoup plus calme! Le coté anonymat ne me gêne pas, au contraire. Je vous promets que s'arrêter toutes les deux min pour tailler une part de bavette au voisin ou à la voisine, ça me gavait! là maintenant, on entretient des relations cordiales avec nos voisins proches, mais ça s'arrête très vite et c'est très bien comme ça.