Un film sur Venus et Serena Williams ?! Ah non : sur leur daron

[Pauline Thurier]

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Un film sur Venus et Serena Williams ?! Ah non : sur leur daron

 

[ampw]

Je ne suis pas tout à fait d'accord.
Evidemment que les sœurs Williams sont fascinantes, et leur contribution au monde du tennis est une histoire à part entière. Mais on ne peut pas dire non plus que la figure du père dans leur cas n'est pas fascinante, d'une autre façon.

N'importe quelle histoire se raconte selon un point de vue, et ce serait dommage de voir le mal partout... Serena et Venus ont déjà publié des ouvrages autobiographiques qui ont connu de belles ventes, y comprit des albums jeunesse ultra cool sur leur enfance de petites filles sportives, et ont accordé des interviews incroyables.
On ne peut pas dire que leur histoire est invisibilisée au profit du père, pas dans ce cas-ci en tout cas.

 

[Rose_Eth]

Mais ce n’est pas l’histoire que racontera King Richard : le film choisit de s’appesantir sur le « père de ». Et on se demande si on ne pourrait pas, quelque part, y voir une énième marque quasi imperceptible de la société patriarcale — comme une façon de dire que les deux femmes les plus puissantes du tennis doivent, quelque part, leurs prouesses à un homme…

Et bien pour moi ce film est un grand OUI. Je m'explique : on ne met pas assez en avant les personnes qui restent dans l'ombre des sportifs de haut niveau et qui pourtant contribuent largement à leur succès.

Combien de parents accompagnent leurs enfants en compétition le WE, au détriment d'une sortie familiale ? Combien font face à des sacrifices financiers pour acheter du matériel ou financer un déplacement lors d'un tournoi (hébergement, nourriture, etc.) ? Combien sont-ils à ressentir eux aussi l'échec de leur progéniture en cas de coups durs ?

Les parents, qu'ils soient pères ou mères, méritent d'être médiatisés. Je ne suis pas d'accord avec ce passage dans votre article. On ne peut pas tout ramener à une lutte contre le patriarcat, ça serait trop facile. Ça manque de nuance, c'est trop manichéen.

Et je ne suis pas sûr que vous auriez réagi de la même manière si ce film était consacré à la mère des joueuses.

Bref, hâte de le voir.

 

[Mymy Haegel]

@ampw @Rose_Eth Notez bien qu'on pose la question, on n'affirme pas Poser un oeil féministe sur la culture, ça va aussi avec évoquer ces possibilités, ces interrogations — ici : qu'est-ce que ça dit, ce choix de figure centrale pour le film ? Mais il n'y a pas forcément de bonne ou de mauvaise réponse.

Et je ne suis pas sûr que vous auriez réagi de la même manière si ce film était consacré à la mère des joueuses.

@Rose_Eth En effet, le prisme des inégalités de genre ne donne pas le même résultat selon... le genre ! Les films sur le sport avec une figure principale féminine, surtout une mère, sont déjà rares, donc on n'aurait pas abordé le sujet de la même manière. On peut aussi se demander : est-ce que la mère Williams, sans le père, aurait pu pousser ses filles ainsi ? Est-ce qu'elle aurait été regardée de la même façon ? Est-ce qu'on aurait fait confiance à deux génies du tennis coachées par une femme et non par un homme ? Bref, ça pose encore plus de questions passionnantes ! C'est ça qui est beau avec l'analyse culturelle !

 

[Rose_Eth]

@Rose_Eth En effet, le prisme des inégalités de genre ne donne pas le même résultat selon... le genre ! Les films sur le sport avec une figure principale féminine, surtout une mère, sont déjà rares, donc on n'aurait pas abordé le sujet de la même manière. On peut aussi se demander : est-ce que la mère Williams, sans le père, aurait pu pousser ses filles ainsi ? Est-ce qu'elle aurait été regardée de la même façon ? Est-ce qu'on aurait fait confiance à deux génies du tennis coachées par une femme et non par un homme ? Bref, ça pose encore plus de questions passionnantes ! C'est ça qui est beau avec l'analyse culturelle !

Les questions sont intéressantes, mais hélas, nous n'aurons jamais les réponses.

 

[ampw]

Après, je suis curieuse de voir si le rapport au patriarcat aura sa place dans le film, sachant qu'elles ont commencé très tôt et que par la force des choses, leur père, un homme, était leur porte-parole pendant de nombreuses années, avant qu'elles ne soient en âge de prendre des décisions !

Et puis à titre perso j'avais adoré Will Smith dans Ali, alors je suis curieuse de le voir dans un autre film sur le sport

 

[CLG94]

Je trouve l'idée du film intéressant. A voir par la suite comment sont traités les sujets, les relations, la figure du père. Il me paraît difficile de juger sans avoir visionner le film.

 

[Mymy Haegel]

@Esturgeon On a encore le droit d'analyser un projet de film et de se poser des questions sans juger, non ? Tu vois où qu'on juge le film ? On peut encore « se demander » des choses ou « rester songeur » sans que ça ne veuille dire qu'on cloue une oeuvre au pilori, je pense.

 

[Lady Salmakkia]

Est-ce une vision patriarcale que de montrer sous cette forme de narration qu'un père croit en ses filles et pense qu'elles peuvent être autre chose que femme au foyer, coiffeuse ou secrétaire ? Je précise que je ne cherche pas à dévaloriser ces métiers, je fais juste état de situations/métiers qui souffrent du stéréotype de genre. Certes, une des motivations du père des soeurs Williams était l'argent (et ce n'est pas avec les emplois cités précédemment qu'elles auraient fait fortune). L'éducation qu'elles ont reçue a dû être très sévère et elles ont dû être privées de l'insouciance à laquelle elles auraient dû avoir droit pendant leur enfance (c'est un autre débat), mais est-ce un film patriarcal que d'aborder cette histoire sous l'angle d'un père qui est convaincu que ses filles peuvent devenir des championnes ?
Le succès de Venus et Serena Williams est indissociable de cet homme qui les a conditionnées, entraînées, coachées dès leur plus jeune âge. Il est logique qu'il occupe une place prépondérante dans le film.