@Sakuto perso je trouve beaucoup plus facile de comprendre/pardonner la dégradation de biens que la violence envers des personnes, parce que dans un cas on a une chose qui est abîmée, et dans l'autre, ben c'est une personne. Alors oui quelqu'un va devoir payer pour réparer la chose abîmée, mais au moins son intégrité physique est toujours intacte, ce qui n'est pas le cas quand la police tabasse/tue quelqu'un. Ça me dérange assez quand on utilise la dégradation des biens pour justifier les violences physiques parce que ça tend un peu vers sous entendre que la propriété vaut autant/plus que la vie/intégrité humaine (ce qui clairement est un des postulats non explicites qui sous-tend le système capitaliste, mais ça me fait toujours un peu mal de voir cette idée émerger dans ce genre de contexte).
(Et c'est pour ça que ça me dérange beaucoup plus de voir des mecs d'extrême droite sortir pour tabasser des jeunes isolés que de voir des émeutiers péter des vitrines, mais je vais laisser le bénéfice du doute quant au fait que je n'ai vu personne condamner ces actes/s'en indigner comme de la dégradation de biens au fait que les personnes qui déplorent les actes des jeunes en colère ne sont peut-être pas encore au courant)
Par ailleurs, je ne suis pas du tout d'accord qu'on peut excuser la police qui aurait des mauvaises conditions de travail. Je bosse dans des conditions de merde dans un job (sage-femme) où j'ai du pouvoir sur les gens dans un moment vulnérable, on manque constamment de staff et les deux tiers d'entre nous on des symptômes de burn out, des fois je m'occupe de personnes qui sont franchement pas faciles, bah quand je sens que je vais craquer, je vais pleurer un coup dans la treatment room ou boire un verre d'eau et je demande de l'aide, je ne me venge pas sur les personnes dont je m'occupe. C'est mon job en fait, j'ai choisi de le faire, j'ai la responsabilité de le faire bien, et si je sens que ce n'est pas possible, bah je peux changer de job/réduire mes heures, bref tout, mais pas être violente envers les personnes que je suis censée accompagner. Bah les policiers c'est pareil, et ils ont encore moins d'excuses qu'ils ont encore plus de pouvoir. Comme très bien résumé par Spider Man: "with great power comes great responsibility".
Et ça rejoint un truc qui me dérange de ouf avec l'institution qu'est la police et la police en général: la manière dont ils refusent en bloc d'admettre qu'il y a un problème systémique de racisme et violence dans l'institution. C'est constamment pointé du doigt, et les gars sont là en mode "LALALALA NON ON ENTEND PAS C'EST PAS VRAI" ou à dire qu'ils s'agit d'incidents isolés par des personnes isolées, ou que c'est la faute des personnes racisées, bref que c'est pas vraiment un problème. De nouveau, si je fais le parallèle avec mon job, il est ressorti de plusieurs rapports qu'il y a un problème de racisme systémique dans les services de maternité, puisque les femmes et bébés non blancs meurent plus que les femmes et bébés blancs. Est-ce que notre réaction ça a été de dire "pas du tout, c'est les femmes noires qui suivent pas nos conseils, c'est un peu leur faute en scred"? Non, tout le monde a été horrifié, et des trucs ont été mis en place à tous les niveaux pour essayer de résoudre le problème (même si je pense personnellement que ça ne pourrait être complètement résolu que si il y avait par ailleurs une volonté politique d'agir contre la pauvreté de la part du gouvernement, puisqu'on sait très bien qu'il y a une association entre être racisé, être pauvre et être en mauvaise santé). La police pourrait très bien faire pareil, sauf qu'au fond, il y a probablement une grande proportion d'entre eux qui ne considèrent pas ça comme un problème (au hasard, ceux qui votent extrême droite), et savent qu'ils n'ont pas besoin de faire quoi que ce soit parce qu'ils reçoivent du soutien de la population de toute façon (et le pire c'est qu'ils ont raison).
Bref je vais m'arrêter là pour aujourd'hui, parce que je sens que ce sujet me met profondément en colère et que ça touche à beaucoup de choses qui me déplaisent, m'attristent et me dépriment en France aujourd'hui, mais aussi de manière plus large ailleurs.