Ecrire à son soi-enfant

[DamePatience]

Bonjour,
Il y a quelque temps, j'ai fait des séances d'hypnose qui ne m'ont pas aidée autant que je l'aurais aimé, mais l'hypnothérapeute m'a suggéré d'écrire une lettre à ma mère (à qui j'attribue pas mal de mes problèmes), et également à la petite fille que j'étais.
Alors je n'oblige bien évidemment personne à répondre à cette question, mais j'invite tout de même à la réflexion : si vous aviez possibilité d'écrire une lettre à l'enfant que vous étiez, que lui écririez-vous ?

 

[Blynn]

J'ai eu la chance d'avoir une enfance plutôt heureuse grâce à un cadre familial chaleureux et aimant mais j'ai beaucoup souffert de ma timidité maladive et de mes complexes dans le contexte scolaire jusqu'à la fin du lycée. J'ai traversé des épisodes dépressifs au collège notamment, avec un grand sentiment de solitude. Je dirais donc à mon moi-enfant : ne t'inquiètes pas, ce qui te parait insurmontable maintenant ne durera pas, tu trouveras confiance en toi à l'âge adulte, même si tu vivras encore des moments douloureux tu seras suffisamment bien entourée pour y faire face. Tu vis le plus dur maintenant, l'avenir proche sera plus doux.

 

[DamePatience]

@Blynn Comme quoi, on peut avoir une enfance heureuse et avoir des problèmes de confiance en soi, de timidité. Tu sais à quoi c'est dû ? Ou c'était peut-être juste une question de caractère ?

 

[BravoCharlie]

@DamePatience je trouve ton exercice très sympa. J'ai entamé pendant ma grossesse quelque chose de ce style quand on s'est aperçu que mon principal problème était mon enfance, ma relation avec ma maman et la projection que j'avais peur d'en faire sur ma propre fille. Et travailler sur l'enfant que j'étais (je suis) a été très difficile. Ce n'est d'ailleurs pas terminé.
Je pense qu'écrire une lettre à moi enfant, c'est encore une étape trop lourde émotionnellement. Cela étant, je lui dirais que les parents ne sont pas parfaits, que tous n'ont pas non plus vocation à l'être et que leur manque d'attachement ou de tendresse ne vient pas toujours de ce que l'on est, en tant qu'enfant, mais de ce que eux sont en tant qu'adultes voire parents. Que non, elle n'est pas une enfant insupportable, colérique, intenable, qu'on ne pouvait pas sortir mais qu'elle a manqué de tant de cette tendresse et de cette attention qu'elle la cherche en tout. Alors le ver n'est pas en elle, il est en plein de choses mais surtout pas qu'en elle. Et qu'elle aurait dû avoir ce dont elle avait besoin, seulement sa famille n'est pas faite pour être une famille. Elle le verra quand elle créera la sienne : on peut difficilement traiter comme elle a été traitée, une personne que l'on aime tant, que l'on a passion à découvrir et protéger. Que ce n'est pas sa faute ou pas seulement en tout cas, qu'elle était trop petite pour porter la responsabilité de la santé mentale de sa maman.

Bon, rien que ça, c'est déjà un bon morceau. En fait, je crois que plus qu'une lettre ou des mots, je la protègerais physiquement (je n'ai pas subi de violences physiques, mais la tendresse physique m'apaise beaucoup), je l'entourerais fort et entièrement. Comme je le fais avec ma fille maintenant.

 

[DamePatience]

@BravoCharlie C'est marrant, je ne veux pas d'enfants justement pour ne pas reproduire les erreurs que ma mère a commises avec moi, ou pour ne pas passer dans l'autre extrême. Enfin, je suppose qu'on n'est pas des exceptions à craindre d'être influencés par nos relations à nos parents.
En tout cas j'aime beaucoup cette idée de protection et de tendresse qui ressort de ton message, c'est vraiment très important même si tous les parents ne s'en rendent pas compte, et ne sont pas toujours faits pour être parents. J'aime aussi cette idée de déculpabilisation. C'est tellement compliqué, parfois, de se dire qu'en fait, nous, on n'a rien demandé, on n'y est pour rien.

Spoiler: Anecdote

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[Blynn]

@DamePatience Je pense que c'est d'abord une question de caractère, j'étais calme et réservée étant enfant, je le suis toujours adulte. Mais au-delà de ça, je suis tombée sur de mauvaises personnes dès l'école primaire (avec le recul je me rends compte qu'il y avait beaucoup de cas de harcèlement dans les écoles/collèges où je suis passée) donc je me suis encore plus fermée aux autres toute ma scolarité. Il n'y a qu'à l'université (en master donc relativement tard) que j'ai commencé à prendre confiance en moi.

 

[LavraiLilith]

@BravoCharlie je trouve ça super que tu aies eu l'intelligence de faire ce travail pendant ta grossesse. Ta fille a beaucoup de chance de t'avoir comme mère.

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@DamePatience

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[DamePatience]

@Blynn Ah oui, c'est vrai que l'environnement dans lequel un enfant évolue est également très important et peut laisser des traces, il n'y a pas que les parents qui ont la main là-dessus. En tout cas, c'est super que tu aies pu dépasser ça et prendre confiance en toi, même si ça a pris du temps. Tu as consulté ou tu as réussi par toi-même à effectuer ce travail ?

@LavraiLilith L'humain est imparfait. Ca arrive à tout le monde de faire des erreurs. Ce qui compte, c'est de s'en rendre compte et de corriger le cap. Après, je sais que c'est facile à dire, pour moi qui, justement, n'ai pas voulu d'enfant pour ne pas commettre d'erreurs. Mais tu vois, si je ne peux pas trop parler en tant que mère, je peux le faire en tant qu'enfant. Si ma mère me disait "oui je sais, j'ai merdé là et là", sans même s'excuser mais juste admettre ses torts, qu'est-ce que ça me ferait du bien !
Le fait que tu aies pu en parler avec ta fille, que tu aies osé aborder le sujet montre que tu es une bonne mère et que tu fais de ton mieux. Je crois que c'est vraiment le plus important.
Je suis désolée de te mettre les larmes aux yeux mais tout de même contente que ma question t'interpelle

Spoiler: Et oui, Matt Damon !

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[lolanavy]

Ca semble être une bonne idée, mais ça me brise trop le coeur d'écrire à la moi enfant tout ce qui l'attend dans son adolescence et son début de vie d'adulte. Je pense que je préfèrerais ne rien lui dire afin de lui éviter l'angoisse de savoir ce qui lui arrivera.
J'ai l'impression que ça serait injuste. Vous en pensez quoi ?

Par contre une lettre aux gens qui m'ont fait du mal... J'avais fait quelques pages Word entre mes 18 et 21 ans en m'adressant à quelques personnes, des ex, des crush... La lettre à ma mère je suis pas prête je pense.

 

[Blynn]

@DamePatience J'ai consulté psychiatre et psychologue durant l'adolescence mais je n'en ai rien tiré. Je pense que j'ai pris confiance en moi en rencontrant les bonnes personnes (mon conjoint, ma directrice de thèse qui a été une vraie mentore pendant 5 ans) et en m'appuyant sur ma famille.

 

[DamePatience]

@lolanavy Alors non, l'idée c'est pas de lui dire tout ce qui l'attend, à cet enfant. Je pense que c'est plutôt lui décrypter des situations qu'il a vécues pour éviter que ça ne laisse des traces même une fois adulte.
Par exemple, pour reprendre mon cas, je pourrais lui écrire que ce qui lui arrive, ce n'est pas sa faute, que ce n'est pas qu'elle ne mérite pas d'être aimée ou qu'elle ne vaut rien. C'est juste que sa maman est maladroite, toujours trop occupée par son nouveau mari. C'est juste que sa grand-mère préfère son frère parce que c'est le plus petit. Et que son père est radin, donc il préfère son argent à ses enfants. Mais rien de tout ça ne signifie que cette petite fille ne mérite pas qu'on s'occupe d'elle, qu'on l'aime et qu'on la considère.

@Blynn C'est super que tu aies pu t'entourer des bonnes personnes et rebondir. Tu es une warrior !

 

[LavraiLilith]

Après avoir bien réfléchi, je crois que je dirai juste à la minie VraieLilith qu'elle est VRAIMENT belle, et de ne pas croire les gens qui lui diront l'inverse.

Spoiler

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