Cela fait quelques temps que je lis Madmoizelle, et on peut dire que cela a beaucoup participé à une grosse prise de conscience. Surtout sur les questions du harcèlement et du consentement. Les choses ont vraiment bougé ces dernières années, et c'est tant mieux. Je me dit "il y a 10 ans cette histoire que je viens de lire aurait été banale, une simple histoire de mec un peu relou et d'une fille amoureuse qui veut faire plaisir à monsieur". Mais grâce à Madmoizelle et aux Madz, ce n'est plus possible, les gens ont changé, et nous avons fini par ouvrir les yeux, enfin. Le viol comme on l'a déjà dit ce n'est pas une histoire de malade mental dans un parking mal éclairé... Et moi aussi (et c'est ce moi AUSSI qui me choque le plus car j'ai l'impression que toutes les madz ont vécu ce genre de chose), j'ai compris que j'avais vécu un truc pas net, je ne dit pas que c'était un viol, mais ce n'était pas normal. Et ça je ne l'ai compris qu'il y a un an, 10 ans après. J'avais 14ans, avec 3 potes (2mecs et 1 fille) on a voulu prendre une cuite, c'était ma 1ere. Je ne savais pas encore comment boire et j'ai bu une moitié de bouteille de vodka en 1/4 d'heure à moi toute seule (oui à l'époque je pensais que quand tu buvais tu étais soûle tout de suite,donc ne sentant pas l'effet immédiat j'ai un peu forcé). Et bam, grosse descente de l'horreur, trou noir toutes les 2min, me retrouvant dans des endroits différents à chaque fois sans savoir comment. Nous étions dans le stade municipal, et (je pense) avec un des deux mecs (un ex) on s'est roulés dans l'herbe, on s'est embrassés et il s'est mis à mettre sa main dans ma culotte, à me pénétrer avec ses doigts. Je ne lui ai pas dit non, et avec le recul je ne sais pas si je le voulais ou non, mais ce qui est certain c'est que j'étais tellement bourrée que j'arrivais à peine à comprendre ce qui se passait, que je ne voyais plus rien et que j'étais une loque. Je me rappelle lui avoir dit "mais tu sais que ce n'est pas toi que j'aime", "je ne t'aime pas", mais je me laissais faire passivement et en pleine crise de rire. A l'époque dans mon collège on avait une vision très malsaine du sexe, très basée sur "celle qui couche est une pute mais les mecs lui parlent, les autres sont des thons, des coincées". Alors ça n'a pas choqué les autres. Ni moi sur le coup. On a même fini l'aprèm en rigolant tous ensemble. Je suis rentrée chez moi et le lendemain je me suis dit avec honte que j'avais abusé, j'étais gênée de mon comportement. Le lendemain nous nous sommes revus et ce connard vous savez ce qu'il m'a dit? "T'es vraiment une pute d'avoir fait ce que tu as fait hier, t'es vraiment une salope", il me dénigrait parce que je m'étais laissée faire. Bien-sûr je lui ai répondu "on était deux", mais il n'a pas relevé. Et c'est 10 ans plus tard en racontant ça à 2 amies que j'ai compris que non ce n'était pas normal, et que je n'avais pas à me dire que j'étais une salope quand j'étais plus jeune. Ce jour là je n'étais juste pas du tout en mesure de dire oui ou non et ce garçon aurait dû s'abstenir. C'est lui qui avait un problème avec sa sexualité.