Mon père est ingénieur. Quand il est stressé, il résout des équations imaginaires dans sa tête... Les maths lui font le même effet que la musique ou la danse sur moi !
Quand au collège, il m'expliquait les maths, il m'engueulait (je pleurais quasi-systématiquement) parce que je comprenais pas assez vite (et en plus, pour expliquer une notion apprise en cours, comme il ne se souvenait pas des règles, il les déduisait donc je comprenais encore plus rien parce que j'étais/peux encore me montrer d'ailleurs très scolaire et puis v'la, j'étais en 4è quoi). Le truc marrant, c'est que tous mes copains ont toujours été des matheux, des bac S, des ingénieurs *Oedipe, my love* alors que je suis un stéréotype de bac L avec ma sensibilité artistique et mon 5 au bac de maths..
Faut dire aussi qu'en CE1, je me souviens qu'on avait deux instit's : une pour le français et une pour les maths. J'adorais ma prof de français et c'était facile pour moi. J'étais/me sentais déjà nulle en maths et me souviens d'une feuille d'exercices annotée de 3 zéro sous mes yeux en rouge. L'enfer. Après, ça s'est jamais arrêté : je me suis faite humiliée au tableau jusqu'aux larmes parce que je comprenais rien, je me suis faite déchirée avec un 4 en maths au lycée avec vous savez, ce type de prof qui enfonce bien le clou devant toute la classe sur son incompréhension face à ta supposée totale nullité (une fois j'ai réussi à avoir un 18, je sais pas pourquoi, ni comment, à croire que c'est réellement un blocage).
Mon copain d'aujourd'hui est ingénieur donc et il est bien logique et terre-à-terre (l'inverse de moi quoi) (ceci dit, mon père est matheux et pas forcément logique et terre-à-terre au quotidien donc y a pas de lien en fait..). Il m'a un peu réconciliée avec les maths et il m'a montrée, vraiment, comment je pouvais avoir besoin de quoi dans des situations pratiques. Je le savais déjà bien sûr (souvenez-vous de la part de gâteau) mais c'est juste que là, il me disait "bon, allez, ça tu peux le calculer de tête/si tu fais preuve d'un peu de logique, comment tu peux faire, etc." Je lui en suis très reconnaissante et je comprends qu'on puisse trouver ça fun voire même poétique au final..!
Je pense que les maths = LA SCIIIIIIIIENCE. Alors que les cours d'arts plastiques ou d'éducation civique, j'imagine que ça n'a jamais fait peur à personne vu le pauvre temps qu'on y passe. Pour les arts plastiques, les gens peuvent dire "bon, ben je suis nul" et ils passent à autre chose. Personne va jamais dire à quelqu'un d'autre "Quoi, tu sais pas dessiner ?!" sauf au Pictionnary. C'est pas valorisé socialement, dans le sens où ça rapporte pas de flouz, ça "sert à rien" (on me l'a déjà dit) (ça produit rien l'art, tu peux pas construire une chaise avec un marteau et des clous avec l'art) en plus, c'est souvent ramené au "génie", à "l'inspiration", à un truc impénétrable donc si tu sais pas faire, c'est que t'es pas touché par la grace, pas que t'as pas assez bossé. Quant à l'éducation civique, tout le monde s'en fout, les profs (que j'ai eu) les premiers. Bref, je pense que ça tient au statut de la science. Et en général, au regard qu'une société pose sur toute chose et à l'importance qu'elle lui donne socialement, économiquement, toussa, ce qui se manifeste en temps passé dessus par exemple.
Quand tu veux démontrer qqch aujourd'hui et te faire prendre au sérieux, t'invoques pas l'expérience de Tonton Jacques ni te réfère à la Bible, t'invoques... "La Science" (parfois correctement, parfois n'importe comment). Par ailleurs, les filières scientifiques sont celles vers lesquelles les parents veulent diriger leurs enfants parce qu'elles laissent (soi-disant ?) plus de portes ouvertes et offrent plus de passerelles --> ça ouvrirait vers des fonctions de type cadre --> plus de thunes --> réussite sociale comme dit
@Morpheme --> JACKPOT, t'as réussi ta vie ! --> grosse pression. De mon côté, c'est clairement ça je pense. Mon père a quitté un pays pauvre en faisant des études d'ingénieur et il a réussi (selon la définition donnée avant). Il est la fierté de la famille. Ses coups de pression a posteriori, ne m'étonnent donc pas.