"Il est plus dur d'être une femme que d'être un homme"

26 Novembre 2005
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Lille
Françoise Héritier est l'une des grandes figures de l'anthropologie mondiale contemporaine, successeur de Claude Lévi-Strauss au Collège de France.
Elle publie cet été, aux côtés de la politologue Nicole Bacharan, de l'historienne Michelle Perrot et de la philosophe Sylviane Agacinski, un essai passionnant : La Plus Belle Histoire des femmes.

Ce bouquin nous raconte la génèse et l'évolution de la condition féminine depuis Cro-Magnon(ne) jusqu'à aujourd'hui. Ouvrage réjouissant et salutaire, qui permet de prendre la hauteur nécessaire pour saisir l'importance et les enjeux du combat féministe, loin des débats à la petite semaine que nous imposent depuis deux mois les rebondissements de l'affaire DSK.

Dans une interview accordée récemment à Marie-Laure Delorme, journaliste au JDD, Françoise Héritier a livré l'essence de sa pensée.

Extraits :

JDD : vous avez découvert que, partout et toujours, le masculin est considéré comme supérieur au féminin.

Françoise Héritier : il y a des différences selon les cultures et les époques. Mais il n?existe pas de société humaine qui soit fondée sur l?idée de pouvoir entre les mains des femmes. Je pose la question de manière anthropologique : pourquoi cela s?est-il produit ? On s?aperçoit vite que la version essentialiste, qui justifie la hiérarchie par une nature, masculine et féminine, est fausse. Nous avons affaire à la création d?un modèle par l?esprit. Nos ancêtres voulaient comprendre le monde et lui donner du sens avec les moyens dont ils disposaient. Leur pensée butait sur des faits irrécusables : 1) le monde animal est marqué par la différence des espèces mais il y a, pour chacune, deux sexes ; 2) il faut la copulation pour qu?il y ait des enfants ; 3) seules les femelles ont la capacité de faire des enfants des deux sexes. Elles reproduisent à l?identique leur corps et elles reproduisent également un corps différent d?elles. Il s?ensuit qu?un rôle premier a été attribué aux hommes dans la fécondation : s?il faut le coït, c?est que les hommes mettent les enfants dans les femmes.

JDD : il y a donc un lien entre fécondité féminine et domination masculine.

FH : oui. Cette réflexion, au fil des millénaires, a entraîné la domination masculine. Si les hommes mettaient les enfants dans les femmes, il importait que chaque homme ait à sa disposition une femme pour lui faire les enfants qu?il souhaite avoir. Cela suppose une appropriation du corps des femmes, et comme ce corps donne en plus du plaisir, cela devient important. Il s?est produit, en même temps, une prise de conscience collective décrite par Claude Lévi-Strauss : la nécessité d?accepter l?Autre en se mariant avec lui pour avoir une société pacifiée. L?humanité se dote ainsi de la prohibition de l?inceste qui oblige à se marier à l?extérieur du groupe. Les hommes gardent filles et soeurs pour les échanger avec les filles et les soeurs d?hommes appartenant à d?autres groupes consanguins. On crée ainsi la société. La valence des sexes existait donc déjà puisque ce sont des hommes qui échangent filles et soeurs et non pas le contraire. La mainmise en esprit et en réalité du frère et du père va passer au mari. Cette mainmise sur les corps et les destins est assurée, au fil du temps, par des privations (d?accès au savoir et au pouvoir) et par une vision hiérarchique marquée du sceau du mépris et de la condescendance.

JDD : comment voyez-vous l?avenir des femmes ?

FH : le modèle archaïque masculin est universel mais pas éternel. L?humanité actuelle procède des mêmes souches qui ont donné aux mêmes questions les mêmes réponses. Mais c?est un modèle créé par l?esprit. Il n?est pas là par nécessité biologique. Il peut donc être remplacé. Il a été créé par nos lointains ancêtres à partir de données vraies mais superficielles. Ils en ont tiré des conclusions fausses parce qu?ils ne pouvaient pas connaître l?existence cachée des ovules et des spermatozoïdes. Il a fallu attendre le début du XXe siècle pour qu?on accepte, dans les milieux biologiques, l?idée qu?il fallait pour la fécondation la coopération de l?homme et de la femme. Le savoir et la contraception ont été essentiels dans la libération des femmes.

JDD : l'histoire des femmes est une histoire douloureuse.

FH : c?est objectivement plus dur d?être une femme que d?être un homme parce que les hommes ont pris l?habitude de se faire servir. La Plus Belle Histoire des femmes montre que les femmes intériorisent leur état de dépendance mais, aussi, qu?il s?est toujours trouvé des hommes et des femmes pour réfléchir et lutter.

L'intégralité de l'interview est à lire ici.

La Plus Belle Histoire des femmes est éditée au Seuil et coûte 18?53 à la Fnac

Que pensez-vous de ce que nous dit Françoise Héritier ? Comme elle, êtes-vous convaincues que "c'est objectivement plus dur d?être une femme que d?être un homme" ? Pensez-vous que votre génération parviendra à bousculer la donne ?
 
21 Février 2007
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Steinseltz
Je pense comme laoranamoana, bon à mon avis ça dépend aussi de la capacité qu'on a ou non à se faire respecter etc. Il y a des dizaines d'années ok, quand les femmes n'avaient pas le droit de vote ou d'avorter par exemple, mais je pense que de nombreux progrès ont été faits et que le problème est de moins en moins d'actualité.
 
22 Septembre 2010
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Carcassonne
FH : oui. Cette réflexion, au fil des millénaires, a entraîné la domination masculine. Si les hommes mettaient les enfants dans les femmes, il importait que chaque homme ait à sa disposition une femme pour lui faire les enfants qu’il souhaite avoir. Cela suppose une appropriation du corps des femmes, et comme ce corps donne en plus du plaisir, cela devient important. Il s’est produit, en même temps, une prise de conscience collective décrite par Claude Lévi-Strauss : la nécessité d’accepter l’Autre en se mariant avec lui pour avoir une société pacifiée. L’humanité se dote ainsi de la prohibition de l’inceste qui oblige à se marier à l’extérieur du groupe. Les hommes gardent filles et soeurs pour les échanger avec les filles et les soeurs d’hommes appartenant à d’autres groupes consanguins. On crée ainsi la société. La valence des sexes existait donc déjà puisque ce sont des hommes qui échangent filles et soeurs et non pas le contraire. La mainmise en esprit et en réalité du frère et du père va passer au mari. Cette mainmise sur les corps et les destins est assurée, au fil du temps, par des privations (d’accès au savoir et au pouvoir) et par une vision hiérarchique marquée du sceau du mépris et de la condescendance.
Y aurait-il eu des développements récents en archéo de la préhistoire dont nous ne savons rien? Non parce que dernièrement, les informations sociologiques sur l'organisation des groupes étaient plus que maigres. En fait nous n'en avons quasiment aucune. On sait que les femmes changeaient de groupe plus facilement que les hommes mais pas la raison de cette tendance. Alors affirmer au débotté que ce sont les hommes qui échangeaient les femmes pour pouvoir se reproduire me semble un argument franchement fallacieux.

Sinon je ne pense pas que la vie soit plus dure que l'on soit un homme ou une femme. En revanche, les exigences de comportement selon le genre sont un énorme problème pour les individus quels qu'ils soient.
 
27 Juin 2010
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J'ai mis "Non, c'est du pareil au même", parce que je pense qu'on a tous nos propres problèmes à nos échelles de vie.
Après, j'avoue qu'il est 02h34, je suis fatiguée et je ne me suis pas trop penchée sur la question :lunette: Donc bon, avis "rapide" on va dire
 
A

AnonymousUser

Guest
Je pense qu'il n'est pas plus difficile d'être une femme. En disant je ne me base pas sur un plan général, mais sur une échelle nationale, en gros je ne parle que de ce que je connais, la France.
Je pense qu'à partir du moment où l'on ne rentre pas dans la moule des comportementaux, attitudes propre à notre sexe il sera forcément difficile d'être une femme ou un homme.
Je ne suis pas d'accord avec Françoise Héritier qui considère que la position archaique de l'homme en tant que "dominateur" donne l'avantages aux hommes. Je pense que cela peut aussi exercer une forme de pression sur les hommes. Pour illustrer ma pensée, on peut prendre pour exemple le fait que les difficultés à tomber enceinte auquel peuvent faire face certaines femmes inspirent en général de la compassion, de l'empathie de la part des gens. On ne voit pas de la même façon un homme impuissant (c'est d'ailleurs un sujet assez tabou)cela fait souvent naître un sentiment de culpabilité, certains voient même ça comme un manque de virilité. Je ne pense pas que tout les hommes vivent cette position de "dominateur" comme un avantage par rapport aux femmes.
(Je reviendrais compléter tout ça :cretin:)
 
26 Juin 2007
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caen
J'ai voté "oui, à condition sociale équivalente"
Mais ceci est à nuancer. Je m'appuie sur mon propre vécu, tout d'abord dans mes études où j'ai été la seule fille, et où j'avais le sentiment d'avoir toujours quelque chose à prouver en plus. Genre les mecs de ma classe avaient la possibilité d'être nuls en dessin industriel ou de glander en cours de méca, alors que moi, je sentais comme une épée de damoklès au dessus de ma tête. Si j'étais pas à la hauteur dans une matière "de mec", on m'aurait demandé ce que je fous là, et pourquoi je suis ici plutôt qu'en secrétariat.
Et au boulot, pareil, il faut d'abord prouver qu'on sait faire, et on a bien moins le droit à l'erreur qu'un homme qui est dans son élément et dont on ne remettra jamais en cause la présence à son poste, à moins qu'il soit archi-nul. Nous on peut pas être nulle ni moyenne, on doit être mieux pour avoir le droit de rester.

Edit : d'ailleurs j'ai pas supporté cette pression, aujourd'hui je cherche à me reclasser dans un métier plus "mixte"
 
16 Février 2009
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Je suis d'accord avec Lilou et Zolotoï en même temps.

A l'échelle de l'individu, la répartition des rôles déterminée par nos ancêtres il y a des siècles peut être extrêmement pesante, pour les femmes aussi bien que pour les hommes. Il y a toujours des personnes qui ne se reconnaissent pas dans les modèles qu'on leur propose (ou impose?)

Mais à l'échelle de notre société dans son ensemble, l'avantage va clairement aux hommes, et ce, dans de nombreux domaines : travail, politique, famille, médias, etc.

En tout cas, ce livre me parait bigrement intéressant, à mettre entre pas mal de mains!
 

Malaussène

Revenante
22 Août 2007
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Paris
Iaoranamoana;2383556 a dit :
On pourrait continuer longtemps comme ça. Je trouve ça étrange (et un brin sexiste) de dire qu'il est plus facile d'être un homme alors que nous n'avons jamais vécu une journée dans leur bottes. Les préjugés sont présents des deux côtés, les inconvénients aussi. Alors oui on peut me dire répartition des tâches, égalité salariale tout ça tout et je suis bien d'accord. Mais ça ne suffit pas pour dire qu'il est plus facile d'être un homme.

Ben, euh... Si.
Enfin, je veux dire on ne peut quand même pas mettre au même niveau les railleries que peuvent subir des hommes qui font des choix apparaissant comme "moins conventionnels" et les discriminations, toujours bien présentes malgré les progrès réalisés dans notre pays, dont sont victimes les femmes.
Je suis pas fan de l'idée d'une "échelle de la souffrance", mais le "tout est relatif" ne me plaît guère plus.

Je ne sais pas, il me serait absolument impossible de répondre "c'est du pareil au même" tant que l'égalité des droits n'a pas été acquise ! J'arrive pas à comprendre en fait, au regard de l'étendue des discriminations envers les femmes, même dans les pays occidentaux, qu'on puisse tenir ce genre de discours.
 

Malaussène

Revenante
22 Août 2007
3 354
671
5 024
Paris
Je me demande si le malaise ne vient pas en fait de la façon dont la question est posée, et dont on la comprend.

Pour moi, "plus dur" signifie qu'il y a plus de barrières, moins de droits accordés aux femmes. Et d'après les études que j'ai pu lire, il ne fait aucun doute que notre société est encore fortement marquée de cette domination masculine.

En revanche, je ne nie pas qu'on cherche aussi à enfermer les hommes dans un moule. Et que celui qui cherche à s'écarter de la norme est très souvent montré du doigt, raillé, rejeté (dans le meilleur des cas), quand on ne ne parle pas carrément d'agression physique. En ce sens, il me semble aussi difficile pour un homme de sortir du "modèle imposé" que pour une femme.

En fait, c'est juste que le moule qu'on a donné aux hommes me semble plus vaste, et un peu plus confortable aussi, que celui réservé aux femmes (:


(oh ! et mon propos concerne la France, hein. il y a de nombreux pays pour lesquels, en revanche, il me serait impossible de modérer mon discours)
 
1 Octobre 2010
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le raincy
Bon, pavé powaaahhhh !

J'ai lu pas mal d'articles sur le féminisme et la condition féminine, son évolution, etc en général lors de ma prépa (merci les cours de culture G), et très honnêtement, j'ai répondu "Oui, c'est évident".

Je ne sais pas trop comment on peut répondre par la négative et être une femme en même temps (qui a dit radicale ?)

Personnellement, comme pas mal de fillettes, je ne faisais pas la distinction des sexes... Je jouais d'ailleurs plus avec les garçons, ou à des jeux "mixtes", voire considérés comme "masculins", étant petite, car les baigneurs et autres me débectaient, et je ne voyais pas comme on pouvait s'amuser avec des trucs pareils, alors même que ma cousine en avait et ne touchait pas aux Legos par exemple. Bon, le fait d'avoir un grand frère a peut être aidé aussi.

Mais arrivé l'âge pré-pubère, c'est-à-dire vers la fin du primaire et le début du collège... Je me suis pris un mur. Vlam ! Là, dans ce monde si particulier, il ne fallait plus guère croire que les filles étaient l'égal des garçons/ qu'on pouvait jouer ensemble comme avant etc. Oh que non. Sexualisation et différenciation des genres, bonjour. Les nanas qui se fardaient la trombine dès le CM2 étaient mieux acceptées, tout comme celles qui se différenciaient par leur "bonnasse attitude"... ou tout simplement leur comportement "féminin": c'est-à-dire une grosse caricature, hein, parce qu'à cet âge là... (En tout cas, ça s'est passé comme de mon côté, et ça n'engage que moi). J'ai d'ailleurs mis un certain temps avant de pouvoir m'approprier tout un tas de choses considérées comme des attributs typiquement féminins (jupes, robes, talons...) pour les raisons précédentes: je les associais avec ces filles, en lesquelles je ne me reconnaissais absolument pas.

Bref. Tout ça pour dire que j'ai senti assez tôt que tout ne serait pas aussi simple pour moi, qui ne me sentais pas "fille", mais plutôt "humain", que pour mes anciens petits camarades de jeu, qui eux se calquaient bien sur ces nouvelles identités sexualisées et tout ce qui va avec.

Je le ressens encore aujourd'hui. Partout. Je suis peut être un peu parano, qui sait, et on va dire pour faire dans le terme générique, que je ne suis qu'une de ces "foutues hystériques féministes". Je ne sais pas si certaines ont lu ses livres également, mais j'ai retrouvé pas mal des mécanismes que j'avais observés IRL dans les livres de Soral, notamment sa "Sociologie du drageur"... Qui est assez fun à décortiquer (tout n'est pas à prendre au premier degré, hein!), notamment sa classification des différents types de femmes. Dans le même registre, on a aussi "Abécédaire de la bêtise ambiante"...Bref.

Pour en revenir au sujet, je pense que tout cela est intimement lié au fait que les femmes puissent enfanter. Dans des articles que j'ai lu (Il faudrait d'ailleurs que j'en retrouve les références pour pouvoir les publier ici), il était exposé le fait que dans beaucoup de sociétés, en essence (Je ne vais pas tout développer, et mes souvenirs sont lacunaires. Contexte également: le passé biiiiiennn lointain/archaïque), les hommes étaient fascinés par le fait que les femmes possèdent le pouvoir "magique" de donner la vie. Dépossédés qu'ils étaient de cette option (Le fait de porter l'enfant et de donner naissance), il ont essayé de la contrôler, ce qui passait par le contrôle du corps de la femme. Ainsi, cette dernière a t elle été considérée comme une marmite/un creuset/un four dans lequel l'homme déposait sa semence pour créer la vie.'Voyez le rapport passivité et activité ici? D'acteur relativement central et actif, la femme est passée au statut "réceptacle"/matrice passive. Ce genre de rapport homme/femme a évidement évolué depuis, mais il est encore présent dans nos sociétés.

Personne n'évoque les pensées antiques gréco-romaines ? Qu'à cela ne tienne ! Je ne sais plus quel penseur grec (les cours sont loin !) affirmait que la femme pouvait mettre au monde différents types d'enfants selon leur apparence et leur caractère (du plus parfait au plus imparfait ici): un garçon ressemblant à son père, un garçon ressemblant à sa mère, une fille ressemblant à son père, le pire étant une fille ressemblant à sa mère (une reproduction sans amélioration, en somme). Je ne résume pas les pensées et les théories ou le lègue de l'antiquité à celle-ci en matière de rapport homme/femme, bien entendu, mais je sais que ce passage là m'avait relativement marqué, du moins assez pour qu'il me revienne à l'esprit maintenant.

(D'ailleurs, et je ne sais pas si la corrélation est bonne, mais vous avez vu que les américains ont décidé il y a peu de revoir les programmes de sciences nat' et bio en insistant moins sur les différences hommes/femmes pour plutôt s'intéresser aux capacités humaines en général? Ce qui a provoqué un tollé chez les Chrétiens là bas ?)

Bref.

Un article pas mal non plus sur la question, c'est celui du "Rape society" posté en lien sur le blog de Maïa il n'y a pas si longtemps que ça, et qui fait état de la violence de la société en la matière, et ce au quotidien.

Dans la vie de tous les jours: inégalités salariales, que les gouvernements successifs mentionnent toujours dans leurs programmes mais ne traitent pas (euh, les 20%, on va encore se les farcir longtemps?), traitements différents en entreprise, tabous à ne pas mentionner, ou visions limités et réactionnaires, traitements différents des individus selon leur sexe tout court et leur rapport au sexe aussi ...

Ca me fait d'ailleurs penser à un truc, anecdotique, mais révélateur à mon sens : le traitement des joueurs dans les MMORPG ! Putain le truc. Dès le moment où tu dis être une nana, bam ! Changement radical du comportement des autres joueurs. J'étais dans une guilde de mecs, faut le préciser. D'autres filles ont préféré ne pas révéler leur ID de genre, et mon dieu, c'est encore la meilleur option ! Encore que. Quand on refuse d'aller sur TS, Mumble ou encore Skype, ou qu'on y participe en "muet", on s'attire des remarques et les suspicions fusent. Quand tu écris correctement, là encore, les gens sont méfiants, c'est pour dire x) A croire que les fautes sont l'appanage et la preuve d'appartenance au club du mâle viril ? XD


... Le fait qu'on t'impose des remarques lourdes (en vacances en Normandie ce WE, mangeant une cochonnerie sur le bord de la digue, ma pote et moi-même avons eu droit à des "Bah non, les filles, faut pas manger ça, vous allez tout gâcher et grossir..." répétés en plus, de la part de vieux de 50 balais, bedonnants et gras (en un mot, dégueulasses), qui n'avaient pas l'air de capter qu'on en avait rien à foutre malgré nos "Et donc ? Ca ne regarde que nous !" et mes regards véners (wesh!)...), et au delà des agressions psychologiques, les agressions physiques (auxquelles j'ai malheureusement eu le droit), les regards insistants qui me font tiquer, et auxquels je réponds via une moue de dégout (comprenez que je fronce les sourcils et que ma lèvre supérieure se relève sur mes dents toute seule (oui oui, comme un animal qui montre les crocs)) et un regard qui en dit long... J'ai des fois juste envie de les alpaguer, là, comme ça, bien fort, devant tout les gens présents (métro, I love thou), pour leur faire remarquer combien ils me dégoutent.

C'est plus dur d'être une femme à cause des à priori qu'on nous apprend et qu'on nous répète des notre plus jeune âge (qui a dit que 1000 répétitions valaient une vérité?), qui sont intégrés, et auxquels on doit faire face tous les jours... Sans pour autant y répondre par l'agressivité (non, parce qu'il faut être "douce", on est des femmes...) ou par des comportements méfiants (parano/coincée/folle/hystéroféministe/salope). Ah ! Un bon article aussi, sur les "États généraux de la Femme", du magazine "Elle", intitulé "Elle remet ça" et qui dénonce pas mal de trucs...

Et on est en France. Imaginer ce qui peut se passer dans les pays considérés comme les plus dangereux pour les femmes (Inde, Pakistan, Somalie, et RDC ) ne peut que faire blêmir ...

Pour finir (ouf) : je suis entièrement d'accord avec le post de _lilou_. Je ne veux que le bien être, sans qu'un sexe ou l'autre n'ai à souffrir de ce que l'autre veut lui imposer, ou lui impose effectivement. Or, ce qui ressort de la situation actuelle, c'est que justement, les femmes souffrent de la domination masculine et veulent se dépêtrer de ce bourbier, là où les hommes trouvent que c'est très bien comme ça / n'ont pas envie de faire d'efforts ou que ça change ("C'est la nature, ma bonne Micheline !") / acquiescent sans pour autant aider par peur de voir leur statuts et leurs "privilèges" remis en question (Oui, je force le trait, j'en suis conscience et c'est volontaire).

Or le bien être, je suis loin de le ressentir, à part quand je m'isole mentalement, ce qui représente un risque du coup, parce que je suis inconsciente du danger, qui peut pour le coup saisir la balle au bond et en profiter pour me la foutre en pleine poire (Vous savez, quand on se dit "Ooooh, fuck off ! Je ne vais pas m'empêcher de vivre pour une bande de sales cons louches qui ont des idées malsaines", qu'on sort en s'habillant comme on veut ou comme on voudrait si on pouvait ne rien avoir à craindre, en levant le menton bien haut etc, et qu'on se retrouve finalement, au retour de soirée/ quand on rentre un peu tard, et seule, à se dire que les échos dans la rue ne sont peut être pas nôtres ou que les mecs dans le wagon sont un peu chelous, quand même....) Et la méfiance ou la vigilance constante, c'est loin d'être épanouissant, et ça fatigue. Du coup, on s'empêche aussi de faire des rencontres sympas... surement (je n'en ai jamais fait, par contre x) )

Et avec la montée du religieux, ça ne risque pas de s'arranger.

Fait chier.
 
16 Février 2009
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@ Iaoranamoana :
Dans mon premier message, j'ai bien fait la différence entre l'individu et la société dans son ensemble. La difficulté à se conformer au moule, existe pour les femmes comme pour les hommes, et ça ne concerne pas que le genre, d'ailleurs.

Si on se place à une autre échelle, force est de constater que la France est une société patriarcale, ce qui par définition, implique la détention de l'autorité par les hommes. Même si les femmes ont obtenu beaucoup de droits au cours des dernières décennies, les mentalités sont encore imprégnées de cet état d'esprit, et pas mal de choses en découlent (inégalités salariales, répartition des taches domestique, discriminations à l'embauche, manque de parité en politique...).
 
1 Octobre 2010
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le raincy
Et pourtant 19 filles ont cette position. Sommes nous des sous-femmes ? Des non-femmes ?
Des non-femmes ou des sous-femmes... Je ne sais pas. Agresser les personnes qui ont répondu ça n'est pas vraiment mon propos (et s'il a été pris comme tel, je m'en excuse). Mais il est impensable et il serait aussi trop douloureux à mon échelle de ne pas faire ce constat là. Peut être juste des femmes qui ont eu de la chance, ou qui n'ouvrent pas forcement les yeux sur toutes les formes de violence qui existent envers le sexe "faible".

Ne serait ce qu'au-delà des frontières françaises, il ne me semble pas voir ou lire que des femmes indiennes enferment leurs maris dans leurs ateliers/salons (au lieu de cuisines, en l?occurrence) pour y mettre le feu et toucher des dots et héritages avant de répéter le processus avec d'autres, ni, par exemple, que des femmes pakistanaises ayant vu leurs faveurs déclinées balancent des seaux d'acide aux visages des hommes les ayant repoussées... Et la liste est longue.

* shrugs *

Ensuite, on peut se retrouver dans des étiquettes sexualisées sans forcément faire fausse-route. Ce n'est pas honteux d'être "trop" féminine non ?
Bien sur que non, et bien heureusement ! J'adore la féminité, j'en ai même fait mon thème à l'épreuve d'arts plastiques pour le bac,mais pas la version dénaturée que les gamines de 12 ans de l'époque me renvoyaient...

J'étais une sauvageonne et le reste dans l'âme, même si aujourd'hui, je me permets de m'aimer en talons de 10, jupes, robes, décolletés,maquillage, etc. C'est aussi une appropriation de mon corps et une affirmation de mon identité: sauvageonne mais féminine
domokun.gif


Vous citez souvent les agressions comme exemple et je trouve que ça illustre bien ce que je dis. Si j'étais un homme et que je lisais ça, je lèverai sûrement un peu les yeux au ciel. Il y a des tas de mecs seuls qui se font agressés le soir quand il rentre chez eux seuls (vol, coups ...). Il est vrai que rares se font violer (vous citez le viol comme risque pour une femme et c'est vrai).
Je préfère largement me prendre un pain et ne plus avoir de téléphone que me faire violer... Bizarrement.

Pour expliquer plus avant ma position, j'ai déjà failli y passer deux fois... Et je peux te dire que la perte de contrôle total, alors que tu te penses forte et qu'il commence à faire son affaire avec ton corps..., ça traumatise un minimum. Et ce même si j'ai réussi à m'en tirer grâce à une paire de chaussures particulièrement pratique et à un pic d?énervement, parce que merde quoi, il lâchait pas l'affaire, ce con. La deuxième fois ? De la prévoyance, de la ruse, du sang froid. Voilà. (Comment ça je me lance des fleurs ? XD)

Au bout du compte,ca fout quand même un peu les boules de se rendre compte qu'on a désormais une nouvelle fonctionnalité non intégrée dans le package d'origine: Je recherche désormais automatiquement une issue ou un moyen de m'en sortir quand je découvre un lieu. J'aime.

En général, quand je commence à raconter ça, et quand les mecs en question (non, parce que j'y ai eu droit, au genre de regards auxquels tu fais mention) voient mon regard (justement), ils stoppent net les sarcasmes et évitent de lever les yeux au ciel façon: "Mais attends, ça arrive à tout un tas de mecs aussi, ma pov' fille, même moi j'ai failli ...!" (Je ne dis pas que ça n'est pas le cas, hein, mais bon, ça reste quand même moins fréquent, disons). Parce que l'intégrité physique, à ce niveau là, ça n'a pas grand chose à voir avec un "on m'a poussé contre un mur/frappé et on m'a demandé mon tel/mon fric/ma veste"... Ce qui est arrivé à pas mal de mecs de ma connaissance, gay, bi, ou hétéro confondus.

Oui, quand on était jeune on nous disait "femme = douce" mais on disait aussi à côté "hommes = fort" ce qui a produit des générations d'hommes honteux face à leur tristesse et à leurs pleurs. Rien que pour ça je suis contente d'être une fille, je peux chialer comme bon me semble, jamais on me regardera de travers. Les préjugés, les idioties, ne sont pas dirigées contre un seul sexe.
Peut être pour les associations des adjectifs = tel sexe, et oui pour les idioties. Par contre, à notre âge, je trouve ça un peu douteux de se cacher derrière l'argument de l'éducation pour justifier ses "travers". Notre génération a globalement reçu une éducation plus "détendue", dans un contexte plus permissif, je pense (C'est un peu comme la perception des tatouages, finalement. De nos jours, pas mal de monde en a un, et personne de notre génération n'en fait grand cas. Fin je pense). Et puis, la construction d'un caractère et d'une personne, ça passe par des apports extérieurs, certes, mais c'est aussi un travail personnel.

Je ne permettrais pas de faire quelque chose juste parce que c'est socialement plus acceptable pour une nana de le faire.

En raillant l'homme trop "doux", on raille aussi la femme.
Je ne vais pas trop faire avancer le bidule, mais ...

En raillant l'homme doux, on le traite de femme. C'est la même quand un mec se fait traiter d'enculé ou de PD, en quelque sorte. On le relègue à une position féminine dans un sens (celui qui est en dessous, et en qui l'autre s'emboite, ce qui est sensé être vécu comme un acte de soumission (oh lol)): ainsi, être une femme est une insulte. Youpi ! o/ On a aussi le bon vieux "femmelette", même si ce n'est pas exactement le même registre (raillerie niveau faiblesse de caractères / petite nature)

Les gays se font en effet plus agresser, parce que c'est la "virilité" de l'homme, son statut de dominant, son pouvoir, qui sont remis en question à travers eux, pour les homophobes. C'est contre nature. C'est une humiliation.
 

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