Par rapport à Green Book (désolée mais je m'en remets toujours pas de ce film dans la sélection et hier soir lors de mon premier post j'avais pas le temps de développer), à noter aussi qu'il a été réalisé par Peter Pharelly - un homme blanc donc.
Je suis la première à dire qu'il ne faut pas forcément appartenir à une communauté pour produire du contenu à son sujet - même s'il est toujours mieux de laisser la parole aux premiers concernés, au risque de parler POUR eux. Mais là, on peut juste pas ignorer le fait que cette vision complètement idyllique, destinée à rassurer l'homme blanc, elle est là parce que c'est un américain blanc qui a réalisé le film.
Cette vision-là est complètement absente des films réalisés par des noirs américains, et sont beaucoup plus proches de la réalité moche: Ryan Coogler pour Fruitvale Station (plus connu maintenant pour Black Panther), et, puisqu'on parle de comprendre la situation actuelle en revenant aux racines du problème, pourquoi pas alors Steve McQueen et son 12 years as a slave? (Il me semble qu'il est problématique sur certains points aussi, mais j'avoue que je l'ai vu y loooooongtemps).
Ici donc, on a un film dont le sujet est "feel good" car oui, il présente l'homme afro-américain comme bon, comme rédempteur, comme un INDIVIDU: il ne représente pas la communauté, mais cette exception. Pire encore, on parle de jazz, le seul domaine dans lequel il est accepté, voire attendu d'être afro-américain.
Et c'est là le problème (et bien pour ça que tant de personnes se sont indignées des Oscars reçus). Et cette amitié renforce l'ego de l'homme blanc américain: "ah finalement voilà, on est pas raciste, puisqu'on trouve à se lier d'amitié avec UN homme noir." Ca flatte l'ego en faisant oublier que derrière, la communauté afro-américain est complètement oubliée, voire même niée (ce qui transparaît dans le contexte de la production du film, puisque pas mal de membres de la famille de Don Shirley n'ont pas été contactés, avec pour excuse "ah mais on savait pas qu'ils existaient").
Rien que ça en fait ça aurait fait l'objet d'un article: en quoi le fait que ce film reçoive trois Oscars est symptomatique de l'Amérique d'aujourd'hui. Et en quoi la vision d'un homme noir donnée par ce film est carrément problématique.
Juste pour dire en fait qu'il y avait à peu près trouzemille films plus pertinents que Green Book pour cette sélection, et par des réalisateurs qui vivent cette réalité au quotidien...