@Cleos (et
@MayuraTama ) « Le sensationnalisme ». Vraiment...
Bon je suis un peu calmée depuis ce matin, où je n'avais vraiment aucune patience envers l'indignation des gens... contre la publication de cette photo. Oui elle est choquante. Oui c'est dégueulasse, c'est écoeurant, oui c'est un enfant, un être humain, un corps. Et oui, je suis profondément, viscéralement choquée qu'il faille une telle image pour réveiller les consciences. Ça fait 4 ans que la guerre civile fait rage en Syrie, ça fait des années que le nombre de migrants (en provenance de plusieurs pays) et de réfugiés (en provenance de pays en guerre ou sinistrés) qui risquent et souvent perdent leur vie aux frontières de l'Europe augmente. Les chiffres sont vertigineux (et ils sont dans cet article, je ne sais pas si tu l'as lu jusqu'au bout).
Et nous, collectivement, on débat bien tranquillement de l'opportunité d'accueillir ou non « les migrants », dans quelles conditions, etc. On fait surtout bien attention de ne pas « donner de l'eau au moulin du Front National », qui fait son beurre de la peur de l'autre.
Je ne pouvais pas écrire cet article sans montrer cette photo, parce que cette photo sera demain dans les livres d'Histoire. Cette photo témoigne d'une réalité qu'on ignore, qu'on minimise, qu'on occulte confortablement. Je comprends qu'elle puisse choquer (je suis choquée), je ne comprends pas qu'on veuille faire passer le respect de cette pudeur avant le respect de tous ces drames, symboliquement représentés par cette photo.
Il y a des images qui sont plus que des images. C'est pas un hasard si celle-ci fait la Une de la presse internationale, si même les chaînes de télé françaises la montrent. C'est pas juste la photo d'un mort. Personnellement, c'est ne pas montrer cette photo que je trouve indécent. Comme si le respect de notre sensibilité était plus importante que le respect et la mesure de la catastrophe humanitaire qui se joue devant notre porte.
C'est normal que nous soyons choqué•es et indigné•es par cette image. Heureusement que nous le sommes... Je regrette que les nombreux articles et reportages de la situation n'aient pas alerté nos consciences plus tôt. Chaque jour, de nouvelles personnes meurent sur les littoraux.
Libération vient de publier un article expliquant pourquoi ils n'ont pas publié la photo d'Aylan Kurdi :
parce qu'ils n'ont pas pris la mesure de ce qu'elle symbolise.
PS : quand au fait qu'on ne l'aurait pas fait avec un enfant blanc... ça fait partie du problème, n'est-ce pas : si c'était un blanc, il y a belle lurette que les politiques se seraient mobilisés. Le problème de cette crise, c'est justement que les milliers de morts... sont « étrangers », et qu'ils vivent « loin »...