J'avoue avoir hésité avant de lire cet article, hésité avant de répondre. Mais je me suis laissée emporter presque malgré moi à cette lettre à votre grand-père et parce que la scoute en moi a voulu apporter son soutien. Le cancer je le vis depuis près d'un an maintenant. En Janvier dernier on a découvert un cancer de la thyroïde chez mon père et puis six mois plus tard c'était mon tour. Un méchant cancer du sein qui comme un tsunami a révolutionné ma vie et celle de ma famille. J'ai un mari aimant, 4 enfants, un job de soignante et il a fallu que nous nous adaptions, que nous vivions au rythme des traitements douloureux et des nombreux examens. Parce qu'être malade c'est un boulot à plein temps, une préoccupation à plein temps. On ne fait plus de projets à long ou court terme parce que mon état fluctue d'une semaine à l'autre, d'une heure sur l'autre, parce que les traitements changent et que nous devons nous adapter. Vous vous direz probablement que je suis de bien sombre humeur, mais ce n'est pas le cas, j'ai un moral d'acier et pas une seconde (allez...peut-être une fois ou deux...) je ne me suis imaginée que cette saleté m'emporterait. Ce dont je peux témoigner aujourd'hui et je pense que votre grand-père serait d'accord avec moi au vu de cette lettre ouverte c'est que lorsque j'ai appris ma maladie je n'ai pas pensé à moi-même mais j'ai souffert pour ma famille, mes parents (et ma pauvre maman qui subissait deux fois en six mois l'annonce du cancer à un très proche), mes enfants et mon mari à qui je faisais subir une telle épreuve. Je m'en suis voulue, je m'en veux moins, j'apprends à faire la paix avec ce corps qui m'a trahi et je fais tout ce que je peux pour tenir ma place de mère et de femme. Je fais tout ce qu'il faut pour ne rien regretter et profiter de ces moments qui nous sont offerts pour nous rappeler -et nous apprendre- que la vie est faite de bonheurs fugaces. Si ce cancer a une vertu (?) c'est qu'il nous force à nous recentrer sur les choses importantes et à relativiser tout le reste. Je veux croire qu'il m'a rendue plus humaine, et non il ne m'a pas fragilisée, il m'a rendue plus forte et m'a offert l'opportunité de m'arrêter sur le bord de la route pour me contraindre à regarder toutes les belles choses et les belles personnes qui m'entourent.