@Black Phillip je suis tout à fait d'accord sur ce que tu dis sur la pudeur dans notre société néanmoins je campe sur mes positions pour plusieurs raisons:
- je pense qu'il est naïf de penser que la TV réalité est la réalité justement. Ces programmes ne sont jamais neutres et si on les examine à la froide lumière de la raison, elles ne sont conçues que dans un but: l'appât du gain. Le Dieu de la TV réalité (comme de tout programme télévisuel),
c'est l'audimat. Et pour faire de l'audimat, il faut, littéralement, de l'extra-ordinaire. Crois tu que l'amour est dans le pré ferait autant d'audiences si on les voyait semer leur blé du matin au soir ?
3 hommes/ 3 femmes dans une colloc, ce n'est pas neutre. L'autrice de cet article le dit elle même: "le but c'est de pécho": on cherche clairement à créer des histoires (hétérosexuelles) entre les "candidats" et je trouve que par définition, ce postulat implique que les candidats doivent faire "un peu plus" que dans la réalité. Ils doivent envisager de sortir avec au moins 1 des 3 colocs de sexe opposé. Bref, ils doivent créer de belles images pour nous.
- Non les candidats ne sont pas, individuellement, tous des faibles et des victimes à mon sens. Certains sont très sains d'esprit, intelligents, équilibrés et profitent de ce "métier" comme de n'importe quels autres. Certains en jouent, ne sont pas dupes. Mais je ne me place pas d'un point de vue individuel mais systémique. Et pour moi, oui, les candidats de TV réalité en tant que groupe sont des victimes de la cupidité des producteurs et du voyeurisme de notre société. Parce qu'on les expose à notre regard comme s'ils étaient des bêtes de foire. Parce qu'ils subissent souvent des pressions (directe ou indirecte) pour faire tel ou tel chose (sortir avec quelqu'un, trahir son pote etc. c'est plus la règle que l'exception dans la plupart des TV réalité)
- Tu dis que ça peut être intéressant comme expérience humaine, je te répond que oui, ça peut l'être mais que ça demeure dangereux: ce ne sont ni des expériences sociologiques ou psychologiques encadrées par des professionnels, ni des documentaires avec un point de vue assumé et une caution scientifique. C'est en grande partie de l'instantané, sans recul (parfois même du direct) et personne ne peut prédire les conséquences à moyen terme de la diffusion.
- Et enfin, pour moi, le plus important: OUI C'EST DU VOYEURISME. Le voyeurisme ne s'arrête pas lorsqu'il y a consentement de la personne qui est regardée, comme l'indique sa définition (ici wikipedia):
"Le voyeurisme est un terme à connotation morale, qui décrit un comportement ou une tendance « voyeuriste », c’est-à-dire basé sur l'attirance à observer l'intimité ou la nudité d'une personne ou d'un groupe de personnes dans des conditions particulières en cherchant à y éprouver une jouissance et/ou une excitation (délectation voyeuriste). Les pratiques voyeuristes peuvent prendre plusieurs formes, mais leur caractéristique principale est que le voyeur n'interagit pas directement avec son sujet, celui-ci ignorant souvent qu'il est observé."
Le voyeurisme, pour moi, se définit comme l'asymétrie totale et la domination du voyeur et de l'observé. L'observé est celui qui s'expose (au harcèlement notamment) alors que le voyeur est pépère, tranquille sur son canapé,
il ne risque rien, il peut à son aise se moquer, s'amuser, commenter, amplifier, puis éventuellement harceler...
Tu me diras que le regard que tu portes (et que beaucoup d'autres portent) sur ces émissions est bienveillant. Je te crois (même si je trouve le côté "ils sont trop choux ces japonais tout coincés et tout timiiiides hiiii" un peu bof). Mais il ne faut pas se leurrer: la plupart des gens qui regardent le font par délectation et le regard porté est tout sauf bienveillant (un peu de mépris social parfois, tu l'as bien dit (coucou l'amour est dans le pré)).
Pour moi, on est pas loin des jeux du cirques.
Bref, ce long laïus inintéressant pour dire une seule chose: non, pour moi, il n'y a pas "l'art et la manière de faire les choses". Il n'y a pas de différence de nature entre les Anges et Terrace House. L'un est un peu plus policé et présentable que l'autre peut être mais on reste sur le même modèle: des gars planqués dans les bureaux de leurs maisons de prod qui se font du fric sans savoir (et sans se soucier ?) des dégâts qu'ils peuvent causer.
Désolée pour la longueur...