Je me souviens très bien de mes premiers "déclics", même si je ne suis pas devenu féministe après ça (il a fallu un peu de temps !).
Le premier, c'était en CE1, j'avais donc 6 ans, et la maîtresse nous a appris la règle de grammaire du "masculin qui l'emporte sur le féminin". Avec d'autres filles de la classe ça nous avait beaucoup choqué. En plus rien que la formulation de cette règle est juste horrible. Un enfant entend ça répété comme un mantra, comment limiter ça à la grammaire? Je suis sûre que pas mal de gens diraient que c'est abusé de faire le lien, mais pour moi c'est un des piliers de la construction sexiste...
Le second c'était à l'âge de 8 ou 9 ans, en lisant le magasine Julie, qui avait créé un test : "quelle présidente serais-tu?" D'ailleurs big-up à eux, c'est top pour les petites filles ! Une des questions, c'était "quelle sera ta première mesure", et une des réponse "établir l'égalité de salaire entre les hommes et les femmes". Complètement éberluée, je vais voir ma mère pour être sûre, et elle me dit "Mais oui c'est vrai, aujourd'hui les hommes gagnent plus que les femmes pour un même travail". Ce qui me fait rire aujourd'hui, c'est ce qu'elle a ajouté après : "Je ne suis pas féministe, mais ça j'avoue que c'est complètement injuste".
Bref, je ne viens pas d'un milieu féministe, donc je n'ai pas été naturellement portée à ça. De plus, j'entrais dans le moule comme on dit, c'est-à-dire que j'étais une petite fille "comme il faut", qui aime les jupes et les princesses. Quand ma soeur a commencé à arrêter de porter robes et jupes, à s'habiller avec des jeans et des baskets, on disait à la maison qu'elle était dans sa phase "garçon manqué"...
Je suis donc devenue féministe quand j'ai commencé à m'éduquer par moi-même, et internet a été la clé de tout ça. J'ai pu accéder à des médias féministes (oui, la majorité de mon éducation au féminisme a été faite par Madmoizelle !), et au lycée, il y avait des filles qui parlaient de slut-shaming ou ce genre de choses, ça m'a fait aussi réfléchir.
Pour finir sur une note pas trop joyeuse, je vous mets en lien la chronique de Guillaume Meurice de hier, qui a interviewé des enfants et... disons qu'il y a encore du boulot.