Merci à la dessinatrice et à l'article. Sujet douloureux, mais il faut parler des violences dans le couple. La parole est en train de se libérer et à mon avis c'est pas fini...
En tout cas cet article a été la goutte d'eau qui a fait déborder le vase de mes émotions et m'a fait agir de façon impulsive, peut-être irraisonnée : j'ai écrit à un ex.
Ça faisait des années que je gardais nos anciennes expériences sexuelles catastrophiques sur le cœur, sans lui en avoir jamais parlé.
Ce n'était pas vraiment un petit ami attitré, plutôt une relation passagère. J'avais 18 ans, lui 25. Il m'avait invitée à passer une semaine chez lui dans le sud de la France. On se tournait autour par textos depuis plusieurs mois, je savais que je lui plaisais et il me plaisait aussi. J'ai voulu tenter l'expérience et j'ai foncé chez lui. J'avais en tête la liberté, le plaisir, la découverte de mon corps sans prise de tête après une précédente première histoire d'amour déçue.
Eh ben j'ai vécu à peu près ce que dénonce la bd dans les grandes lignes : insistance de sa part pour avoir un rapport sexuel la première nuit, pratiques sexuelles qui ne me tentaient pas forcément et auxquelles j'ai plus "consenti" qu' "agréé", poussée par ses réflexions et par ce que je croyais devoir faire pour être une "bonne" meuf... Réflexions désobligeantes sur ma liberté sexuelle d'alors, refus d'écouter mes propres désirs...
Voilà, je lui ai envoyé en lien "quand est-ce qu'une femme vous doit du sexe ?", ancien article paru dans Mad, et "c'est pas bien, mais..." d'Emma. En lui expliquant que je gardais ça pour moi depuis toutes ces années, que j'espérais qu'il s'était remis en question dans son rapport aux femmes depuis, qu'il expliquerait le consentement à sa fille quand elle serait plus grande et que je lui souhaitais une bonne continuation.
Ah oui : et que les femmes n'étaient pas la propriété des hommes, qu'elles étaient libres et respectables.
Mon cœur a battu à 120 bpm pendant 5 minutes.
Je sais pas si j'ai bien fait de réveiller ces anciens démons du passé. De l'eau a coulé sous les ponts depuis, et je ne souhaite pas lui entraîner une dépression ou quoi que ce soit (j'imagine le pire, je suis angoissée de ouf).
Est ce un règlement de comptes ? Une dénonciation au nom des femmes ? Méritait-il que je lui envoie ces messages après toutes ces années ? Aurait-il mieux vallu que je le laisse tranquille et que je table sur sa prise de conscience face aux mouvements #metoo et #balancetonporc, d'actualité ?
J'en sais rien.
Je ne me substitue pas à la justice, personne ne le fait.
Mais c'est fait. Je lui ai écrit.