@Valentina- Je pense que tu n'as pas tort. Cependant, il faut tout de même considérer qu'un homme peut ne pas penser violer quelqu'un. Dans le cadre d'un viol conjugal, par exemple : si tu es intimement convaincu que tu as le droit de faire ce que tu veux du corps de ta femme, tu ne te considères pas comme violeur. Même chose si tu n'as pas pris en considération le fait qu'elle n'avait pas dit non et n'était pas en capacité de le faire (tu peux penser que c'est oui, même si elle est bourrée et ne te dit rien, puisqu'elle ne te repousse pas, par exemple... là, le violeur peut passer à côté de sa condition de violeur). Mais je pense que dans beaucoup de cas, la personne qui viole est consciente de ce qu'elle fait, oui. Bien que cela n'ait sans doute pas le même niveau d'une personne à l'autre. Et je pense qu'on trouvera des motivations différentes selon qui on interroge...
"pourquoi unetelle est considérée comme violable par un homme ?"
Bah après, ça ne veut pas forcément dire qu'il a une considération spécialement différentes d'une femme à l'autre en terme d'individus violables ou pas. Peut-être que certaines de ces femmes ne l'attirent pas, peut-être qu'il n'a pas envie de sexe au moment où il en croise une, peut-être qu'une autre était consentante et qu'il n'a donc pas eu à la violer, peut-être qu'il n'était pas d'humeur tel jour, peut-être qu'il était dans un état émotionnel lui permettant d'aller jusqu'à mettre en pratique ce fantasme (joie intense, colère démesurée, etc.), peut-être que les circonstances n'étaient pas suffisamment bien réunies une autre fois (trop grands risques de se faire prendre, par exemple), etc. Il ne faut pas voir ça dans le sens qu'il considère une femme comme moins violable, mais que le fait de considérer une femme comme violable ou non n'est pas le seul élément qui entre en compte dans le fait qu'un viol se produise.
Je trouve ça important de rappeler qu'un homme n'est pas systématiquement un violeur. Un parce que ça nous permet en effet de considérer que ce n'est pas dans sa nature, donc que c'est bien un comportement anormal. Deux parce qu'il y en a, même si on ne peut pas dire avec certitude qu'untel ou untel est un de ces hommes, et qu'ils sont sans doute majoritaires.
Ce qu'il faut retenir, ce n'est pas tant "mais on ne sait pas comment il a été dans tous les autres moments de sa vie, peut-être qu'il en a violé d'autres...", c'est plutôt "à tel moment de sa vie, on a la certitude qu'il n'a pas violé". Personnellement, je préfère privilégier, dans ma perception d'une personne, un élément certain (il n'a pas violé à l'instant T) qu'une multitude d'éléments incertains (a-t-il violé à (T - x), violera-t-il à (T + x) ?), quitte à réactualiser cette façon de voir si quelque chose de concret venait à le placer dans la case violeur. En attendant, on a un élément qui rend son statut de violeur potentiel moins probable, et c'est important.
Parce qu'à moins d'avoir des suspicions de viols concernant un individu, il n'y a pas de raisons de le présumé coupable d'abus sexuel par défaut.