Je suis de la génération qui a vu l'émergence en France de la télé-réalité et des émissions dite "d'enfermement", j'étais au collège à l'époque du premier Loft Story, la Star Ac etc... Ouch, le coup de bambou
mais ça permet un certain recul sur tout ça, je trouve, qu'il est plus difficile d'avoir quand on a été petit.e.s dans une époque où c'était déjà sinon normal, du moins courant.
Nous, à l'époque, ça a vraiment été une grosse révolution "culturelle", tout le monde en parlait, ça a vraiment un bruit ENORME dans tous les médias, dans toutes les discussions, bref, c'était LE sujet de société.
On en parlait récemment avec des ami.e.s, après avoir vu un best-of de scènes de Loft Story 1, et on a été scotché.e.s de finalement réaliser que les candidat.e.s du premier Loft étaient des gens "lambda", et c'était voulu, un échantillon voulu représentatif des jeunes de l'époque, et pas juste des stéréotypes (même si il y en avait et que finalement, c'est eux/elles qui sont resté.e.s, sans forcément gagner, dans les esprits, des décennies plus tard).
Y'avait bien sûr la bourge, le DJ flambeur, la bimbo paumée, l'intello, etc... mais y'avait aussi une étudiante en droit, un éducateur, un musicien, un vigile, etc... bref vraiment des gens lambda et plusieurs milieux socio-pro finalement. Et même les stéréotypes étaient variés en quelque sorte.
Les discussions (du moins celles montrés à l'écran) étaient certes parfois (souvent ?) creuses, ils/elles sortaient aussi des énormités, mais je pense que si on collait une caméra H24 derrière tout le monde, même les personnes les plus cultivé.e.s ou intelligent.e.s de la terre sortiraient des débilités ou se tromperaient sur le sens d'un mot, etc...
Aujourd'hui, à part Loana qui a franchement vécu des galères monstres, et qui a été complètement broyée par ce système après avoir été la plus médiatisée du lot, ils/elles ont tous/toutes repris des vies "normales", loin des médias, deux sont marié.e.s et ont fondé une famille. Bref, ils/elles ont tourné la page télé-réalité.
Tandis que maintenant... peut-être moins Secret Story, mais pour tout le reste de la télé-réalité, volontairement, les candidat.e.s sont pour l'immense majorité des gamin.e.s paumé.e.s, fier.e.s de jouer les débiles et de se mettre sur la tronche toute la journée (parce que c'est tout ce qu'on leur demande, c'est un fond de commerce, y'a qu'à voir les bétisiers, au sein de l'émission même), qui veulent faire de la télé-réalité leur métier, et qui voient ça comme un but de carrière, et non pas comme une "expérience" (ce qui était le cas des candidats de LS 1). Et qui concrètement n'ont pas grande perspective derrière le jour où tout s'arrête. Je les plainds sincèrement, et les gamin.e.s qui les adulent idem. Je parle peut-être comme une vieille c*onne, mais v'là les modèles qu'on sert aux gamin.e.s d'aujourd'hui...
Je n'accable pas les candidat.e.s, qui ne sont au fond que les victimes de ce système, parce que les personnes aux commandes de ces émissions les manoeuvrent comme des pantins pour servir au public une bouillie infâme, tellement pleine d'émotions négatives et de valeurs merdiques, et que les producteurs/ices eux/elles-mêmes méprisent. C'est d'un cynisme effrayant. Tant mieux si certain.e.s candidat.e.s arrivent à tirer leur épingle du jeu sans y laisser trop de plumes.
Et oui, on ne parle même pas du mépris total du droit du travail et même des droits humains.
Je trouve que c'est effarant de voir comment le "monstre télé-réalité" a évolué. Et d'essayer de vendre les concept des "Anges de la Téléréalité" comme "après la télé-réalité, ils/elles ont des vrais projets professionnelles et partent à l'étranger pour tenter de faire carrière", je trouve qu'on atteint le fond du panier et qu'on explose tous les baromètres du cynisme dégueulasse.
Bref, c'est d'une tristesse tellement incroyable et tellement une autocaricature que je me dis que ça va peut-être bien s'essoufler prochainement... J'espère.