Je ne cautionne pas trop ma propre pensée, mais concrètement c'est la guerre dans ma tête.
Une partie de moi a envie de dire "fais ce que tu veux !", tandis que l'autre partie a envie de dire "attends...tu seras objectivée bien assez tôt, profite de cette phase où ton âge t'épargne certaines facettes de cette objectivation".
Mais c'est ridicule à avoir, comme pensée : l'idée même de vouloir protéger quelqu'un, qu'on ne connaît pas, en partant du principe qu'il (ou elle) n'est pas à même de voir le présupposé danger, ni même d'être assez fort.e que pour le combattre seul.e, ne relève pas de la bienveillance pure mais d'une espèce de paternalisme (bien intentionné, certes, mais l'Enfer est pavé de bonnes intentions, comme on dit). Ce n'est pas parce qu'on a 15 ans qu'on est faible. Oui, on a des faiblesses, mais comme tout un chacun ; et pour les combattre, ne vaudrait-il pas mieux sensibiliser, donner les bonnes armes, et laisser la personne les utiliser comme elle le souhaite, plutôt que d'agir à la place d'autrui en condamnant / interdisant ?
Ensuite : quid de cette idée qu'à 15 ans on est protégés du regard de l'autre ? A 15 ans, on est déjà en plein sous les feux des projecteurs, les "adultes" te tapotent sur la tête en disant "te voilà presqu'une vraie petite femme !" (quid de cette phrase ?), tes condisciples te critiquent allègrement en fonction du groupe auquel t'appartiens, si t'es dans la norme ou pas,... C'est une autre forme de regards, peut-être, que ceux qui peuvent être posés quand tu t'habilles comme une "femme" (à nouveau, quid de cette phrase ?), mais ça n'en reste pas moins des regards à supporter.
Bref. Je m'en veux de ne pas juste en rester à "fais ce que tu veux, pour toi, et juste toi", et je sais pas pourquoi mon cerveau a cette double pensée, mais je m'agace moi-même (et m'auto-critiquer ne semble pas très efficace, vu que cette pensée ne veut pas s'envoler).