Je suis à peu près d'accord avec l'article (pas sur tout) sauf quand ça dit qu'il n'y a rien à perdre à faire confiance.
Je pense qu'au contraire il y a parfois TOUT à perdre à faire confiance, selon comment ça se déroule.
Faire confiance, c'est aussi remettre une partie de soi dans les mains de l'autre. Et si on est trop fragile, on peut casser dans les mains de l'autre. Et prendre le risque de prendre beaucoup (trop) de temps pour refaire confiance en l'autre.
Pour moi, la confiance doit se mériter, et non s'exiger comme un dû, du style "si tu m'aimes tu me fais confiance et tu fais ce que je dis" pour faire culpabiliser l'autre et l'amener à faire des choses qu'elle/il n'aurait pas voulues. C'est un des grands dangers de la confiance si elle est demandée n'importe comment, selon moi. On voit beaucoup la question de la confiance comme un dû dès qu'on fait ça avec quelqu'un, ou même au début d'un couple, alors que de mon point de vue, la confiance se gagne petit à petit au lieu de s'exiger à 100% dès le départ.
Ca me semble important comme réflexion, car si on ne réfléchit pas sur cela, quelqu’un de mal intentionné peut justement réussir à manipuler une personne non-avertie.
De surcroît, il y a, de mon point de vue, une injonction sociale à faire confiance, sans conditions, une sorte de "dictature de la confiance", et je trouve que c'est dangereux, et qu'il faut aussi établir une réflexion sur ce point dans le cadre de l'éducation sexuelle et du respect de l'autre. Se méfier, avoir peur, c'est un mécanisme de survie qui n'est pas arrivé par hasard. Nous avons chacun.e notre propre vécu, et nos propres limites à la confiance. Selon par exemple qu'on aura eu tel ou tel traumatisme, il nous sera plus difficile de faire confiance sur certaines choses. Ce sont des limites avec lesquelles il faut composer. On ne peut pas s'en débarrasser d'un claquement de doigt, et donc il faut d'abord accepter (et faire accepter) ces limites.
Du coup, l'article qui propose de faire confiance tout en respectant les limites de l'autre et que ça soit réciproque, me semble une bonne stratégie. En ça, je suis 100% d'accord.
Je l'avais déjà dit il y a longtemps, mais pour moi, le pilier du couple n'est pas la confiance, mais la communication, car c'est elle qui va (au moins en partie) engendrer la confiance.
Avoir peur (notamment en raison de traumatismes) n'est donc pas incompatible avec le fait d'aimer quelqu'un et d'être aimé.e par quelqu'un. Mais ça demandera effectivement quelqu'un qui accepte de nous donner du temps, et qui respecte nos limites. Ca demandera de la communication. Mais ça reste possible.
C'est un peu comme apprivoiser un animal maltraité. La comparaison peut sembler osée, mais je trouve qu'elle est pertinente. Certains animaux maltraités arriveront à faire confiance avec du temps, d'autres auront toujours de la méfiance quoi qu'on fasse, même si on va réussir à leur instiller de la confiance sur certaines choses... je pense que pour les gens c'est un peu pareil... (je parle ici des cas très lourds, traumatismes, etc.).
Après, quand l'article parle de confiance aveugle, j'avoue que je me dis "jamais de ma vie".
Mon instinct de survie, "fort" de nombreuses années de maltraitance (et du fait que je me dis que si je rencontre à nouveau quelqu'un, vu mon profil "maltraitée" je vais encore attirer des tarés - statistiques tout ça), mon instinct de survie donc, me commande de toujours avoir une petite part de doute dans un coin de ma tête, histoire de ne pas tomber de haut "en cas de surprise". Comme cet instinct de survie a été forgé par des années de maltraitance, je doute que ça puisse totalement partir... Mais qui sait...
C'est vrai qu'en vivant avec la personne, on peut aussi être dans une certaine ambiance de confiance, et elle va s'installer d'elle même, parfois... peut-être pas sur tout, mais suffisamment pour que la relation ne soit pas toxique pour l'un.e ou l'autre...