Je trouve cet article excellent, de par le recul qu'il a pour parler de questionnements qu'on entends très très peu. Merci beaucoup à l'actrice, j'ai beaucoup aimé ta plume (comme dans les articles précédents d'ailleurs) et tu m'as donné matière à creuser la réflexion. Et merci à la rédaction, des articles comme ça c'est vraiment ce qui fait le charme de mad à mon sens
Ça soulève plein de questions je les sors complètement en vrac, je m'excuse par avance du côté brouillon de ce post !
-le "c'est très cool d'être une femme qui embrasse une femme" dans les yeux des hommes. Cela renvoit à la sexualisation des lesbiennes, très nourrie par le porno et ressort de nombreuses violences lesbophobes. Les "comportements lesbiens" sont très bien tolérés socialement à la condition implicite que ce ne soit pas excluants pour les hommes. Soit que ce soit directement pour eux (attirer leur regard, nourrir leur fantasme, les inviter etc) soit que les femmes ne les excluent pas complètement (femme bisexuelles donc fantasme de coucher avec elle potentiellement, laisser le droit au mec de regarder...). Si par contre cela exclu les hommes alors le rejet est fort. Voir pour des exemples la page fb "paye ta gouine" qui recense des agressions verbales lesbophobes: y en a énormément qui sont dans ce schéma. Un homme croise 2 femmes qui se tiennent la main/s'embrassent. L'homme fait une remarque déplacée et intrusive (appréciatrice, sexualisante voir carrément pour s'invite) les femmes le rembarrent et l'excluent, il les insulte violement voir les menace.
-Le coté "c'est cool d'embrasser une femme ça fait liberée". En effet ça plaît, surtout quand on donne des gages que ce n'est pas sérieux ou que ça n'exclut potentiellement pas les hommes. Pour simplifier une bi c'est sexy. Je l'ai ressenti aussi très fort, plus jeune dans des soirées ou le jeux de la bouteille et autre invitait à ce genre de choses. Des femmes s'embrassaient entre elles et c'était très bien toléré, une lesbienne aurait certainement été mise à part.
Ça a forcément des conséquences dans la construction de soi dans un monde où on apprends aux femmes à vivre dans le regard de l'homme et pas à faire les choses pour elle-même. Je trouve que tu le décris très bien. Avoir des comportements lesbiens sans le vouloir en soit, mais pour les conséquences (image qu'on a de soit, regard des hommes etc). Plus jeune et pas déconstruite je disais d'une amie à moi, que j'embrassais en soirée régulièrement qu'elle n'était pas bi "ou seulement quand un mec était dans la pièce". Je crois qu'elle était dans le même type de construction. Ce type de comportement (complètement explicable et excusable en soit) nourri d'ailleurs une défiance de certaines lesbiennes envers les bisexuelles (qui est du ressort de la biphobie et que je ne défends pas le moins du monde mais qui est souvent nourrie de ce genre de mauvaise expérience). En effet pour une lesbienne qui flirte avec une femme dans ce cas là c'est très compliqué, elle y croit et la relation l'intéresse en elle-même, ce qui n'est pas le cas le la bi-hétéro (en gros). Quand la lesbienne se rend compte de cet écart le choc est violent, sentiment d'être utilisé pour "tester" ou que la bi a agit avec beaucoup de légèreté et peu de considération. Le cliché de la "fausse bi" qui quitte sa copine pour revenir avec des hommes vient en partir de là je pense
-Sinon ça pose la question de comment on construit notre désir féminin dans un monde ou prédomine le mâle gaze (tout est fait pour le point de vue d'un homme cis hétéro). Je vous conseille le podcast en 2 parties des couilles sur la table sur le male gaze qui évoque la question (seule fois ou j'ai entendu la question posée aussi clairement, dans la 2eme partie de mémoire). Est ce que du coup on apprend à se désirer du point de vue de l'autre masculin ? L'idée de nous nous exiterait plus que ce que l'on peut vivre ?