Ça aura au moins le mérite de remettre en question les règles du pentathlon.
Le niveau demandé aux pentathlètes et aux chevaux est assez élevé. On leur demande d’enchaîner au pied levé un parcours à 1m20. En France, ça correspond à une petite épreuve Pro (pro 3 pour être précise), dans lesquelles les cavaliers connaissent leur cheval. Et surtout, comme le nom l’indique, la majorité des concurrents en ont fait leur métier. Les pentathlètes s’entraînent 2 fois par semaine, et on leur demande de réaliser une performance similaire sur des chevaux complètement inconnus, voire braqués.
Ça ne peut pas fonctionner
Ils ont 20min et une poignée de sauts pour s’appréhender mutuellement.
Les chevaux font 2 tours.
Saint Boy a éjecté sa cavalière au 1 er tour et n’était pas du tout enclin à retourner ensuite en piste avec l’allemande. Elle a malheureusement payé cher son tirage au sort. Je comprends sa détresse en piste. Ça n’excuse pas les coups qu’elle a porté, mais je n’aurais pas aimé être à sa place quand tout son travail des dernières années a été balayé par quelque chose sur lequel elle n’avait pas de prise (parce qu’un cheval qui ne veut pas y aller, il n’ira pas).
Tout est réuni pour que ça se passe mal. Sans forcément supprimer l’épreuve, il y a plusieurs axes :
- augmenter le niveau des athlètes, par exemple en imposant des performances sur au moins les côtes des JO, voire au-dessus (pour prendre en compte le stress équin / humain lors des JO) -> ce n’est pas du tout l’optique du CIO qui veut un maximum de nations concurrentes, aptes ou non. Sauf que courir le 100m en 40 secondes, y a zéro risque, là on envoie des couples au casse-pipe.
- diminuer les côtes, simplifier le parcours, bref, ne pas traumatiser un cheval parce que Bidule, qui saute normalement 20cm de moins, est bien en peine de rester en selle, sans parler de monter correctement. En équitation, il existe des épreuves de hunter, qui notent le style du couple (discrétion, fluidité) autant que la réalisation du tour. Ça valorise de la belle équitation et pas seulement le fait d’avoir franchi plus ou moins les obstacles dans le bon ordre.
- un seul tour par cheval : ne pas risquer de renvoyer en piste un cheval qui a eu du mal sur le tour précédent. Déjà pour lui, et puis pour l’athlète. La française en avait fait les frais à Rio : la cavalière précédente avait eu un parcours chaotique. A la détente avec la française ensuite, le cheval semblait cool. Par contre une fois en piste, il n’a pas voulu jouer… pas fou. Elle avait bien géré la frustration, mais c’est dommage pour tout le monde.
- permettre aux athlètes de faire une ou deux séances avec le cheval tiré au sort avant le jour J. Ils pourront ainsi faire connaissance dans le calme.
- modifier la règle, et permettre au pentathlètes de concourir avec leur propre cheval. On perd le côté « adaptation rapide du cavalier » qui était dans l’esprit du sport, mais ça rendrait les choses plus simples en piste. Par contre, trimballer les chevaux sur la moitié du globe, c’est un stress et un budget…