Bien fichue, la page Facebook a malheureusement peu de chance de toucher l’opinion si elle ne repose que sur l’anonymat. Pour Marianne, Sabrina B. Karine a donc accepté de lever le voile sur son témoignage. Elle nous explique que la réalisatrice qui se serait approprié son scénario n’est autre qu’Anne Fontaine avec le film “Les Innocentes”, récit par Madeleine Pauliac, résistante et médecin, de son passage en 1945 à l'Hôpital français de Varsovie. « Elle n’a écrit que la dernière version du scénario et s’en est attribué le mérite. En gros, on s’est fait jarter de notre propre projet », dénonce Sabrina.
Avec sa collègue, Alice Vial, elles sont créditées comme scénaristes. Mais Anne Fontaine les a oubliées, déclarant dans la presse au sujet de son héroïne : « Tout ce que nous avions, c'est son carnet de bord dans lequel elle notait tout ce qui arrivait au jour le jour. Je me suis donc documentée, j'ai fait faire des recherches par un historien polonais. Ensuite, on a interprété les choses. » Le film est vendu dans une vingtaine de pays et décroche quatre nominations aux Césars 2017, dont celle du meilleur scénario original. Là aussi, Sabrina dénonce l’invisibilisation ritualisée des auteurs : « Comme c’est l’usage, nous étions assises quelques rangs derrière la réalisatrice, les producteurs et les acteurs. » Suite aux récriminations de l’autrice, Mme Fontaine accepte de la rencontrer : « Nous nous sommes retrouvées autour d'une table à discuter, elle nous a dit que nous pourrions participer à la tournée dans certains pays étrangers pour être plus visibles. Ça n'est jamais arrivé. » Anne Fontaine a réagi à ces propos via une collaboratrice de la société Ciné-@, coproductrice des "Innocentes" : « Anne ne conteste pas que Sabrina et Alice soient à l’origine du projet. Concernant les propos tenus en avant-première ou dans la presse, je ne suis pas au courant. Anne a travaillé avec elles puis avec le scénariste Pascal Bonitzer. Elle réécrit toujours énormément. Sabrina et Alice ont eu 14 % chacune des droits d’auteur concernant le scénario. Pour la promo à l’étranger, il est rare que les auteurs la fassent. La production ne pense pas les avoir lésées. »
Et n’allez pas croire que cela se passe forcément mieux à la télé. Autrice de sept épisodes du carton “Dix pour Cent” (France 2), Sabrina assure avoir dû réclamer son dû pendant l’écriture. « On avait menacé d’arrêter d’écrire avec Fanny Herrero. » Officiellement créatrice de la série, cette dernière a témoigné, dans Le Monde avoir obtenu ses droits d’auteur « de haute lutte. Tendre, ça n’existe pas sur ce genre de projets. Ceux qui disent que ça l’est, mentent ».