Cette obsession de vouloir "VIVRE" certains instants à tout prix me déboussole quelque peu...
Je me permets de répondre, vu que je me reconnais pas mal là-dedans. Je ne suis pas du genre à vouloir "vivre à fond" dans le sens voyager partout, faire du saut à l'élastique et plonger avec des requins, mais quand une sensation forte me tombe dessus "par hasard", j'ai tendance à en profiter. J'aimais énormément les manèges à sensation forte quand j'étais petite : objectivement, j'avais envie de gerber, ça me filait mal à la tête et y'a clairement quelque fois où j'étais morte de trouille, mais contre toute logique, je trouvais ça génial quand même. Je pense que ça vient d'une certaine fascination de ce que peut faire et ressentir mon corps ? Des rêves et des cauchemars étranges que mon cerveau peut me faire vivre (avec des vraies émotions alors que ça n'existe même pas !), de sentir un muscle ou une partie de mon corps très précisément, etc. J'ai bizarrement bien aimé avoir l'appendicite, par exemple.
C'était intéressant.
Que ce soit la douleur en elle-même, comment elle réagissait si je faisais ci ou ça, passer un certain temps à me dire "OMG CE SONT MES DERNIERES HEURES AVEC UN APPENDICE"
, qu'on en mourait régulièrement avant, que je connais quelqu'un qui a passé le bac avec, remarquer les effets de l'anesthésie, les trucs chelous qu'ils te racontent de l'opération...
Surtout quand c'est quelque chose qu'on sait qu'on ne revivra pas (ou en tout cas pas beaucoup), je serais éternellement frustrée de ne pas avoir eu l'occasion d'en "faire le tour" (ce qui est techniquement impossible).
Bon, après, on m'a toujours dit que j'étais bizarre là-dessus, donc je ne prétend pas que ce soit commun ou universel, hein.
En plus de cet aspect-là, quand il s'agit d'accoucher d'un enfant qu'on a porté pendant neuf mois, il y a sans doute une part de symbolique, c'est la fin d'une forme de la relation avec le bébé et le début d'une autre forme, de vouloir se souvenir de ce moment-là (même si c'est pour se dire "plus jamais je fais ça") (surtout que c'est le genre d'épreuve physique dont on se souvient forcément mal, donc autant le "vivre" sur le moment), et une part de spirituel pour beaucoup de gens (pas forcément dans le sens "haha c'est ton châtiment divin, pécheresse", mais pour ma part un côté "wow, c'est ce que ma mère, et sa mère, et sa mère, et sa mère, et sa mère etc ont traversé aussi, moment de solidarité féminine universel intemporel"
, et j'imagine que certaines peuvent avoir des traditions et des croyances liées à ça).