Je rejoins
@Ciredutemps, je ne pense pas que Valérie Pécresse et Anne Hidalgo aient été dans une situation identique, en tout cas au départ.
Je reconnais effectivement bien la campagne d'Anne Hidalgo dans ce que l'article dit du concept de "falaise de verre" : on l'a envoyée dans une situation risquée, dont il serait difficile de sortir la tête haute.
Est-ce qu'ils n'avaient personne d'autre ou de mieux à envoyer ? Après tout, il n'y a plus grand monde qui soit connu du grand public au PS et qui ne soit pas plus ou moins à la retraite, donc à moins de ressortir Ségolène Royal du placard ou d'aller tirer Jospin de sa retraite à bicyclette, on ne peut pas dire qu'ils avaient beaucoup de choix. Quand on voit que François Hollande avait l'air prêt à se lancer et la soutenait du bout des lèvres, je n'ai également pas l'impression qu'elle ait été très soutenue dans sa campagne. Elle fait un peu l'effet d'une candidature par défaut. Elle-même disait d'ailleurs ne pas vouloir être candidate, avant...ben, d'être candidate.
Est-ce qu'ils savaient que c'était un "sacrifice" et qu'ils se sont dit que sacrifier une femme c'était moins embêtant ? Est-ce qu'ils ont demandé à d'autres, mais que les egos masculins ont eu plus de mal à accepter l'idée de potentiellement tuer leur carrière ? Est-ce qu'elle s'est dévouée dans un élan d'altruisme typique de la socialisation féminine ?
Au vu de ses premiers discours de campagne, on peut aussi penser qu'ils se sont dit que le fait qu'elle soit une femme, et née dans une famille ouvrière, pourrait compenser un peu la mauvaise situation. C'est quelque chose sur lequel elle insistait beaucoup, c'était peut-être en partie pour meubler le vide, mais ça faisait clairement partie d'une stratégie. Après, le sexisme peut faire que ça a pu lui desservir.
Peut-être qu'ils ont effectivement choisi une femme parce qu'il y avait peu de budget, mais je ne pense pas qu'elle ait eu peu de budget parce qu'elle est une femme. Peu importe le candidat, le PS aurait eu un budget serré, ça aurait idiot de prendre le risque de dépenser beaucoup après le fiasco des dernières présidentielles et la concurrence nombreuses à gauche. Sans compter qu'il y a les législatives à financer après.
Valérie Pécresse a quand même été élue à la primaire, c'était le choix des militants, elle avait envie d'y aller. Elle se retrouve à faire une campagne de don dès le lendemain des élections, certes, mais c'est bien parce qu'elle a eu un budget qu'elle doit maintenant le rembourser.
En revanche, c'est clair que son propre camp l'a peu soutenue. Toute la saga sur "Sarkozy donnera-t-il enfin son soutien" a complètement nuit à son image. Et je pense aussi que, même si je disais plus haut qu'elle a été choisie par les adhérents, le système de la primaire l'a desservie, tout comme elle a desservi Yannick Jadot : on a vu des candidats d'un même parti se descendre les uns les autres pendant des heures à la télé, développer plusieurs lignes avec des différences marquées ou qu'ils ont prétendu marquées, pour au final en abandonner trois sur quatre (quitte à ce que certains aient du mal à lâcher) et appeler à voter pour un de ceux dont ils énuméraient tous les défauts la veille. Elle s'est fait bouffer par Ciotti.
Venant en plus d'un électorat conservateur, on peut effectivement penser que le sexisme a joué pas mal dans son mauvais score. Une candidature féminine pouvait espérer donner un vernis moderne et progressiste au parti, mais ils n'ont peut-être pas le bon électorat pour ça...
En tout cas, médiatiquement, on ne leur a rien laissé passer. Est-ce qu'elles étaient chiantes à écouter ? Oui, carrément. Est-ce qu'on a autant insisté sur l'ennui provoqué par des candidats masculins chiants à écouter ? Non.
Le "costume" de candidat à la présidentielle est encore très masculin, et elles ont été jugées sur ces critères-là, avec un bon côté "pile je gagne, face tu perds" : il faut être ferme et parler fort, mais attention, pas être froide et crier. Ce qui passe bien chez un homme ne passe pas toujours pour une femme auprès du grand public, et je pense que ça n'a pas été suffisamment pris en compte par les conseillers des candidates, particulièrement de Valérie Pécresse. Ou même d'un point de vue technique : la voix d'une femme ne va pas porter de la même façon sur scène, par exemple, ou penser son placement sur scène, dans une photo de groupe, à une table à plusieurs différemment peut être pertinent aussi.
Après, l'autre gros point commun que je trouve à Valérie Pécresse et Anne Hidalgo, c'est le biais parisien. Je pense que LR comme le PS se sont trompés en misant sur le fait que ces deux candidates aient confortablement remporté des élections avant en région parisienne, que leurs bilans sont considérés bons par leurs élécteurs, et que ça leur donnait donc une envergure nationale, parce que Paris et l'Ile de France, c'est gros et important. Non, en dehors de l'Ile de France, tout le monde s'en fout d'Anne Hidalgo. J'avais oublié l'existence de Valérie Pécresse avant qu'on parle d'une éventuelle candidature. Un alsacien ou quelqu'un qui vit dans le trou du cul du Limousin n'a aucune idée de leurs bilans. En 2020, quand j'entendais parler d'une potentielle candidature de Pécresse ou Hidalgo, ça me faisait sincèrement rire et me demander "mais QUI veut une candidature Hidalgo/Pécresse ?" : eh bien, manifestement, personne.