AIDES vient d?écrire à Madame Roselyne Bachelot, Ministre de la Santé et des Sports et à
Messieurs Louis-Charles Viossat, ambassadeur français en charge de la lutte contre le VIH,
Stanislas de Laboulaye, ambassadeur français auprès du Saint Siège et André-Arnaud
Vingt-Trois, archevêque de Paris et Président de la conférence des évêques de France pour
leur faire part de son indignation suite aux déclarations du pape Benoît XVI faisant preuve
d?une ignorance et d?un moralisme éloigné des réalités pragmatiques de santé publique.
Alors qu?en Afrique subsaharienne, 22 millions de personnes vivent avec le VIH et que 1,9
millions de personnes ont été infectées en 2007, l?accès à la prévention, au dépistage et à
des soins de qualité est la priorité de la lutte contre le VIH. En terme de prévention, le
préservatif reste le seul moyen de lutter efficacement contre le VIH/sida1.
Dans une déclaration accordée à RTL, Jean-Michel Di Falco évêque de Gap, s?exprimait
ainsi : "Malheureusement dans certains pays d'Afrique parce qu'ils n'ont pas les moyens de
se procurer les préservatifs, ils vont les utiliser plusieurs fois ou à plusieurs ». Cette
déclaration aggrave encore plus les propos du pape, et témoigne de la vision infantilisante
de l?Eglise vis à vis de l?Afrique.
AIDES est partenaire d?associations africaines de lutte contre le VIH depuis plus de dix ans.
Au quotidien, ces associations mettent en place des actions de prévention, de prise en
charge des personnes vivant avec le VIH et d?accès aux traitements. Lors de l?arrivée des
antirétroviraux, leur implantation en Afrique était remise en question selon l?idée reçue que
les africains ne seraient pas en capacité de suivre des traitements contraignants. Le succès
des programmes de prise en charge des personnes séropositives en Afrique témoigne du
contraire !
"Déclarer qu'un même préservatif est utilisé plusieurs fois à cause de la pauvreté dans les
pays d'Afrique est faux. Au Cameroun, le plan stratégique national de lutte contre le sida
prévoit des séances de sensibilisation à l'utilisation du préservatif en communauté et en
entreprise. Le coût du préservatif est de 5 FCFA soit 0,07 centimes, et il est même gratuit
dans certaines entreprises et certains centres hospitaliers. Alors, déclarer qu'un seul
préservatif est utilisé plusieurs fois lors des rapports sexuels est sans fondements. La
pauvreté de l'Africain se situe à un autre niveau mais pas à celui de l'utilisation du
préservatif", déclare Maurice Eloi Abina, Président de AFSUPES, Cameroun.