Je ne parlais pas que des méchants mais aussi des personnages qu'on ne connait pas. Faut quand même avouer que Enchanteresse ce n'est pas un nom. Et on ne connaît pas sa vie. Comment était sa jeunesse? Comment était sa vie avant la rencontre avec le Prince? Pourquoi être allé le voir? Qui sont ces connaissances? Il y a tellement de questions que je me pose sur elle.
"(La) Belle" - "La Bete" - "Lefou"... ce ne sont pas vraiment des noms non plus !
Mais c'est un conte, les personnages y ont rarement de nom, mais sont plus souvent désignés par une ou plusieurs caractéristiques car ce sont des archétypes. Ils.Elles n'ont d'ailleurs d'autre raison d'exister que la fonction qu'ils.elles incarnent dans le déroulement de l'enseignement véhiculé, la figure qu'ils.elles représentent, y compris les héros d'ailleurs (comme "le Petit Chaperon Rouge", "Peau d'Ane", "le Petit Poucet", "La Petite Ondine/Sirène"...).
D'ailleurs le Prince n'a pas non plus de nom dans la Belle et la Bête de Disney, comme dans d'autres Disney les plus anciens. Jusqu'au bout, y compris après être tombée amoureuse, Belle l'appelle "La Bête ".
(On le désigne souvent sous le nom d'Adam, mais c'est venu bien plus tard, avec le jeu vidéo je crois... à la base, il n'a jamais eu de nom. Et d'ailleurs Adam... ce prénom n'est pas anodin, c'est finalement un archétype également)
Le dessin animé durant moins d'1h30, c'est impossible de développer, et d'ailleurs cela n'aurait à mon sens pas vraiment d'intérêt.
Au contraire : on perdrait en symbolique, comme avec les méchants : la figure est là pour incarner quelque chose (ici, le "karma", ou "les conséquences des actes" mais aussi "le pardon/rachat des fautes passées", mais je l'ai longuement expliqué dans mon précédent message), une idée, un concept, une fonction, etc... afin d'appuyer une morale, de construire une parabole.
Et, quasiment tout le temps, d'explorer des concepts présents en chacun de nous d'ailleurs, ou dans la psyché humaine de manière générale (comme le père de Peau d'Ane permet d'aborder la question de l'inceste par exemple). C'est justement le rôle des conte et des fables, par rapport aux romans. Ce n'est pas une simple histoire, c'est une leçon de vie. C'est plus explicatif et analytique que simplement narratif.
Si le personnage est nommé, il devient unique, situable dans le temps et l'espace, et perd donc son universalité et intemporalité.
C'est l'une des plus grande force de l'adaptation par Disney de la Belle et la Bete, peut-etre le Disney "récent" le moins superficiel (avec le Roi Lion je dirais) : il y a trouze mille niveaux de lecture et de symboliques dans chacun des passages et des figures, et de l'histoire tout entière, et de ses dimensions philosopho-psychanalytiques, au delà du premier message évident.
(Si cela en intéresse certain.e.s, j'ai trouvé une analyse vraiment très intéressante du dessin animé (quasiment plan par plan !) :
http://clubdumillenaire.fr/2011/09/le-symbolisme-de-la-belle-et-la-bete/
C'est d'ailleurs pour ça que je reproche au live-action de trop "humaniser" les figures pour en faire des personnages, mais du coup, si tu es vraiment intriguée par le back-ground de l'Enchanteresse, le live-action de Disney te donnera déjà beaucoup de réponses, comme je l'ai indiqué dans mon précédent message, le personnage en devient véritablement un, pour le coup.