Je m'étais promise de ne pas me connecter sur Madz à 1 mois de mon concours, mais là je ne résiste pas, surtout avec un sujet sur la condition féminine au japon (je suis faible
).
Globalement, je ne peux qu'acquiescer les dires de l'article: si je devais caricaturer, les études au japon, pour les femmes, ne servent qu'à "faire jolie", et à intégrer une bonne université pour décrocher un bon mari. Une femme qui travaille est encore bien mal vue. On peut aussi penser à la princesse héritière du Japon, Masako, diplomate polyglotte diplômée d'une université américaine, dont l'Agence impériale ne voulait pas, car ne correspondant pas au "modèle" attendu comme future impératrice (à l'origine, le prince héritier avait reçu une liste de "femmes convenables en âge de se marier", mais il a refusé de choisir l'une d'entre elles).
Pour réagir à l'exemple de @elrewin, j'ai lu Hapi Mari et par rapport à la "production shojesque" actuelle, Hapi Mari est un manga qui sort du lot du point de vue de la condition de la femme. Par exemple Chiwa, après son mariage (2è) accepte de vivre comme femme au foyer à la demande de son mari. Mais très vite elle se rend compte qu'elle se sent à l'étroit, ressent le besoin de travailler et d'être "indépendante financièrement". Elle cherche un travail SEULE, choisit une entreprise qui n'est pas celle de son mari. Même si celui-ci est furax (car il ne pourra pas surveiller sa femme au bureau
), elle tient bon et refuse d'intégrer l'entreprise de son mari.
Certes,il y a beaucoup de scènes où le mari la mène par le bout du nez (notamment au lit), mais il y a quand même quelques petites scènes qui hausse le niveau du manga.
Je ne sais si tu as lu les shojos qui sortent en ce moment, mais ils sont un beau concentré de sexisme/apologie du viol/jeune fille idéale = fille innocente qui ne sait rien faire de ses 10 doigts.
Rien qu'à voir les rayons des librairies, je suis parfois effarée de voir ce qui est proposé.
En fait plus je réfléchis en écrivant ce message, plus je crois que les shojos sont de plus en plus devenus des "exutoires" supplémentaires, pour les hommes et les femmes, à cette abstinence sexuelle qu'évoque l'article.
Il fut un temps où les shojos ne contenaient presque aucune scène de sexe, et les rares dessinées étaient généralement entre deux personnes consentantes et n'occupaient qu'une place très réduite dans la relation (en contrepartie, c'était très fleur-bleue, eau de rose, etc).
Les shojos "nouvelle génération" sont au contraire bourrés de scènes de sexe, parfois jusqu'à 1/chapitre (à peu près la même fréquence que dans les hentais). L'histoire est toujours aussi "eau de rose" (une fille timide qui tombe amoureuse du type le plus cool/parfait/ténébreux du lycée, etc), mais maintenant
- l'idéal masculin est celui du mâle "bad guy", bon en cours voire génie, mais aussi rustre, incapable de contrôler ses pulsions sexuelles envers sa petite amie/crush, dominant sa compagne, s'y connaissant beaucoup dans le domaine du sexe, possessif et jaloux au possible.
- l'idéal féminin reste la fille cruche, jolie naturellement (ya que les moches qui passent des heures dans la salle de bain et qui "besoin" d'artifices
), obligatoirement bonne cuisinière (sinon t'es une femme ratée qui ne peut pas cuisiner les bentos à son petit ami), qui a aussi un don un domaine considéré comme féminin (piano, coiffure, chant, couture...). Elle ne prend aucune décision (et j'insiste lourdement sur le aucune, même ses vêtements et son maquillage sont choisi par le copain), a une tendance naturelle à pleurer au moindre problème (ma chaussure est cassée, mon bento est raté), n'a aucune vie en dehors de son copain (n'est-ce pas égoïste de penser à SON avenir alors que le copain a projets bétons et qu'il faut le soutenir?), pleure dès que le copain ne lui sourit pas/regarde pas (automatiquement, il lui en veut), est d'une pure innocence en matière de sexe, ne songe qu'à satisfaire son copain.
Je dois certainement un poil exagérer, et je sais qu'il y a des exceptions. Mais la tendance générale est ainsi, et les mangas à succès sont ceux qui utilisent tous ces ressorts, par exemple ceux de Minami Kanaan qui font un carton partout dans le monde, alors que l'héroïne se fait tripotée par son copain à chaque chapitre et qu'un autre homme (copain de son copain souvent) cherche à la violer/arrive à la violer (mais c'est pas grave, elle lui pardonne, parce qu'au fond il était un pauv type qui a pas eu de chance dans la vie, et tout le monde assiste au beau mariage à la fin
).
Le viol n'est pas présenté comme un "moyen de contrôle de l'homme sur la femme" (un vrai héros de shojo actuel n'en a pas besoin), mais comme la principale/seule forme de relation sexuelle dans le couple. Et à la fin, la fille lui dit merci et espère avoir fait des progrès dans le domaine pour mieux lui procurer du plaisir.
C'est un phénomène assez récent je crois. Les mangas des années 90 mettaient beaucoup plus en avant des femmes fortes, indépendantes, ou au moins capable de se débrouiller seules. Je pense par exemple à Hana Kimi avec Mizuki ou Mars avec Kira Asou. Les deux filles sont plus ou moins indépendantes, et leur vie ne tourne pas exclusivement autour de l'aimé (même si l'aimé tient une grande place, car ça reste une histoire d'amour).
Bref bref bref, le shojo s'engouffre dans une voie qui ne me plaît pas du tout.
Dernier petite remarque, j'ai découvert un '"nouveau type" de groupe d'idols : un groupe de chanteuses que les fans (masculins of course) peuvent approcher, "toucher" (vous ne pensez pas mal, c'est bien un euphémisme), et avec lesquelles ils peuvent avoir un RDV (qui peut se prolonger jusque tard dans la nuit, no problem). Les gamines ont entre 12 et 16 ans. Rassurez-moi, je ne suis pas la seule à penser que ce "défouloir à pulsions masculines" est passible de prison devant les tribunaux ?
Pardon pour le pavé
mais en tant que grande fan de mangas, je n'ai pas pu m'empêcher de rajouter quelques éléments sur la régression de la condition féminine dans ce domaine...
Edit : pour celles qui veulent connaître un peu plus en détail la face sombre de la sexualité japonaise, je conseille "Deep Love". C'est une série se concentrant dans chaque volume sur un personnage de la série. Âmes sensibles s'abstenir, surtout pour "Ayu" et "Reina".