Je trouve intéressant de lire les ressentis face aux dangers qu'on peut avoir en tant que fille mais j'aurais aimé que l'article aille plus loin.
J'en parle souvent sur la Veille Permanente Sexiste mais c'est un sujet qui me touche beaucoup car j'habite dans un pays relativement calme (l'Ile Maurice) où les gens sont terrifiés par l'insécurité et pensent que les femmes sont en perpétuel danger. Cela a naturellement influencé sur mon état d'esprit et j'ai dû faire un vrai travail sur moi-même pour me réhabituer à ne pas avoir peur.
Donc j'aurais aimé qu'on traite plus en détail cet aspect de la peur instillé par un certain type de discours.
Il y a quelques points avec lesquels je ne suis pas d'accord notamment dans le texte et qui rejoignent cette idée de la peur qui nous est rentré dans le crâne à force de discours alarmistes.
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pourtant il ne s’agit la plupart du temps que du bon sens le plus élémentaire (« ne pas rester seule dans les recoins sombres d’un parking souterrain » : quelle bonne idée, je n’y avais jamais songé !).
Pour moi, ce n'est pas "du bon sens" mais un conseil inspiré du mythe du violeur au parking (comme le rappelle Crêpe Georgette, cela ne représente que 0,6% des viols donc un nombre très très limité de femmes qui seront seules dans des parkings sombres seront en fait en danger). Ce genre de "rappels" ont surtout pour effet d'entretenir le côté anxiogène d'un lieu comme le parking.
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« En raison de leur sexe et de leur morphologie, les femmes sont parfois les victimes d’infractions particulières. »
Je sais. Croyez-moi monsieur le ministre de l’Intérieur, je ne sais que trop bien que je suis davantage exposée aux agressions en raison de mon sexe.
Je ne suis pas responsable du comportement de l’autre. Rien dans mon comportement n’est une incitation à quoi que ce soit, et cela le ministère de l’Intérieur me le reconnaît : c’est simplement « en raison de [mon] sexe et de [ma] morphologie » que je suis particulièrement exposée.
Je trouve que cette déclaration du Ministère pose vraiment problème. D'abord, ils parlent "d'infractions particulières". Qu'est-ce qu'ils veulent dire par "infractions"? Le vol de sacs à main? Ah bon? Et les hommes, on ne leur pique jamais des trucs à l'arraché comme des portables, des malettes ou des portefeuilles?
Sinon, oui, les femmes sont victimes de viols largement plus que les hommes donc de manière maladroite on peut dire "en raison de leur sexe". Mais c'est une formulation bien maladroite car ça laisse entendre que c'est comme ça ma pauvre dame, c'est la vie, en tant que femme, on attire les violeurs et les viols ça se passe souvent quand c'est des inconnus (non : la majorité des viols sont commis par des gens qu'on connait)!
Enfin, comment peut-on dire "en raison de leur morphologie"? Je ne vois pas du tout le rapport avec la morphologie! Ya quoi dans la morphologie d'une femme qui suscite les infractions? On est plus faibles physiquement? Hint : gros mythe, ce n'est pas une question de sexe que de pouvoir faire face à un agresseur de manière physique!
A part ça, les femmes sont peut-être plus souvent victimes de crimes comme le viol mais elles ne sont pas plus victimes d'agression que les hommes!
Etre une femme dans la rue est loin d'être "un facteur aggravé" car les statistiques tendent à montrer que dans l'espace public, les hommes sont plus souvent victimes d'agression, et que ces agressions sont plus violentes.
Par contre, les femmes sont victimes de harcèlement plus souvent.
En bref, ce texte renforce une peur de la rue qui a été créée par un discours anxiogène et des comportements inadaptés (le harcèlement), pas par une réalité de la violence physique omniprésente quand on est une femme.
A part ça, j'aurais aimé qu'on soulève certains points du texte du Ministère comme le coup de la boite aux lettres où l'on doit gommer toute mention du féminin pour ne pas attirer les agresseurs. @DestyNova en a parlé dans Veille Permanente Sexiste mais ça donne un peu l'impression qu'on suggère aux femmes de cacher qui elles sont et de se cacher tout court.
Et encore une fois, ça renforce le mythe du violeur psychopathe qui va rentrer par infraction chez une femme pour l'agresser... ou une idée fausse selon laquelle les cambrioleurs ciblent les femmes.
Voilà, pour moi le problème n'est pas qu'on est réduite à devoir être toujours prudente mais qu'on nous impose une peur pas toujours fondée sur des faits!
Sinon @ziloa, je suis tout-à-fait d'accord qu'il faudrait faire de la prévention sur l'alcoolisation excessive. D'autant qu'en France, on avait jusque là échappé aux problèmes d'alcoolisme chez les jeunes à cause d'un rapport à l'alcool plus modéré que dans les pays anglo-saxons... mais ça change.
Seulement, le problème c'est de dire aux femmes de ne pas boire pour éviter d'être violer et de cibler les femmes. Oui, on est plus vulnérable aux agressions ivres et c'est plus prudent de ne pas se bourrer la gueule. Par contre, personne n'a jamais dit que de se rouler dans un caniveau en vomissant sa piquette était féministe, juste que si une fille fait ça à côté d'un mec, ça ne devrait pas être plus choquant chez elle que chez lui.
On ne devrait pas trouver rigolo qu'un mec soit bourré et vulgaire qu'une fille le soit.
Tu parles de l'exemple d'un garçon mort et c'est juste : l'alcool, ça peut être dangereux. Un garçon qui boit trop peut se faire agresser, voler, violer aussi, tabasser, passer sous les roues d'une voiture, se noyer dans la rivière d'à côté, mettre en le feu en essayant de se faire à manger et tout ce que tu veux. Alors pourquoi dire seulement aux filles de faire gaffe et faire la morale quand elles boivent en parlant de leur sécurité?
C'est juste ça : soyons équitable quand on critique l'alcoolisation excessive et n'allons pas reprocher aux victimes d'avoir bien cherché ce qui leur arrive, hommes ou femmes