Aaah, l'éducation religieuse, vaste sujet.
Je suis née dans une famille catholique et bretonne (la précision est importante, car le catholicisme a toujours eu des spécificités en Bretagne). J'ai effectué toute ma scolarité dans des établissements privés sous contrats. J'ai effectué tous mes sacrements. J'ai été enfant de choeur. J'ai fais partie de la Pastorale des Jeunes et suis partie deux fois en pélerinage des jeunes à Lourdes. J'ai accompagné des jeunes dans leur préparation à la profession de foi et confirmation. J'ai été Scoute de France.
Je le conçois, tout ceci peut faire peur ^^ Non, rien d'extrémiste là-dedans, pas de Manifs pour Tous ou autres. Bien au contraire.
Je ne regrette pas cette éducation religieuse. Justement parce qu'elle n'était pas uniquement religieuse. Elle m'a donné une culture générale que je n'aurais certainement pas eu. Et j'ai toujours eu ce sentiment d'être poussée à faire le Bien (la religion étant médiatrice): il fallait être gentils les uns envers les autres, on faisait régulièrement des actions caritatives...D'ailleurs, je pense que si je me suis orientée vers le social, c'est en partie parce que j'ai reçu cette éducation.
Jusqu'au collège, je suis le mouvement, je ne me pose pas de questions, ça me paraît normal.
En 5e, septembre 2001, je découvre l'islamisme, les talibans, la burqa...Mon esprit s'éveille: comment est-ce qu'une religion peut prôner ce genre de choses? Alors, je commence à chercher des réponses et à m'intéresser à l'Islam.
Je continue à avancer dans mes activités "cathos" parce qu'on est entre amis, qu'on rigole bien et qu'on fait des trucs cools.
La rupture arrive vers 15 ans. Je vois le film "Kingdom of Heaven" qui est un électrochoc. Je prends pleinement conscience qu'on nous diabolise l'Islam alors que nous n'avons pas été mieux par le Passé. Je commence à analyser tout ce qui est dit à la messe et ça ne me plaît pas du tout. Je comprends pas l'injustice du monde; les guerres de religion (il est sacrément démago Dieu!)...
Je m'éloigne complètement de la religion. Je crois que pour mes parents (ma mère en fait), ça lui fait bizarre de voir que je refuse ce qu'elle nous a transmis. C'est le moment de ma crise existentielle.
En Term, le lycée organise un voyage solidaire au Sénégal. 90% de musulmans, 5% de chrétiens et 5% d'animistes. Je me rends compte que ce n'est pas la foi que je rejette, mais le dogme. Oui, je suis croyante, mais je refuse d'être attachée à une religion. Je me suis sentie aussi sereine dans le silence de la basilique qu'au moment de l'appel à la prière.
Ce voyage me réconcilie avec ma foi.
A présent, je suis totalement sereine sur ma foi. Oui, je crois. Mais pas en un Dieu universel qui apporterait la Paix sur Terre. Plutôt en un Dieu individuel, une sorte d'ange gardien qui me permet de me sentir moins seule. Je prie, lorsqu'en j'en ressens le besoin. N'importe où, n'importe quand. Et surtout pour mes proches (la prière égoïste est, semble-t-il, peu entendue). Si je ressens le besoin d'effectuer un rituel, je me rends dans une église. Pas par conviction catholique, mais parce que c'est l'éducation qui m'a été donnée. Et parce que c'est quand même beaucoup plus simple de trouver une église en France...
Mais je suis Bretonne, et j'ai aussi d'autres croyances plus "païennes". Je ne colle pas au dogme, je crois et ça me suffit
"Les bouddhistes avaient raison, les hindous avaient raison, les Indiens d'Amérique avaient raison, les musulmans avaient raison, les juifs avaient raison. [...] il fallait faire un choix. J'ai choisi l'Eglise catholique parce que j'ai été élevé en son sein et que mon enfance était imprégnée de ses mystères. Si j'étais né juif, j'aurais choisi le judaïsme. Dieu est le même, bien qu'il ait mille noms; mais il en faut choisir un pour s'adresser à Lui." Paulo Coelho,
Sur le bord de la rivière Piedra