@emeline.v Je suis contente de la chute de ton histoire ! Et je dois avouer assez impressionnée par ta réaction lorsque cette fille a tourné le lycée contre toi, ça ne m'est jamais arrivée, et je ne sais pas ce que j'aurai fait dans une pareille situation mais ta manière d'agir semble être la plus raisonnable. Quelle flippe cette pauvre fille, parce que t'as réussi ta vie et en plus tu t'es pas chopée une phobie scolaire puisque t'es prof : good for you
A mon tour de lâcher mon petit bout d'histoire !
J'ai rencontré T. (inventons son initiale
) au collège. Au début, on ne s'entendait absolument pas, c'était le genre de fille charismatique, grande gueule, un peu rebelle. Moi j'étais coincée, timide, je n'étais pas studieuse et n'aimais pas aller à l'école. J'avais quelques problèmes à la maison ce qui faisait que j'étais quelqu'un de très renfermé. Pourtant, on a fini par se lier d'amitié, se trouver des points communs. Malgré nos énormes différences, on avait quelques similitudes, on a vécu les mêmes problèmes, en gérant les choses ensemble, on se complétait en quelque sorte. Elle me permettait de m'ouvrir un peu et moi je la calmais dans ces excentricité. Pendant quelques années, ça a bien marché. Je faisais des concessions et elle, ne se remettait jamais en question.
T. était très impulsive, très colérique, capricieuse. Il suffisait que je dise un mot de travers pour qu'elle se mette dans des colères noires, à m'envoyer des textos tueurs, m'en mettant plein la tronche, me trouvant des tas de défauts et en me disant que tout le monde pensait ça, que si elle me parlait encore, c'était par "habitude"
Je me confondais en excuse, je n'avais pas énormément d'amis mais je devais constamment faire ce qu'elle voulait. Elle me faisait énormément de chantage. Si je ne voulais pas sortir en boîte ou dehors, elle m'harcelait par téléphone, me menaçait d'appeler sur mon téléphone fixe à minuit en sachant que ça rendrait mes parents dingue. Elle, elle voyait ça comme "un peu d'insistance" mais elle allait jusqu'à me dire que si je sortais pas de chez moi, on ne serait plus amies.
En soirées, elle me forçait à boire, si je voulais m'arrêter, c'était la fin du monde (j'avais fini par avoir une technique de jetage de verre discrétos pour ne pas finir à l'envers) et dès qu'un mec m'intéressait, inconsciemment, elle voulait se le faire aussi, se jetait directement sur lui. En contrepartie, elle me reprochait d'être trop timide et de ne pas sortir avec un tas de mecs, parce qu'il y avait qu'elle qui racontait ses histoires de fesses (du coup, j'étais moins intéressante à ses yeux).
Je vivais dans son ombre, et puisque je n'ai pas été accepté dans le même lycée qu'elle, j'ai ENFIN pu m'épanouir et devenir la personne que je voulais être. Bien sûr, ça ne lui a pas plu. J'avais changé, j'ai même eu un copain mais comme j'étais à l'internat, le week end, je devais les consacrer qu'à elle, et ce qu'elle voulait faire. Sinon, j'avais droit à du chantage. Quand j'étais avec mon copain, elle débarquait à l'improviste et même en voyant qu'elle dérangeait, ne partait pas. Entre deux séparation avec ce dernier, elle l'a même présenté à une de ces amies, à une soirée où je ne pouvais pas venir et ces deux là on fini ensemble. Au fond de moi, je me suis toujours dit que vicieusement, ça lui faisait plaisir et que plus rien n'était un obstacle entre elle et moi. Pourtant, moi, je n'étais pas jalouse ou possessive vis à vis d'elle. Je ne boudais pas lorsqu'elle avait d'autres plans de prévus. En revanche, moi, quand je partais voir d'autres amis, j'avais droit à d'énormes crises de jalousie. Et même s'il s'agissait d'amis que je ne pouvais voir qu'une fois par an. ça ne lui plaisait pas que je me déplace loin alors qu'à certains moments je ne voulais pas sortir en soirée avec elle.
Quand j'ai décidé de partir à l'étranger six mois, elle ne m'a jamais soutenue dans mon projet, allant même jusqu'à dire à mes parents que c'était une mauvaise idée, que j'allais gâcher mes études en les arrêtant quelques mois. A chaque fois elle prenait mes parents à parti lorsqu'elle était en colère contre moi, sachant que mes relations avec ceux-ci, pendant un moment ont été très compliquées.
Comme si c'était le destin, on a fini par s'éloigner, géographiquement mais même à des centaines de kilomètres, elle parvenait à m'en mettre plein la tronche dès que quelque chose ne lui allait pas, j'étais la seule de ses amies qui venait la voir et pourtant, à ses yeux, j'étais toujours la "pire de toutes" à chaque fois qu'un mot de travers sortait de ma bouche ou que son attitude me déplaisait.
J'ai évolué, grandi, et de mon côté, profité de son absence pour prendre du recul sur cette relation. Pendant quelques mois j'ai coupé les ponts suite à ces énièmes colères mais T. est toujours revenue vers moi, comme une fleur, avec des approches du genre "on ne va pas se faire la tronche pour toujours, hein?" mais je n'avais jamais droit à des excuses. Aujourd'hui, T. semble s'être posée, n'est plus aussi colérique. Pourtant, dans mon coeur, je sais que je ne pourrais plus jamais me sentir proche d'elle, d'avoir une pareille relation toxique. Je suis contente lorsqu'elle revient dans la région, ou m'appelle tout simplement. Je passe un bon moment à l'entendre parler de sa vie (oui bien sûr, ce serait trop utopique si T. n'était pas quelqu'un d'égocentrique). Pour clôturer le tout, la dernière fois que je l'ai eue au téléphone, elle m'a avoué qu'elle n'avait pas été cool avec moi dans le passé, qu'elle le savait. Elle a même été jusqu'à dire que j'étais celle qui avait le mieux réussi dans la vie.... avant de me rappeler tous mes échecs durant mon adolescence (mes relations parentales houleuses, mon manque de relations amoureuses) comme pour se rassurer en fin de compte.
Cet échange m'a conforté dans l'idée que je ne pourrais plus me confier à cette personne ou encore baisser ma garde, malgré toutes ses années car je sais qu'elle cherchera toujours inconsciemment ou non, à m'atteindre, me rabaisser d'une manière subtile mais en justifiant ses questions rhétorique en disant "ah mais je te demande comme ça, parce que je suis ton amie".
"Vraiment...?"
Voilà. La fin de mon petit roman. Ces témoignages m'ont beaucoup touchée et je souhaite bon courage à toutes ces "Tracy" (référence au film Thirteen - parce que oui, on se comparait à elles, adolescentes) qui ont du mal à couper le cordon avec l'autre, toxique. *hug*