Un témoignage poignant qui me parle, et qui m'a émeut plus que je pensais.
Je suis épileptique, du moins j'étais. Je suis actuellement en arrêt de traitement. Je n'ai jamais fait de crises violentes, "le grand mal" comme on dit. Juste des crises partielles.
J'ai commencé au lycée, à 15 ans, j'en ai aujourd'hui 27.
Ca m'a pourri le lycée. J'étais une élève plutôt bonne, mais les médicaments que j'avais à l'époque me donnait des troubles de la concentration, des trous de mémoire. Et j'étais tellement stressée au quotidien et par le fait de faire une crise que bien entendu...je faisais des crises. Du coup j'ai du repasser le bac en 1ere car j'ai fait une crise pendant l'épreuve de français (parce sue clairement, le tiers temps sert à rien quand tu fais une crise, vu que moi le seul truc qui marchait c'était dormir plusieurs heures d'affilée, mais toujours suivi d'une fatigue intense, comme si j'avais couru un marathon). Et puis j'ai fait une crise aussi pendant l'épreuve du bac d'histoire en term, et ca a affecté mon épreuve principale, l'histoire des arts, option que j'adorais. Mais j'ai décidé de ne pas repasser les épreuves, j'avais des points d'avance et je voulais me débarrasser de ça. J'aurai pu avoir une mention Bien voire Très Bien mais du coup j'ai eu de justesse Assez Bien. Heureusement que j'avais prévu d'aller à la fac et pas de rentrer en prépa, école sur dossier...
Le plus dur ce fut le regard de mes potes. Même si elles comprenaient, geraient bien pour m'emmener à l'infirmerie ou me ramener chez moi ou au boulot de ma mère lors de crises, j'ai toujours eu l'impression qu'elles ne comprenaient pas la profonde dépression dans laquelle j'étais.
J'ai fait une allergie médicamenteuse au bout de 3 ans de traitement, qui a failli m'être fatale. Ma neurologue m'a alors donné un vieux traitement et depuis je n'ai plus jamais fait de crises. C'était en 2006. Aujourd'hui je suis en arrêt, avec la bénédiction de ma neuro, j'ai passé le permis, enfin, je dors mieux, je me concentre un peu mieux, mais j'ai l'impression que l'épilepsie m'a volé des expériences que l'on ne vit que quand on est jeunes et inconscients (premières fêtes, cuites, camping sauvages, nuits blanches etc). Même aujourd'hui c'est encore difficile. Mes nouveaux amis qui ne m'ont jamais connu en état de crise ne comprennent pas bien non plus mes angoisses liées à d'éventuelles mauvaises nuits, la prise d'alcool, de drogues, etc...
Ca fait bizarre d'en parler. Wouahouh... Mais ca fait du bien.