Je suis complètement d'accord avec l'article, et ne suis que compassion pour la masse grouillante de stagiaires exploités, sous-rémunérés (parfois, grâce à quelques combines, pas rémunérés du tout), mal considérés, etc.
Pour avoir été stagiaire pendant 6 mois en agence de conseil et m'être tapé régulièrement des "rushs" jusqu'à minuit pour finaliser les réponses aux appels d'offre, le tout pour environ 400 balles par mois, je suis sincèrement du côté de la team "stagiaires".
Et... et. Et pourtant.
Ce "pourtant", c'est la stagiaire de Master I qui a rejoint mon service cette semaine.
Qui, pendant mon jour d'absence (je travaille à 80%), trouve normal de déserter son bureau pour venir squatter le mien car "l'écran est mieux", et de me laisser le bordel derrière elle (dossiers empilés n'importe comment, caisson grand ouvert alors que j'y enferme des effets personnels, etc.).
Qui trouve normal de débarquer à 9h30 et se faire des pauses déj 12h-15h parce qu'elle" déjeune à l'extérieur".
Qui trouve normal de tutoyer immédiatement des gens qu'elle ne connaît pas.
Ce "pourtant", c'est la stagiaire de Master II qui a bossé 6 mois dans un autre service de ma Direction, l'an dernier.
Qui regardait tout le monde de haut parce qu'elle était à Sciences Po (j'ai également fait Sciences Po, pour autant je ne considère pas les secrétaires comme mes larbines).
Qui trouvait tout ce qu'on faisait "so dépassé" (c'est la fonction publique ici ma cocotte, on n'a ni les budgets du privé, ni les marges de manœuvre, en termes d'audace, d'une start-up de jeunes HEC).
Qui, parce qu'on la conviait à des réunions importantes avec des élus pour qu'elle puisse profiter de ces évènements, qu'elle puisse vivre des moments chouettes et formateurs, se sentait pousser des ailes et prenait la parole inopinément et de manière totalement déplacée pour enchaîner des propos réussissant le tour de force d'être à la fois plats et pompeux, sur des sujets qu'elle ne maîtrisait pas.
Et j'ai malheureusement pas mal d'autres exemples de ce que oui, j'en suis chagrine mais c'est ainsi, j'appellerais des "stagiaires rois".
Ces stagiaires rois existent, c'est un fait. MAIS généraliser le trait à l'ensemble des stagiaires de la génération Y est ridicule, et choisir de mettre ça en avant plutôt que l'évidente précarité et exploitation dont sont victimes la plupart de ces mêmes stagiaires est un parti-pris carrément cynique.