Les stagiaires de 2015, des « rois »... bien mal traités

[dyspeptique]

Puisque les stagiaires sont si mal vus, pourquoi ne pas tout simplement faire interdire les stages ?
Blague à part, je pense de plus en plus que les stages devraient être soit carrément interdits par la loi, soit d'un accès très très limité. Certes, il s'agit d'une période censée nous apporter une expérience "enrichissante". Sauf que dans bien des cas, c'est tout simplement de l'exploitation, sans garantie de retour positif. On se retrouve d'autant plus esclave de son "tuteur", qu'un mauvais rapport de stage nous pend au nez...
Et que dire des cas où on nous dit que nos périodes de stages sont trop courtes, qu'elles ne nous apportent pas une expérience suffisante pour nous lancer dans le monde du travail ?
Est-il normal qu'un dispositif où le travail n'est pas rémunéré (ou très peu) soit devenu presque aussi concurrentiel que pour un CDD ?
Ces stages étaient censés nous apporter une aide. Mais force est de constater que bien souvent ce n'est pas le cas. Je ne sais pas ce qu'il en est pour des stages à des postes hautement qualifiés et sur une longue période, mais pendant les stages courts que j'ai fait ces dernières années, je ne peux pas dire que j'ai eu de grandes révélations sur le milieux professionnel dans lequel je voulais travailler, même dans les cas où mon tuteur de stage était sympa. Alors à quoi bon exiger systématiquement de nous ces périodes non rémunérées en entreprise, si c'est pour nous critiquer ensuite, je vous le demande ?

 

[Migway]

Ce qui me fait bien rire, c'est qu'au final, si on y regarde de plus près, toutes les remarques de Madame Figaro dans cet article montrent à quels points les employeurs sont les dits "rois". Avec leur grande couronne, ils ne supportent pas qu'un petit jeune puisse avoir des idées fondées et intéressantes, qu'il ait de l'ambition, qu'il ne veule pas être un esclave ! Et je ne parle pas non plus de ceux qui 'emploi' stagiaire sur stagiaire pour faire son travail, mais pas plus de deux mois, comprenez, faudrait pas dépenser de l'argent...

Il faudrait peut-être revoir ses définitions, et merci Madmoizelle pour justement revenir là dessus, car il y a une grande différence avec un stagiaire lambda, qui en terme général (je pense) n'a rien à voir avec ce stagiaire roi. Après, il ne faut pas oublier que tous le monde n'est pas à mettre dans le même sac, et que sans doute existe-t-il des stagiaires irrespectueux, hautains, peut-être même je m'enfoutiste... Mais, peut-être serait-il bien de tempérer les choses dans ce cas, Madame Figaro.

p.s: c'est un détail, mais pour la photo de 2 Broke Girls, elles ne sont pas en stage, elles font ça seulement dans un épisode pour se faire de la pub car elles ont monté leur boutique ^^

 

[Biscottine]

De toute façon, notre génération se fait basher tout court... Je suis en en CDD depuis peu, et mes collègues qui sont plus âgées que moi trouvent que je veux "trop refaire le monde" et que j'ai "un sacré caractère olalala", tout ça parce que je me permet de participer au réunion, de donner mon point de vue... Elles peuvent dire ce qu'elles veulent, elles qui sont en CDI bien au chaud depuis des années...

 

[Luniiie]

J'ai cru m'étrangler en voyant l'article... J'ai même cru au départ que j'étais arrivée sur Le Gorafi...

Non mais je suis sciée quoi. Ayant été stagiaire l'année dernière, et étant apprentie cette année, ce genre d'articles me révolte. Et pourtant, je n'en entends pas beaucoup moins au sein des entreprises où j'étais.

Quand j'ai fait mon stage l'année dernière, ma maître de stage était heureusement très consciente que je devais apprendre, et j'ai pu faire et voir beaucoup de choses. Mais sur les quatre stagiaires que nous étions, je suis la seule à avoir eu cette chance. Et la seule à avoir été payée. Bah oui, les autres, ils ont dû faire deux mois moins une journée, pour ne pas être dans les clous de la loi obligeant à payer à plus de deux mois de stage...

Je suis la seule à avoir pu négocier parce que j'avais réellement besoin de neuf semaines complètes.

Quant à mon apprentissage, encore un autre statut que celui de stagiaire, qui pourtant est confondu avec, et encore aujourd'hui, après dix mois à trimer dans l'entreprise et à faire le boulot de mon chef en plus du mien depuis quelques temps (car celui-ci est parti), on me dit encore "eh, tu es payée ? Tu as de la chance, vraiment tiens. Je n'aurais pas cru qu'on te paye, toi". Et quand je parle de perspectives d'avenir au sein de l'entreprise, on ose me répondre "non mais on va pas mettre une ancienne stagiaire à ce genre de poste, quand même". Et là, on se demande à quoi ça sert de sortir d'une grande école de commerce...

 

[Biscottine]

@Ghost wind EDF payent ses stagiaires "correctement" (le smic) et les font participer à des réunions d'informations, des formations etc... Je ne pense pas que cela concurrence les vrais emplois chez EDF, t'as pas mal d'avantage chez eux, le stage doit surtout servir à recruter des jeunes futurs diplômée (en école d'ingé), je ne sais pas si d'autres boîtes le font. Pour mes stages personnellement j'ai eu vachement de chance, le premier était payé le minimum mais on m'a réellement appris des choses, le deuxième était sans rémunération mais j'ai quand même eu 350€ (le maximum fixé par la loi) et ils m'ont embauchée pour un an.

 

[Peachcalibur]

Tout comme @Ghost wind , le stage devrait être revalorisé je pense. Il y a beaucoup de choses qui manquent à mes yeux et qui sont importantes, je pense notamment aux transports payés. Quand on fait un stage sur Paris, on a généralement possibilité de se faire rembourser 50% de sa carte de transport. Pour les autres régions, vous pouvez toujours vous accrocher...Il y a beaucoup de disparités.
Pareil, à un moment donné, on parlait de fiches à remplir par le stagiaire pour " noter " l'entreprise, il y a de ça 2 ans je crois. Sur mes deux dernières années de stage, je n'en ai pas vu la couleur et c'est vraiment dommage.

Par contre, @dyspeptique , interdire le stage ne me semble pas être la solution car c'est de tout de même une bonne expérience pro (même si je te l'accorde, c'est pas toujours transcendant). Est-ce qu'il faudrait un autre type de statut, je ne sais pas ? En même temps, ça ne règlerait pas le problème. Je prends l'exemple d'une amie qui est architecte diplômée d'état et qui souhaitait faire une dernière année de formation pour avoir la possibilité légale d'ouvrir une agence d'archi. En tant qu'archi DPLG, elle a légalement le droit à un minimum de 1800 € de rémunération. Hé ben, t'as des entreprises qui ont trouvé à rechigner, à dire que c'était trop cher pour eux et qui ont cherché à la payer moins. Je pense qu'il y a surtout un gros gros problème de mentalité et de respect des lois.

 

[dyspeptique]

C'est clair que l'interdiction des stages ne va pas régler tous les problèmes. Cependant, il me semble qu'il faut tout de même les limiter, ne serait-ce que les stages courts à des postes peu qualifiés, qui n'apportent pas grand chose en matière d'expérience. Ou alors il faudrait au minimum faire en sorte qu'un stage non rémunéré compte pour les cotisations retraites. Il n'est pas normal qu'une période pendant laquelle nous sommes actifs et produisons de la richesse, ne soit pas comptée pour plus tard, au seul prétexte que nous ne sommes pas payés.

 

[Junny12]

Ah, le monde du travail en France... Bien contente d'avoir quitté tout ça ! J'ai fait l'expérience d'un stage au Québec, c'est vraiment pas la même chose ! Déjà mon programme universitaire emploie une coordonnatrice de stage qui s'occupe de te trouver ton stage à ta place (et pas de la merde comme stage). Ensuite j'ai rencontré mon superviseur, une des premières choses qu'il m'a dit c'est "ici, on ne donne pas des tache techniques aux stagiaire universitaire. On estime qu'ils sont là pour apprendre le quotidien de leur futur emploi, pas pour nous servir de techniciens ou de préposé au café". En plus de ça il a rajouté que tout le monde travaillait ensemble et supervisait le travail des autres, et que les erreurs n'était pas interdites et permettait d'avancer. Alors non, toutes les entreprises et tous les emplois ne sont pas comme ça au Québec, mais ils sont quand même très loin du cliché du boss tyran qu'on connait en France et qui s'avère malheureusement très souvent véridique. Et vous savez quoi ? Être compréhensif et sur le même pied d'égalité avec son patron, c'est vachement plus motivant que de se prendre des remarques et de la mauvaise humeur dans la gueule à longueur de journée pour faire son travail ! :-)

 

[tarolime]

Quand j'ai lu l'article de Madame Figaro pour la première fois, j'ai pas pu m'empêcher de me dire "Mais oui cey trop vré lol"... En effet je travaille dans une administration publique, et la plupart des stagiaires que nous recevons sont les "fils de" des gros bonnets de la boîte. Il faut avouer que le dernier était gratiné : pédant, vulgaire, n'a quasi rien foutu des quatre semaines, prenant 3h de pause le midi et 30min de pause clope toutes les 45min. Autant dire que l'article donnait de lui une description assez fidèle.

Jusqu'à ce que je me rende compte... Que je devrais me sentir insultée ! Je ne suis pas stagiaire, mais apprentie. Comme dit plus haut par une Madz, c'est quand même vachement mieux loti qu'un stage (je n'ai pas du tout à me plaindre de ma paie, par exemple) mais c'est souvent confondu et pas le rêve non plus. On m'appelle souvent "la stagiaire", je prends les vacances que veulent bien me laisser mes collègues, et j'ai le droit à des soupirs et des réprimandes quand je leur annonce que je ne serai pas là la semaine prochaine (ben oui, une semaine sur deux quoi, c'est pour ça que ça s'appelle de "l'alternance" !). Le pire, dans tout cela, c'est ma "supérieure" qui a été embauchée grâce à un piston monumental alors qu'elle n'a aucune des compétences requises pour le poste. En gros, je fais son taff + le mien (surtout le boulot qui la fait chier) pour le même salaire, et quand j'ose protester on me fait passer pour une flemmarde et on me sert le fameux "C'est bien que tu le fasses, c'est formateur !". Ouais, enfin, ça fait presque deux ans que je suis là, j'crois que je connais maintenant...

Désolée pour cet énorme déballage de vie mais j'avais besoin d'en parler Heureusement, à part cela, le reste n'est pas pourri et j'ai la perspective d'une embauche à la fin.

 

[Luniiie]

@dyspeptique Assez d'accord avec toi pour les cotisations. Je pense notamment aux écoles de commerce (parce que c'est un cas que je connais bien) qui présentent du coup des disparités: soit tu fais de l'apprentissage et tu cotises pour ta retraite mais tu as des contraintes importantes (et tu fais tes études en même temps qu'un boulot, ce qui est dur), soit tu accumules les stages pendant un an (car il faut ça pour valider ton diplôme, ce qui est normal), et tu trimes un an pour des cacahuètes à ne pas cotiser.

Après en effet, ce n'est pas la création d'un nouveau statut qui permettrait de régler les choses, puisque ça ne sera jamais qu'un nouveau statut-valise pour faire faire n'importe quoi aux gens. Par contre, il y a des trucs assez bien encadrés, notamment en apprentissage, si je me souviens bien, une entreprise ne peut pas avoir plus de tant de % de sa masse salariale qui soit constituée d'apprentis, et il me seeeemble (à vérifier) que tu ne peux pas faire tourner indéfiniment des apprentis sur le même poste, au lieu d'embaucher les gens...

 

[Luniiie]

@Princessechat Et j'espère que ça ne veut absolument pas dire non plus que tu considères que les étudiants en école de commerce bac+5 n'apprennent pas de métier et que leurs stages ne leur servent à rien... Ta formulation est assez hasardeuse et me fait bien tiquer. Personnellement, mon stage et mon apprentissage m'ont permis d'apprendre deux métiers, voire plusieurs, et je les considère comme hautement formateurs pour mon diplôme, ce qui est le cas de beaucoup de mes camarades également. Et je ne suis pas non plus pour une suppression des stages mais pour un encadrement stricte de celui-ci, évitant "l'esclavagisme moderne". Je pense que ça n'est pas trop demander.

 

[dyspeptique]

Interdire les stages ? Non merci. Il serait peut-être bon de rappeller que les stages ne concernent pas uniquement les étudiants en commerce à bac+5 et qu'il y a aussi des gens qui en font pour des raisons utiles, genre apprendre un métier. J'ai récemment suivi une formation pour adulte incluant un stage non réuméré à effectuer, qui remplace les deux ans d'apprentissage que font normalement les jeunes pour leur CAP. Pas de stage, pas d'expérience sur le terrain, pas de possibilité de se faire engager par la suite.
Donc ouais, je ne regrette pas du tout d'avoir bossé gratuitement pendant plusieurs semaines.
(et ça ne veut absolument PAS dire que je suis d'accord avec ce torchon du Figaro)

J'avoue que mon propos était un peu fort. Cependant, je me permet de soulever cette question : Le fait que les stages soient si courants n'est-il pas une des causes pour lesquelles ils sont devenus obligatoires pour trouver un emploi ? Après tout, quel serait l'intérêt pour l'employeur d'embaucher une personne inexpérimentée et la former quand il a des stagiaires qui bossent gratis, et qu'il peut de ce fait exiger qu'un candidat à un poste soit déjà expérimenté puisqu'il aura forcément effectué des stages ? (Bon je sais bien que ce n'est pas le cas partout, mais il me semble que ça s'est multiplié)
Je sais très bien que les stages ne sont pas que pour les étudiants à bac plus 5. J'ai fait avec mon niveau bac, à ce jour, plus de 8 périodes de stages allant de 10 jours à un mois (sur des projets de formation différents). Je n'ai à ce jour été embauchée en CDD qu'une fois, pour un poste qui n'avait rien à voir avec mes formations (j'ai bossé chez Mc Do pendant des soldes). Les stages m'ont-ils permis d'être embauchée ? Non ! M'ont-ils apporté des savoirs réellement indispensables ? Non, j'aurais pu apprendre certaines techniques très vite en étant embauchée. Parfois, on ne m'a simplement pas fait confiance à la base, difficile de prendre des responsabilités et d'apprendre dans ce cas.
Et bien entendu, ça ne compte pas pour ma retraite.
Bien sûr qu'on peut avoir de très bonne expériences en faisant un stage. Et si on ne faisait qu'une seule période ou deux pendant une vie professionnelle, ça ne serait pas un problème. Mais aujourd'hui, combien d'entre nous cumulent les périodes de stage sans aucune garantie d'embauche et sans contrepartie ? C'est pour ça que je suis pour qu'on mette au moins une limitation aux stages. Il est devenu trop facile pour les patrons de faire tourner des stagiaires dans les entreprises, et ce malgré les réglementations déjà mises en place, ce qui n'est pas bon pour l'emploi.

Il me semble aussi bon de préciser qu'il est de plus en plus demandé de faire un stage "découverte" dans le cadre d'une demande de formation. C'est-à-dire qu'il faut que vous bossiez dans une entreprise pour avoir le droit de POSTULER pour une formation... (on m'a demandé ça pour pouvoir postuler à l'Afpa...). Bien entendu ce n'est pas payé. Il s'agit en général de périodes très courtes, mais cela nous fait perdre bien souvent un temps précieux, pour encore une fois, se faire exploiter.