J'ai étudié beaucoup de choses dont les arts appliqués, parce qu'à l'époque je voulais être styliste de mode.
Aujourd'hui, je fais un métier considéré comme intellectuel et quand je dis qu'il fut un temps où je voulais être styliste de mode, j'ai droit à des regards étonnés, voire désapprobateurs, parfois même accompagnés de "Mais pourtant, tu es tellement intelligente" ou "T'as bien fait de faire autre chose, hein. Ça aurait été tellement dommage de te cantonner à un métier aussi superficiel et débile alors que t'as plein de capacité". (Textuellement, je vous jure).
Ça m'énerve au plus haut point. Parce qu'on est dans la mode, ça sous-entendrait qu'on est un-e incapable décérébré-e ? Ce qui me fascinait (et me fascine toujours) là-dedans, c'est justement l'aspect créatif. A mon sens, c'est une forme d'art en mouvement, et une forme d'art utile en plus, puisque nous la portons au quotidien, et qu'elle nous sert à exprimer quelque chose de nous-même plus ou moins consciemment.
Donc je trouve en fait assez hypocrite et particulièrement idiot ce discours consistant à faire passer la mode pour un milieu forcément futile réservé à des personnes ramollies du bulbe rachidien.
Sinon, le cliché qui m'énerve peut-être le plus par rapport à tout ça, c'est celui auquel j'avais droit chaque fois que je disais que j'étudiais les arts en général et appliqués en particulier :
"T'es étudiante en arts ? Ah bon ? Mais moi, je crois que l'art ça s'étudie pas, pourquoi tu fais une école ? L'art c'est dans le coeûûûûûûûrrrrrrrrrr.... "
Ma réaction :
[Traduire : "Et ta connerie, tu l'as acquise en étudiant dans une école ou ça te vient du cœur aussi ?"]
PS : Ah oui, et comme même les milieux militants ne sont pas exempts de clichés, j'avoue qu'il est arrivé que mes camarades féministes me déçoivent grandement à ce sujet, en m'assénant des trucs du genre : "Quoi ? Mais comment tu peux aimer la mode en étant féministe ?" ; "Les talons, c'est une invention du patriarcat pour contrôler le corps des femmes" ; et mon préféré "Tu es victime des injonctions sociales à la féminité".