Absolument dé-bor-dée : où le PS montre son amour pour la liberté d\'expression

[Denis]

Denis : as-tu lu le bouquin en question?

Hello Lao,

non et pour cause, ce bouquin aborde un thème somme toute très banal et connu comme le précise Doubiekatchu dans son post.

L'enjeu de cette affaire n'est pas le bouquin en lui même.

L'enjeu (pour nous à la rédac) c'est la défense de la liberté d'expression de son auteur.

 

[AnonymousUser]

Je trouve que ça fait "partie du jeu". Elle a voulu s'exprimer comme ça, elle perd son job. Elle s'exprime presque d'autant mieux en étant licenciée ... je suis cynique en le disant mais elle gagne en visibilité médiatique en se faisant virer !

Je ne sais pas, je ne vois pas où est le problème. C'est pareil pour tout : on se critique un système, le système nous renvoie, voilà. Elle a pu publier son livre quand même, il sera lu et se vendra sans doute très bien, et elle trouvera un autre job. Ne pas critiquer ceux qui nous embauchent trop ouvertement (dans un livre !!) fait partie du contrat, non ? Un joueur de l'équipe de France doit se modérer s'il veut critiquer son entraîneur devant la presse, un ministre doit soutenir son Président, un agent artistique doit soutenir l'artiste qu'il représente ... Tout ça fait partie du travail. Si on veut davantage s'exprimer, soit, mais qu'on s'attende à un retour de bâton - je ne trouve pas ça si scandaleux ...

 

[Denis]

Je n'attends que ça
(ce n'est pas une pique, ça m'intéresse réellement)

Ok Lilou.

A tout seigneur tout honneur : le cas Galilée.

Cet immense physicien italien du XVIIème siècle a soutenu la thèse héliocentrique (la terre tourne autour du soleil), établie par Copernic, dans un ouvrage publié en 1632.

Thèse qui n'arrangeait pas du tout l'Eglise catholique dont l'idéologie reposait en grande partie sur la centralité de la terre dans l'univers.

En juin 1633, l'Eglise catholique le condamne à la prison à vie et exige son abjuration dans les termes suivants :

« Moi, Galiléo, fils de feu Vincenzio Galilei de Florence, âgé de soixante dix ans, ici traduit pour y être jugé, agenouillé devant les très éminents et révérés cardinaux inquisiteurs généraux contre toute hérésie dans la chrétienté, ayant devant les yeux et touchant de ma main les Saints Évangiles, jure que j'ai toujours tenu pour vrai, et tiens encore pour vrai, et avec l'aide de Dieu tiendrai pour vrai dans le futur, tout ce que la Sainte Église Catholique et Apostolique affirme, présente et enseigne. Cependant, alors que j'avais été condamné par injonction du Saint Office d'abandonner complètement la croyance fausse que le Soleil est au centre du monde et ne se déplace pas, et que la Terre n'est pas au centre du monde et se déplace, et de ne pas défendre ni enseigner cette doctrine erronée de quelque manière que ce soit, par oral ou par écrit; et après avoir été averti que cette doctrine n'est pas conforme à ce que disent les Saintes Écritures, j'ai écrit et publié un livre dans lequel je traite de cette doctrine condamnée et la présente par des arguments très pressants, sans la réfuter en aucune manière; ce pour quoi j'ai été tenu pour hautement suspect d'hérésie, pour avoir professé et cru que le Soleil est le centre du monde, et est sans mouvement, et que la Terre n'est pas le centre, et se meut. [...]http://fr.wikipedia.org/wiki/Galilée_(savant)#cite_note-6http://fr.wikipedia.org/wiki/Galilée_(savant)#cite_note-6

Il a fallu attendre le 20ème siècle pour que l'Eglise reconnaisse pleinement ses errances...

 

[Denis]

Je trouve que ça fait "partie du jeu". Elle a voulu s'exprimer comme ça, elle perd son job. Elle s'exprime presque d'autant mieux en étant licenciée ... je suis cynique en le disant mais elle gagne en visibilité médiatique en se faisant virer !

Je ne sais pas, je ne vois pas où est le problème. C'est pareil pour tout : on se critique un système, le système nous renvoie, voilà. Elle a pu publier son livre quand même, il sera lu et se vendra sans doute très bien, et elle trouvera un autre job. Ne pas critiquer ceux qui nous embauchent trop ouvertement (dans un livre !!) fait partie du contrat, non ? Un joueur de l'équipe de France doit se modérer s'il veut critiquer son entraîneur devant la presse, un ministre doit soutenir son Président, un agent artistique doit soutenir l'artiste qu'il représente ... Tout ça fait partie du travail. Si on veut davantage s'exprimer, soit, mais qu'on s'attende à un retour de bâton - je ne trouve pas ça si scandaleux ...

Et tu trouves ça visiblement tout à fait normal ?

 

[AnonymousUser]

Et tu trouves ça visiblement tout à fait normal ?

Tant que çafait partie d'un contrat, oui.
Si c'était une interdiction qui perdurerait, après le job par exemple, ou si l'Etat avait interdit la publication de son livre, bien sûr je me serais élevée contre cette pratique. Là, bon : elle travaille pour une "entreprise" (en l'occurrence, sa région), elle critique ses employeurs et leur fonctionnement, elle est virée, je trouve ça ... cohérent.

Pour Galilée, on est pas du tout dans le même registre : il ne critiquait pas l'Église directement, il faisait une découverte scientifique capitale qui dérangeait l'Église. Conséquence de quoi, il n'a pas été viré ; on a menacé d'attenter à sa vie et on l'a jeté en prison, donc privé de sa liberté ... On est pas à la même échelle, là.
L'auteure du livre a été virée mais aucune menace ne pèse sur sa vie. Elle trouvera un autre travail, c'est contraignant de devoir en retrouver un et ça prendra peut-être du temps mais c'est faisable, et elle tirera des leçons de son licenciement : si elle veut critiquer la boîte qui l'embauche, qu'elle attende de ne plus en faire partie.

 

[AnonymousUser]

Denis : ne pas confondre "censure" et "conséquences prévues par le système". Il est prévu par le système que celui qui met l'entreprise en difficulté plutôt que de lui apporter soit renvoyé, ou du moins, subisse les conséquences de ses actes. C'est pourquoi on ne paie pas les ouvrier en grève, par exemple, et oui, je trouve ça normal.

Ici, elle met en péril "l'entreprise" pour en plus dire qu'elle ne s'y plait pas : hé bien, autant la renvoyer et embaucher quelqu'un qui sera plus efficace, plus motivé, et plus à sa place.

Je ne vois pas où est le problème. Et si ce n'est pas normal alors demande a ton boss de t'expliquer pourquoi, ça serait intéressant ^^.

Le travail qu'elle avait n'était pas un "du". On ne la prive pas de sa liberté de trouver un nouveau travail, on ne la prive pas de sa liberté d'expression, on ne la prive de rien, sauf d'un travail dont elle ne voulait pas.

Bref il faudrait arrêter d'être dans la confusion, sans cesse...

 

[Denis]

Pour Galilée, on est pas du tout dans le même registre : il ne critiquait pas l'Église directement, il faisait une découverte scientifique capitale qui dérangeait l'Église. Conséquence de quoi, il n'a pas été viré ; on a menacé d'attenter à sa vie et on l'a jeté en prison, donc privé de sa liberté ... On est pas à la même échelle, là.
L'auteure du livre a été virée mais aucune menace ne pèse sur sa vie. Elle trouvera un autre travail, c'est contraignant de devoir en retrouver un et ça prendra peut-être du temps mais c'est faisable, et elle tirera des leçons de son licenciement : si elle veut critiquer la boîte qui l'embauche, qu'elle attende de ne plus en faire partie.

Personne ne dit que Zoé est Galilée.
Cet exemple (illustre) parmi tellement d'autres a pour vocation de démontrer que la liberté de publier ne se confond pas avec la liberté d'expression. (Cf le débat plus haut).

 

[Denis]

Bref il faudrait arrêter d'être dans la confusion, sans cesse...

En parlant de confusion : vous considérez vraiment qu'un conseil régional, organe de la République à vocation de service publique est une entreprise comme les autres ?

 

[AnonymousUser]

En parlant de confusion : vous considérez vraiment qu'un conseil régional, organe de la République à vocation de service publique est une entreprise comme les autres ?

Je considère que tout employeur est en droit d'exiger de ses salariés qu'ils gardent un minimum de réserve sur leurs critiques vis-à-vis de ceux qui les emploient.

 

[Denis]

Je considère que tout employeur est en droit d'exiger de ses salariés qu'ils gardent un minimum de réserve sur leurs critiques vis-à-vis de ceux qui les emploient.

C'est prudent et cela te vaudra à coup sûr une belle carrière, mais ça ne permet en rien de faire progresser le droit à la liberté d'expression dans notre joli monde, ce qui tu l'auras certainement remarqué est un peu notre vocation chez Mad.

 

[AnonymousUser]

En parlant de confusion : vous considérez vraiment qu'un conseil régional, organe de la République à vocation de service publique est une entreprise comme les autres ?

Non, le fonctionnaire a des droits et des obligations, et parmi ses obligations, celle de la neutralité.

Non mais au fond : soyons honnête, cette femme voulait devenir une star, point.

 

[AnonymousUser]

C'est prudent et cela te vaudra à coup sûr une belle carrière, mais ça ne permet en rien de faire progresser le droit à la liberté d'expression dans notre joli monde, ce qui tu l'auras certainement remarqué est un peu notre vocation chez Mad.

Ah bon? Mince... Moi qui croyait que... Zut !