Antiracisme blanc et racisme anti-blanc

[Lady Stardust]

Et justement, ça ne renie absolument pas le fait que j'écoute en général les personnes concernées et que je ne fais pas du chevalier blanc. Donc si tu veux, lire des trucs du genre "de toute façon les blancs ne sont pas des bons alliés", ça fait d'autant plus pas plaisir quand tu es toi-même blanc et que tu fais toi-même des efforts pour comprendre le problème.

Je peux comprendre, même si perso je ne prends pas du tout ce type de phrase, rare sur le forum (je ne me souviens pas l'avoir déjà lu), personnellement: y'a effectivement plein de blancs dans des associations anti-racistes qui ne sont pas de bons alliés.

Pour moi ça reste important de parler des Blancs quand on parle de racisme, parce qu'on ne peut pas réfléchir sur le problème sans connaître correctement un des éléments. Et les Blancs font définitivement partie du problème du racisme.

Justement ce topic parle des blancs, notamment des blancs dans les mouvements anti-racistes.

Du coup je ne comprends pas trop pourquoi tu es arrivé à la conclusion qu'ici pour nous il faudrait parler du racisme sans parler des blancs.

Ce qui est reproché, j'ai l'impression, ce n'est pas de "parler des blancs" mais de la manière dont le sujet est abordé: par exemple parler du fait que c'est trop horrible pour un blanc de s'entendre dire qu'il a eu des propos racistes, bah symboliquement c'est violent, c'est pas le lieu.
Je pense qu'il ne faut pas confondre "parler de la mentalité blancs vis à vis de leurs privilèges car si on décortique les mécanismes du racisme ça va nous aider à le combattre" et "parler de comment c'est dur la vie de blanc quand des gens qui nous rappellent qu'on a des privilèges et qu'on peut faire des boulettes alors que y'on fait des efforts contre le raciste".
Sauf que sur le forum sur des sujets concernant le vécu de personnes victimes de racisme ce type de posts occupe toujours des pages et des pages...

@Eclise a fait un autre topic sur "la sensibilité blanche", la tournure qu'a pris ce topic m'y a fait pensé: il y question dans le 1er post de ce topic des luttes anti-racistes et de ce qu'il ne faut pas faire si on aimerait être un.e bon.ne allié.e et ça dérive sur les "sentiments blessés des blancs qui se veulent alliés", je trouve ça un peu ironique

À part ça, je comprends l'idée de chercher les causes des mentalités racistes, mais ce n'est pas antithétique avec tout le reste, avec le constat que fait @Eclise au début de ce topic par exemple.

Et les causes multiples et variées du racisme me semblent tout de même pas mal documentées (mais je dis peut-être ça car je viens de finir de lire des livres assez vieux traitant en partie de ce sujet, sous l'angle historique et sous l'angle psychologique ).

 

[adita]

..... à de la nourriture ?!!

Désolé j'arrive 3 pages après la bataille pour raconter une anecdote
A plusieurs moments, et de la part de personnes différentes, des mecs m'ont sortis qu'ils étaient sûrs que mon copain devait avoir un gout "épicé" (lors d'une la fellation). Je vous épargne les comparaisons à base de merguez et de chipolata.
Mais n'oublions pas que c'était "juste de l'humour" voyons
Voilà voilà.

 

[Eclise]

@Ciga du coup pour être sûre de comprendre, "l'antiracisme moral" c'est l'antiracisme de savior, qui se place comme n'étant ni lea racisée (donc par conséquence les racisées ne sont pas sujets mais objets) ni lea raciste (donc pas de questionnement sur le racisme comme système ni sur les privilèges), et qui propose de résoudre le racisme en tenant à distance, façon muraille, LeRacisme ? Du coup ça me fait penser au fait de désigner le FN et l'UMP "dure" -lol- comme les seuls éléments racistes présents dans notre société, et au fait de les tenir à distance en considérant que c'est bien suffisant sur le plan de la lutte antiraciste. Et aussi ça me fait penser à la fragilité blanche, que de se voir """traiter de raciste""", ça renvoie au fait d'être mis de l'autre côté de cette muraille (super efficace d'ailleurs, depuis qu'elle est en place il n'y a plus de racisme, c'est du beau boulot !), donc "exclu-e".

 

[AngelTen Richard II]

Je pense que je vais commencer à écrire une série "étude du livre Beloved de Toni Morrison dans une classe que de Blancs et pourquoi c'est un problème".

Parce qu'entendre "c'est du racisme anti-blanc" quand un personnage noir dit à un autre (qui cherche du travail) : "ça va, ici les Blancs sont pas trop chiants, contrairement à d'autres endroits, tu peux trouver du travail (elle cite ensuite plusieurs boulots mal payés d'ailleurs)"... comment dire...
Alors que le livre parle de l'esclavage des Noirs et de la difficulté à se reconstruire des personnages après ça, dans une société encore bieeeeennnnn raciste ?
Sérieusement ? Meuf ?

(en plus quand j'ai essayé de dire que peut-être que je suis pas trop sûr mais peut-être que son analyse était pas bonne... elle m'a coupé la parole et à parlé loooonnngtemps de "oui mais c'est du racisme anti-blanc parce que [insérez ici une analyse littéraire pompeuse somme toute pertinente dans l'absolu mais qui n'a rien à voir avec le racisme anti-blanc qui n'existe pas]" avec son accent british parfait de nana j'me-la-pète-je-suis-bilingue-mon-père-est-britannique. Et le prof a changé de sujet (d'un autre côté je lui laisse le bénéfice du doute il a sans doute voulu éviter un incident diplomatique). RAH Je suis énervé.)

(A bon entendeur : je m'énerve très facilement dans les débats. Et d'autant plus quand on me coupe la parole/qu'on est pété de thunes et qu'on le montre/qu'on est de droite/qu'on prononce les mots "théorie du genre" "lobby gay" et "féministes extrémistes".)

 

[Eclise]

Bon ben finalement c'est Libération qui s'y colle ! Comme quoi ...
"Le racisme «anti-blanc» n'est «pas une expérience de masse»
Une étude de l'Ined se penche sur ce phénomène, bien moins répandu que le racisme envers les minorités, et qui ne débouche que très peu sur des discriminations."
http://www.liberation.fr/france/201...anc-n-est-pas-une-experience-de-masse_1425131

 

[zaytoun]

La critique de l'universalisme & du color-blind me fait penser à 100% à la critique féministe du libéralisme rawlsien. Dans le paradigme de Rawls, on peut être juste quand on se pose d'un point de vue "extérieur" à la société, quand on est sous un "voile d'ignorance". La critique c'est que cette forme de conception de la justice, en prenant comme seul facteur d'analyse "l'individu" et pas la classe ou le groupe social, manque totalement à répondre aux structures systémiques et institutionnelles d'oppression (racisme, patriarcat, ...).

C'est une très mauvaise synthèse de la théorie rawlsienne de la justice, désolée pour les madz en philo/pol (Iris Marion Young, si tu me lis de l'au-delà, pardonne-moi), ça visait plus à mettre en avant le parallèle entre cet universalisme de "justice" là et l'antiracisme mainstream dont on parle.

C'était ma confuse pensée, mais si des madz veulent discuter du sujet sous cet angle, I'm in !