Merci pour l'article et pour l'initiative, il y a vraiment du boulot à faire sur le sujet.
Ayant fait trois épisodes de... oui le terme pose problème. Arrêt naturel/inattendu/involontaire ? Grossesse interrompue naturellement ? Allez savoir. La médecine utilise "avortement spontané" dans les dictionnaires d'effets indésirables.
La sémantique est liée à notre culture et à notre vécu perso. Difficile de fédérer.
Involontaire me renvoie à une erreur de bonne foi, vous voyez, le "c'est pas ma faute, c'était involontaire". Du coup pour moi ça ne passe pas.
Naturel, ça coule en douceur, c'est délicat... Tout le contraire de ce qui se passe en réalité.
Inattendue, on se rapproche de l'impression qu'on ressent à l'annonce/la découverte de l'arrêt de grossesse et ce qui suit. A la limite ça me convient mieux.
Spontanée, c'est un terme auquel je suis habituée. Arrêt spontané de grossesse. Why not.
Sinon à chaque fois, j'ai eu un arrêt de travail de plus de 3 jours, du généraliste ou du gygy, et des antidouleurs forts à prendre "au cas où" (oui je les au pris).
Et quand j'ai à peu près digéré ma première fausse couche, j'ai pris la parole à un dîner de famille et j'ai expliqué les choses. Après des réactions surprises, beaucoup m'ont dit avoir vécu la même chose ou connaître intimement quelqu'un qui a vécu cette situation.
En parlant, jai pu prendre la mesure du tabou que représente la perte d'une grossesse.
Plus tard, j'en ai aussi parlé à mes collègues de travail, après l'annonce de ma grossesse (celle qui a enfin marché), parce que ça fait partie de mon histoire et que j'ai envie qu'on libère la parole sur ce sujet.
Bien sûr, c'est parce que je me sens prête à en parler. C'est comme pour tous les traumatismes, parfois on y arrive, parfois pas.
Par contre il y a une règle que je trouve injuste, qui m'a mise dans une colère noire à l'époque, c'est d'attendre la troisième fausse couche pour démarrer des examens génétiques, hormonaux, et radiologiques, histoire de vérifier que rien (de connu) ne cloche. L'impact psychologique a été dévastateur pour moi, d'autant qu'à mon âge j'avais certains facteurs de risque. Trois années passées à me dire que quelque chose clochait peut-être chez moi, que si ça se trouve il suffirait de quelques hormones, que je devrais peut-être déjà me préparer pour une PMA... (Spoiler: non, ils n'ont rien trouvé, et c'est à ce moment là que j'ai eu une grossesse qui a abouti).
J'espère qu'on en parlera un de ces jours, l'écrire me donne encore des aigreurs.