« Avant toi » avec la mère des dragons (Emilia Clarke) au cœur d'un drame romantique

[Gringo]

@Scamandre il me semble percevoir une nuance entre le film d'eastwood et celui-là.. Dans le film d'eastwood, l'héroïne veut mourir parce qu'elle perd sa passion, qui était toute sa vie, en perdant ça elle perd TOUT ce qui donnait un sens à sa vie c'est ça qui lui fait prendre la décision de mourir (j'allais écrire envie de mais non, on voit que c'est une décision réfléchie, et pas juste une envie), et pas le fait d'être dans un fauteuil (et on perçoit plutôt bien la nuance, je trouve)..alors que le héros d'Avant toi n'est pas dans la même problématique, et en plus, il tombe amoureux quoi...la seule chose qui lui donne envie de mettre fin à ses jours, la seule, c'est d'être handicapé....et puis, il ne cherche pas d'autre solution, ni à tenter de se faire à sa nouvelle vie, ni à essayer de voir ce que ça donne avec la fille dont il tombe amoureux (et qui l'aime aussi), non non...direct : j'ai un handicap, je peux plus vivre, adieu

Je suis d'accord, ce type est hyper drama queen. Je veux bien que ça se passe en 2009 et qu'il ait déjà 35 ans donc pas forcément hyper à la pointe des recherches google, des forums, et autres avancées technologiques, mais quand même, Stephen Hawking a sa machine à parler depuis 2001 et il est déjà hyper connu.

Sa machine pour surfer sur le net il aurait pu l'avoir avant, Siri c'est arrivé en 2011, il aurait juste eu à attendre 2 ans de plus et il avait un smartphone comme tout le monde.

Je ne vois pas en quoi il aurait du arrêter son boulot, il aurait très bien pu être encore plus requin et génial et être respecté dans son entreprise. Ou alors il aurait pu changer de voie.

Je trouve aussi qu'il se trouve de fausses excuses, une vraie excuse aurait été: je n'ai pas envie de souffrir, d'être fourré à l'hôpital tous les 4 matins à cause de pneumonies et que ça se finisse en trachéo, avoir des escarres où on peut y rentrer un poing, et être réanimé à chaque fois avec un état qui se détériorera.

 

[Gringo]

@Kaus Australis Oula non, moi je suis pour l'euthanasie pour tous ceux qui la souhaitent. Mais dans ce cas précis, Will (qui n'est pas quelqu'un de dépressif à la base) ne fait plus grand chose pour se sentir utile et tourne en rond.

 

[Scamandre]

Mais mais

Mais y'a-t-il des critères à remplir pour avoir le droit de souhaiter mourir?
Je trouve ça vraiment chelou ce que vous dites, certaines personnes sont valides et n'ont pourtant aucun goût à la vie, parfois suite à un événement qui, pour certains, ne signifie pas grand chose.
Là j'ai l'impression que vous dites "oh ça va il est juste tétraplégique y'en a qui l'ont pire, s'il souhaite mourir pour ça c'est vraiment idiot de sa part", et je trouve que c'est vraiment hardcore de dire ça.
Je me trompe peut-être dans mon interprétation

(C'est une citation partielle, j'ai coupé la fin, mais je peux te dé-citer quand tu veux)

Alors, c'est vraiment pas ce que je veux dire, non.
Idéalement, dans une société "parfaite", je pense que le droit de mourir pourrait être généralisé. Mais dans la nôtre, à l'heure actuelle, ça me semble dangereux/difficile

On est dans une société validiste, où il n'est pas rare de penser qu'il vaut mieux mourir qu'être handicapé à un certain point. Ça se retrouve dans les médias, les livres, les films. Et ça se trouve aussi au quotidien, dans le regard qu'on porte sur le handicap ("because people think telling us they would kill themselves if they were disabled is some huge compliment", tweet du hashtag MeBeforeAbleism).

Avoir des idées suicidaires, ça fait partie de la vie. Mais dans une société biaisée dans son rapport aux handicapé.es, le choix de mourir n'est-il pas biaisé lui aussi ? Je cite le message d'une bloggeuse que j'ai vu circuler sur le sujet : "For the amount of people who say, “it’s okay to die.” there are very few people out there who say, “It’s okay to live.”"

A partir de ce constat là, je trouve le film discutable. Ça n'est qu'un récit de plus où la vie du personnage est "fichue" à cause du handicap, ne vaut plus la peine d'être vécue. En prenant le film à part, on peut se dire qu'il ne s'agit que d'un destin parmi d'autres, de l'histoire d'un choix personnel, qui n'ambitionne pas d'être une leçon de vie. Sauf qu'on ne peut pas prendre le film "à part", il s'inscrit dans une culture, fait écho à des idées, d'autres oeuvres, etc.
(Sans parler du fait que faire un film sur le handicap et le suicide assisté mais engager un acteur valide pour jouer le personnage concerné, c'est quand même excessivement hollywoodien, et le hashtag "live boldly" me laisse encore perplexe quand on connait le récit du film)

Je n'ai pas vu le film, et je suis pas du tout une autorité sur la question du validisme et du choix de mourir*. Mais au vu des différentes questions et mouvements que le film a soulevé, je pense que ça aurait valu le coup d'en discuter dans l'article.

J'espère que mon point de vue est plus clair

*Du coup si je dis des choses fausses/blessantes, taclez-moi.

 

[Mioulou]

Je viens de finir le livre et j'hésite à aller voir le film
Je comprends son désir de mourir dans la dignité bien que d'après moi il faut toujours se laisser du temps car "un jour ca ira mieux, la vie aura à nouveau un sens"
Je trouve que Will ne donne pas assez de sa personne pour essayer de faire entrer la lumière dans sa vie
Lou ne peut pas le tirer de son mal-être seule.
Je respecte totalement le fait de mourir quand on l'a choisi mais avant cela tu te dois à toi et à ton entourage qui va être dévasté de tenter des choses.
Moi je me dis parfois que je suis au bout du rouleau (je ne suis pas handicapée, ca n'a évidemment rien à voir) et que avant de mourir je démissionnerai et j'irai faire le tour du monde... On devrait tous avoir un plan B avant de décider que la fin est définitive.
@Scamandre je suis assez d'accord que la société n'aide pas et pousse toute personne marginale à s'effacer si elle ne rentre pas dans le moule... c'est triste.

 

[Moonshade]

@Kaus Australis @Gringo loin de moi l'idée de dire "oh bah ça va t'as qu'une tétraplégie y'a pire"
En fait, ce que je trouve gênant, c'est que tel que le personnage est présenté (on est d'accord que c'est un personnage hein, jamais j'irai dire ça à une vraie personne), les scénaristes ont l'air de passer le message comme quoi, dès que t'es handicapé, t'as plus qu'à t'allonger et mourir, et qu'il y a pas moyen d'avoir une chouette vie, même avec quelqu'un à tes côté qui t'aime (ce que le personnage a). Eh ben je réfute complètement et violemment cette idée là, voilà.
J'espère que je me suis mieux exprimée ce coup ci