(j'ai écrit ce long post au fur et à mesure de l'écoute, excusez-moi si c'est décousu)
Je suis en train de l'écouter et moi c'est ce podcast qui me met mal à l'aise: ils ne sont pas rigoureux du tout. Ceux qui ont fait l'enquête savent ce qu'ils disent, mais celui qui ne connaissait pas du tout Madmoizelle est insupportable. Il juge sur ce que ses comparses racontent de manière plus ou moins baisé. Comme personne n'est nommé directement il se mélange les pinceaux entre toutes les rédactrices citées et est hyper hautain.
Ils taclent le magazine de faire des articles de pub déguisée, mais d'un autre côté le magazine est gratuit. Quand j'étais môme avant de lire Mad c'était Julie et Lolie auxquels j'étais abonnée et dans lesquels il y avait de la pub et pourtant mes parents payait un abonnement.
On ne peut pas râler sur le fait que les rédactrices soient sous payées et refuser du contenu sponsorisé (ou alors tout l'argent allait dans la poche de Fab, mais ça je ne pense pas qu'on saura un jour s'il est juste rentré dans ses frais ou s'il a fait fortune)
En plus ils ont ressorti des vieux articles... Les articles de Maia Mazaurette ont 10 ans, ils lui font dire des choses qu'elle ne dit pas du tout.
Ils jugent des articles d'il y a 10 ans avec le prisme de 2022, c'est hyper biaisé! Si on en est là en 2022 c'est justement parce que ça fait 10 ans que petit à petit des choses sont dénoncées puis acceptées par la population et deviennent choquantes. Mais il y a 10 ans c'était la normalité, il y a 10 ans la notion de sororité n'existait pas et les clichés sur les femmes qui se tirent dans les pattes étaient tenaces, les hommes qui n'acceptaient pas que leur femme réussisse mieux, c'était commun.
J'ai vraiment l'impression qu'ils ont oublié comment c'était avant, qu'ils n'ont jamais ouvert de la presse féminine classique pour voir de où on partait et de ce que les jeunes filles lisaient.
Ca m'a mis en rogne ce passage sur Maia, car il est à charge gratuitement, ils n'analysent absolument pas le texte, ne le recontextualise pas.
Pareil pour le soutien à Macron ou à Juppé, ils ne recontextualise pas: on avait Fillon qui allait être élu à la primaire et on avait l'occasion de donner son avis sur le candidat de droite pour avoir le moins pire. C'est vrai qu'alors NKM n'avait aucune chance et qu'entre Fillon, Coppé et Juppé, ça allait surement être Juppé le moins pire.
Quand à l'élection de Macron: on sait maintenant qu'il nous l'a faite à l'envers (même si on aurait pu s'en douter), mais au sortir de son élection, il avait eu de très beaux discours sur l'égalité, sur une femme 1ère ministre. Comparé aux autres, il était progressiste.
Se moquer des rédactrices "ben elles ont eu le nez fin, lol" parce qu'elles ont cru en Macron c'est se moquer de tous les électeurs de 2017 qui y ont cru aussi à un président jeune dynamique et progressiste.
(Pour Christina Cordula, ben au début ça changeait. Ok elle mettait des gaines à tout le monde, mais elle disait à toutes les filles qu'elles étaient magnifiques, elle était hyper positive. Ben ça il y a 10 ans c'était nouveau de voir des grosses à la télévision, même avec des gaines. Il a fallu qu'on voit des grosses avec des gaines et qu'une instance supérieure (christina, donc) nous dise qu'elles étaient magnifiques pour que maintenant le fait de ne les voir qu'avec des gaines nous choque et que le monde féministe demande à ce qu'on voit des grosses sans artifice à la télé)
En plus ils reprochent à Madmoizelle d'être trop capitaliste et pas assez social et pas assez militant féministe: ben d'un autre côté la ligne éditorial n'a jamais été le social. Ca a toujours été d'être un média féminin (comme les autres médias féminins) à destination des jeunes filles en étant un peu féministe. Ca n'a jamais été d'être un média complètement féministe, anticapitaliste et écolo. Ca, Fab l'a toujours dit et répété régulièrement à chaque fois qu'en commentaires on soulignait ce problème: il ne voulait pas d'un média militant féministe, il voulait d'un média comme les autres pour les jeunes filles avec une porte d'entrée vers le féminisme. Donc pas un féminisme ultra vénèr, avec des concepts pointus, des actions militantes derrière etc. Juste la base du féminisme pour ouvrir un peu les yeux sur le sujet mais sans tout devoir remettre en question.
On peut lui reprocher ça, mais ça a surement eu des côtés positifs: les articles comportant un peu de féminisme et un peu de patriarcat, les jeunes filles (dont moi) ouvraient progressivement les yeux sans être submergées par une masse de concept, de schémas à revoir et sans devoir remettre en cause toute leur vie passée. Par contre c'est sur que quand on est déconstruite sur pas mal de sujets, on commence à trouver Madmoizelle bateau.
Sur la partie de Fab qui est un Profem, et qui dit que les hommes subissent des injonctions, qu'il faut maintenant libérer leur parole. Eux ils l'entendent comme si les hommes n'avaient pas le droit de parler jusqu'à présent alors qu'on les entend partout. Mais ce n'est pas de ça dont Fab parlait: il voulait libérer la parole des hommes sur ce qu'ils ne disent JAMAIS: leurs peurs, leurs sensibilités, leurs problèmes, leurs tristesses, leurs questionnements sur ce qu'il faut faire pour être un homme bien dans sa peau. Si jamais les personnes de ce podcast pensent que les hommes n'ont aucun problème pour gérer tout ça et que ça n'entraîne pas des répercussions sur leur façon de voir le monde, leurs rapports avec leur famille et leur vote, ben faut que je leur présente mon beau-père. Ca lui aurait fait énormément de bien d'avoir un magazine à destination des jeunes hommes pour lui expliquer le monde, les différences, ce qui est normal de ce qui ne l'est pas quand il avait 15 ans et lieu d'avoir juste des magazines de cul, de motos et de bagnoles à sa disposition.
Pour le Boys Club, ils critiquent les émissions juste avec les titres, en admettant de ne pas les avoir écouté! Putain mais un titre ce n'est pas représentatif du contenu! C'est soit une blague, soit un résumé d'un passage (les entretiens c'est quasi 1h, on peut pas tout résumé en un titre), soit une citation de l'intervenant.
Ils font le travail à moitié, c'est vraiment critiquer pour critiquer sans être constructif: S'ils me disent que Thomas Ercouet a couvert des problèmes d'agressions pendant La Nuit Originale, ok. Mais alors: est-ce que l'affaire était sue de Madmoizelle? Est-ce que l'affaire s'est déroulé avant la diffusion de l'interview? Tant de question auxquels ils ne répondent pas, vu qu'ils ne font le travail qu'à moitié... Parce que si la réponse est non, il n'y a aucun problème du point de vue de Mad: ils ne sont pas au courant ou alors ça c'est passé après.
Il y avait matière à développer là-dessus et expliquer pourquoi le boys club est un truc de mascu avec des faits à l'appui: premièrement: écouter l'émission et ensuite recontextualiser ce qui est dit dans l'émission avec le vécu de l'artiste, ses comportements problématiques, pourquoi il est mascu, pourquoi il dit de la merde etc etc. Là je ne suis pas convaincue, ils affirment sans preuves, avec uniquement des à priori.
Par contre dans les choses positives:
-le problème du management, ça c'est clair il y avait un gros problème de séparation perso/pro. Il y avait un gros problème de respect du droit du travail.
-le problème du capitalisme féministe: c'est hyper intéressant comme angle. C'est vrai que Madmoizelle ne remet pas en cause le modèle économique actuel et l'imaginaire de ce qu'est une vie réussie actuelle (la startup nation). C'est clairement cette partie qu'ils auraient du développer en étant honnête intellectuellement (et donc sans aller ressortir des articles de 2010 sans les recontextualiser).
-le débat autour du fait que le féminisme de Madmoizelle va trop vers les hommes et n'est pas assez dans la lutte (ils font le parallèle avec la lutte des classes). C'est un vrai débat! Il y a du pour et du contre à être complètement dans l'opposition ou à être dans l'inclusion du plus grand nombre sous la bannière féministe. Une problématique pareille, ça ne se balaie pas en "ici, on n'est pas d'accord, on pense qu'il n'y a qu'une poignée d'hommes qui sont féministes et la lutte féministe doit se faire comme la lutte des classes". La grosse différence c'est que tu ne vis pas avec ton patron qui t'opprime. Par contre tu vis peut-être avec un homme qui t'opprime par certains côtés. Donc mon avis c'est qu'on ne peut pas lutter contre le patriarcat comme on lutterait pour une égalité de classe)
-les partenariats avec des entreprises problématiques.
-le côté masculiniste de madmoizelle qui n'est pas hyper développé mais qui fait réfléchir.
Pour conclure: ils ont des choses intéressantes à dire mais ils se moquent beaucoup trop, sont beaucoup trop condescendants (et être condescendant en s'excusant "non mais on voit bien qu'elle est aliénée par la startup nation aussi et que c'est une victime" ça n'empêche pas qu'on a été condescendant), alors qu'on peut reprocher autant de négligence et d'absence de rigueur à leur podcast qu'ils le font pour madmoizelle.
Ils sont aussi trop dans l'émotionnel et cherchent tout ce qui va dans le sens de leur propos sans mentionner (ou alors celui avec la voie plus aigüe vite fait de temps en temps) le reste.
Et puis la fin: "c'est maintenant la mort de madmoizelle, il n'y a plus de plume, il y a juste des personnes qui sont payé à écrire et c'est tout". Ben vous gueuliez sur le fait qu'avant il y avait des passionnées qui ne comptaient pas leurs heures et vous n'étiez pas contents, là on a des salariées peut-être moins passionnées qui ne font que ce que pourquoi elles sont payées, quitte à ce que ce soit moins bien, et vous gueulez encore!
Faut être raccord tout de même...